
Craignant un "risque d'échec" du sommet sur le développement durable Rio+20, François Hollande appelle à une "prise de conscience", à quinze jours de ce rendez-vous "difficile".
AFP - François Hollande a appelé vendredi à "une prise de conscience, un sursaut" deux semaines avant le sommet sur le développement durable Rio+20, estimant que "les conditions de réussite de ce sommet ne sont pas aujourd'hui réunies" et qu'il existe "un risque d'échec".
Le président français est un des seuls hauts responsables de la planète, avec le président russe Vladimir Poutine, à avoir annoncé sa participation à ce sommet qui aura lieu du 20 au 22 juin à Rio.
Ce rendez-vous "va être difficile, nous savons qu'il y a des risques, des risques de paroles prononcées qui ne se retrouveront pas dans des actes, le risque de la division entre pays développés, pays émergents, pays pauvres, le risque de l'échec", a souligné M. Hollande.
Il est intervenu lors du Forum de lancement de Rio+20, organisé à Paris par le "Club France Rio+20", un réseau d'élus territoriaux français, responsables d'associations et d'entreprises, ONG, syndicats, mis en place en vue pour ce rendez-vous marquant le 20e anniversaire du sommet de la Terre de Rio de 1992.
"A quelques jours de Rio+20, je veux appeler à une prise de conscience, à un sursaut", a dit le président. Il s'est fixé "trois objectifs" à défendre: accès plus universel aux énergies renouvelables, sécurité alimentaire et soutien à l'économie verte.
"Face à l'urgence environnementale, nous avons une obligation de réussite", a-t-il martelé.
Pascal Canfin, ministre délégué au développement et membre de EELV (Europe Ecologie-Les Verts), a évoqué lors d'une table ronde la nécessité de créer une agence des Nations Unies sur l'environnement.
Dans une tribune dans le quotidien La Croix, il a précisé que la France souhaitait obtenir à Rio "un engagement daté et précis sur la création" d'une telle agence spécialisée, ayant pour fonction de "coordonner l'ensemble des conventions environnementales qui coexistent aujourd'hui de manière dispersée".
Ce projet est défendu de longue date par la France, mais nombre de grands pays y sont opposés comme les Etats-Unis, la Russie, le Canada ainsi que plusieurs pays émergents.
M. Canfin a défendu aussi le développement de "financements innovants" et la fixation, à l'horizon 2015, d'"objectifs chiffrés et quantifiés".
A Rio, la discussion devrait porter non sur les objectifs eux-mêmes, mais sur le lancement du processus pour les négocier.
La ministre de l'Ecologie et du développement durable, Nicole Bricq, devait parler un peu plus tard devant le Forum.
Le Club France Rio+20 a par ailleurs publié un sondage, faisant apparaître que le réchauffement climatique est un sujet de préoccupation pour 72% des Français, mais que 22% seulement d'entre eux connaissent l'existence du sommet Rio+20.
Une cinquantaine de personnalités ont participé aux tables-rondes du Forum, dont Jacques Auxiette, président de la région Pays de la Loire, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, et Bettina Laville, qui avait coordonné à Matignon la participation française au Sommet de la Terre en 1992. Cette dernière a dit attendre "qu'il se passe vraiment quelque chose, que ce soit vraiment le sommet de l'action".
Quant à l'écologiste Nicolas Hulot, il a dit préférer que le sommet débouche sur "un crash diplomatique" plutôt que sur "des engagements mous". Il a précisé qu'il ne se rendrait pas à ce rendez-vous prévu du 20 au 22 juin au Brésil, qui n'est pour lui que "de la posture".
"On va à Rio pour écouter, pour s'inspirer de ce que diront les autres", avec pour enjeu de "généraliser les approches", a relevé Gilles Berhault, à l'origine de la mise en place du Club France. Et si le texte final n'a pas la force qu'on voudrait, si le sommet reste très en-deçà des espoirs? "Il ne faut pas chercher le grand soir mais les petits matins", glisse-t-il.