
La photographie officielle du nouveau président français a été dévoilée lundi. Ce mardi, les commentaires vont bon train dans la presse, très divisée sur le cliché réalisé par Raymond Depardon. Petit tour d’horizon.
Une photo "normale" pour un président "normal". C’est, en substance, ce qui ressort des analyses de la photographie officielle du président François Hollande, livrées à la presse ce mardi. Un cliché carré, pris dans les jardins de l’Élysée, où le président français apparaît, les bras le long du corps, un léger sourire sur le visage. "Un brin champêtre", résume une journaliste du site Rue 89. On aime ou on n’aime pas. Dans la presse, les avis divergent. Aux deux extrêmes du spectre d’appréciation : L'Express, pour qui il s’agit du "lapsus photographique d’un ratage annoncé", et le Nouvel Observateur, qui estime qu’il s’agit d’une "incontestable réussite".
Pour André Gunthert, enseignant-chercheur en histoire visuelle à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), cité par le quotidien Le Monde, "c’est clairement un clin d’œil à la photographie amateur, notamment au niveau du format carré". "On dirait un polaroïd ou une photo Instagram. On est loin des codes de la photo institutionnelle", poursuit-il. Sous la Ve République, tous les présidents ont cherché à être en opposition avec leurs prédécesseurs, assure le spécialiste. C’est clairement chose faite pour Hollande, qui s’affiche loin des dorures et des fastes du palais de l’Élysée, contrairement à son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, "celui pour lequel la photo a le moins bien marché", selon André Gunthert. Ce dernier trônait, rigide, dans la bibliothèque de la présidence, aux côtés d’immenses drapeaux français et européen.
Le photographe Roberto Frankenberg, cité dans Libération, est moins enthousiaste. Il estime cependant que la photo de Raymond Depardon est "presque réussie car [Hollande] a l’air presque spontané". Mais - c’est là que le bât blesse - le cadre de la photo, trop classique, "fait penser à une photo de mariage : il manque juste la mariée à ses côtés". "Pour avoir photographié François Hollande à trois reprises, je sais qu’il ne n’agit pas d’un sujet trop facile, excuse le photographe. Dans le cadre du portrait posé, il adopte systématiquement une posture corporelle trop solennelle et lance à l’objectif un regard figé." Une attitude que Bruno Charoy, photographe lui aussi interrogé par Libération, résume en ces mots presque cruels : "On croirait le nouveau président de la République posé un peu par erreur sur la pelouse, comme s’il arrivait à la réception annuelle de Relais & Châteaux, et ne savait pas trop à qui dire bonjour".