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"Le temps où les Français de l’étranger votaient très majoritairement à droite est révolu"

Alors que les Français de l'étranger votaient traditionnellement à droite, leur positionnement politique semble désormais se rapprocher de plus en plus de celui des Français de l'Hexagone. L’éclairage de Frédéric Michaud, de l'Ifop.

Les Français de l'étranger élisent pour la première fois des députés. Frédéric Michaud, de l’institut de sondages d’opinion Ifop, explique à FRANCE 24 les spécificités du vote des expatriés et les enjeux de ce nouveau scrutin.

FRANCE 24 : Dans quelle mesure le vote des Français de l’étranger reflète-t-il celui des électeurs vivant sur le territoire français ?

Frédéric Michaud : L’écart entre le vote des Français de France et ceux de l’étranger ne cesse de se réduire. Le temps où les Français de l’étranger votaient très majoritairement à droite est révolu.

Les expatriés ont aujourd’hui davantage de contacts avec la France et les moyens de communication modernes leur permettent de se sentir moins éloignés du territoire national. Contrairement aux années 1940 ou même aux années 1980, ils ne sont pas tous de hauts fonctionnaires ou de grands industriels. Ils sont finalement de moins en moins différents des Français de France.

Il existe par ailleurs de grandes variations en fonction des zones géographiques. Lors des présidentielles de 2007 et 2012, on note que l’Afrique et l’Europe du Nord ont voté majoritairement pour la gauche, tandis que certains pays, comme l’Arménie ou Israël, ont littéralement plébiscité Nicolas Sarkozy. Il n’y a pas un profil d’expatrié, le Français parti vivre en Belgique pour des raisons fiscales n’a pas grand-chose en commun avec celui qui vit en Afrique pour des raisons professionnelles. Par ailleurs, la mondialisation et l’internationalisation de l’économie ont changé la donne.

Pour la première fois, les législatives de juin 2012 vont envoyer à l’Assemblée nationale des députés élus par les Français de l’étranger. Quel est l’enjeu de ce nouveau scrutin ?

F.M. : Il s’agit de la première élection de ce type. Il est donc impossible de s’appuyer sur des chiffres pour faire des estimations, on part de zéro. Cela semble cependant très serré. Les votes des Français de l’étranger pourraient se révéler être décisifs, on a déjà vu des chambres avec des majorités très courtes, comme en 1988. Ces onze députés des Français de l’étranger peuvent faire basculer l’Assemblée nationale d’un côté ou de l’autre.

Les onze circonscriptions de l'étranger datent du redécoupage électoral de 2009. À l'époque, la gauche avait accusé la droite de se bâtir des circonscriptions sur mesure. Est-ce vraiment le cas ?

F.M. : Il y a toujours un soupçon de partialité quand le parti au pouvoir met en place un nouveau découpage électoral. C’était déjà le cas en 1986. Mais on aurait tort de croire que ces députés élus par les Français de l’étranger vont aller automatiquement à la droite. Les parachutages de ministres et d’anciens ministres ne plaisent pas aux expatriés. Les difficultés d’implantation sont les mêmes que dans les circonscriptions de France. D’autre part, les nombreuses candidatures dissidentes, qui touchent surtout la droite, pourraient bien faire les affaires de la gauche. Il faut toujours se méfier des circonscriptions en or, les imperdables, ce n’est jamais aussi simple que ça. On a déjà vu des grand favoris se faire recaler par les électeurs, et pas que dans des vagues roses ou bleues.