
Après bien des retards et tracas, la Pologne et l'Ukraine lèvent ce vendredi le rideau de leur Euro, espérant que rien ne viendra troubler l'organisation d'un tournoi au casting de rêve, avec l'Espagne qui vise un triplé inédit.
REUTERS - Meilleure équipe au monde depuis quatre ans, l’Espagne peut entrer dans l’histoire si elle gagne l’Euro 2012 et devient ainsi la première nation à enchaîner trois titres majeurs. L’Allemagne, en quête d’un premier trophée depuis sa victoire européenne de 1996, mènera la meute des candidats à sa destitution.
A quelques heures de son ouverture, ce championnat d’Europe est déjà unique pour des questions qui dépassent le terrain. C’est d’abord le dernier à 16 équipes, puisque l’Euro 2016 en France sera disputé par 24 pays.
C’est ensuite l’Euro de la désorganisation. Depuis qu’il lui a été attribué conjointement à la Pologne, l’Ukraine se débat avec ses retards dans la construction d’infrastructures et la crainte de perdre son statut de pays hôte.
Michel Platini l’a menacée en soulignant, outre le problème des travaux, les pratiques des hôteliers et autres restaurateurs qualifiés de « bandits et escrocs » par le président de l’UEFA, agacé de la flambée des prix dans les villes hôtes.
Le contexte social et politique - notamment la détention de l’ex-Premier ministre Ioulia Timochenko - pèse enfin sur le premier événement majeur accueilli par une ancienne république soviétique depuis les Jeux olympiques de Moscou en 1980.
Plusieurs gouvernements occidentaux, dont celui de la France, boycotteront le tournoi ou ont menacé de le faire, pour protester contre le sort de Ioulia Timochenko.
Vigilance
A Kiev, des incidents ont en outre opposé mardi manifestants et forces de l’ordre après le vote au Parlement d’un texte de loi renforçant le statut de la langue russe en Ukraine.
La vigilance devra aussi être de mise dans les tribunes. Les supporters ukrainiens et polonais sont connus pour leurs chants et slogans racistes, de Gdansk à Donetsk, d’Ouest en Est.
L’attaquant italien Mario Balotelli a prévenu la semaine dernière qu’il quitterait le terrain s’il en était victime et l’UEFA devrait se ranger derrière les joueurs et les équipes visiteuses en cas d’incident.
L’arrêt d’un match pour de tels motifs serait une forte contre-publicité pour les deux pays qui accueillent l’événement sous le regard de dizaines de millions de personnes.
Aux inquiétudes nées de la situation hors des terrains se confrontent les espoirs des amateurs de football avant cet Euro qui promet quelques rencontres de haute volée.
Tournoi très ouvert
L’Anglais Frank Lampard, finalement forfait sur blessure, et le Néerlandais Wesley Sneijder - deux des joueurs les plus titrés d’Europe - s’accordent à dire que l’Euro est bien plus dur à gagner qu’une Coupe du monde.
"Pour moi, l’Euro est plus difficile parce qu’il n’y a pas d’équipe d’Afrique ou d’ailleurs contre lesquelles vous savez que vous prendrez les trois points", résume Sneijder.
La forme du moment sera cruciale dans ce tournoi où figurent 13 des 20 premières nations du classement Fifa. L’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas et à un degré moindre la France sont autant de prétendants au sacre.
L’Italie navigue à vue, en pleine affaire de matches présumés truqués, mais il ne faut jamais négliger la Squadra Azzurra avant une grande compétition. Puis une surprise est toujours possible. Le Danemark, invité à remplacer la Yougoslavie au pied levé en 1992, et la Grèce, cotée à 100 contre 1 pour la victoire en 2004, l’ont démontré.
L’Espagne aborde le tournoi avec la même ossature que celle de l’équipe championne en 2008. Si elle sort indemne du premier test contre l’Italie, elle devrait s’extraire assez facilement du groupe C où se trouvent aussi la Croatie et l’Irlande.
L’Allemagne, triple championne d’Europe et du monde mais sevrée de titres depuis 1996, a réalisé une campagne parfaite en qualifications, avec dix succès en dix matches.
Malgré un groupe très compliqué - Pays-Bas, Portugal et Danemark, sa dynamique actuelle la promet aux quarts de finale. Plus mauvaise équipe du tournoi au regard du classement Fifa, où elle est au 65e rang, la Pologne cherchera d’abord à gagner le premier match de son histoire dans une phase finale d’Euro.
Le talent de son trio de joueurs du Borussia Dortmund, dont le buteur Robert Lewandowski, et un groupe très abordable - Grèce, Russie et République tchèque - devrait l’y aider. L’Ukraine, portée par un public passionné, a hérité d’un tirage plus sévère puisqu’elle sera aux prises avec la Suède, l’Angleterre et la France.
Cette dernière, après deux échecs cuisants en 2008 et au Mondial 2010, est en plein renouveau et reste sur 21 matches sans défaite. Elle pourrait être l’outsider numéro un.