C’est avec un budget modeste que Montpellier HSC a remporté dimanche 20 mai la Ligue 1. Un exploit qui récompense un club ayant misé davantage sur la formation que sur l’argent, au travers d’une stratégie défiant "le football business".
Trente-trois millions d’euros. Une somme inférieure au coût du transfert du milieu international argentin Javier Pastore au PSG - 42 millions d’euros -, en provenance de Palerme. C’est le budget du club héraultais qui a remporté dimanche le championnat de France de football pour la première fois de son histoire.
Être classé 14e budget de la Ligue 1, loin derrière le PSG qui tourne avec 150 millions d’euros depuis le rachat du club de la capitale par le Qatar, n’a pas empêché Montpellier HSC de terminer la saison en tête avec 82 points. "Un beau champion", note Laurent Blanc, un ancien montpelliérain. Pour le sélectionneur des Bleus, cette consécration prouve "qu’en France, un club peut baser sa politique sur la formation et être champion".
Un travail de longue haleine récompensé
Quand Louis Nicollin rachète Montpellier en 1974, l’équipe évolue encore en division d’honneur. "Loulou" ne se contente pas du recrutement des joueurs prestigieux – Milla, Martini, Cantona, Gravelaine ou Giroud cette saison -, le président emblématique mise aussi sur la formation des jeunes talents. La stratégie ne tarde pas à porter ses fruits.
En moins de dix ans, le club montpelliérain retrouve l’élite du football français, avant de remporter la Coupe de France en 1990. Il occupe la septième position du classement des centres de formation établi par la Direction technique national. "En 34 ans, nous avons formé plus de 160 joueurs professionnels de haut niveau", souligne Serge Delmas, membre de la cellule de recrutement de la formation sportive.
Aujourd’hui encore, plus de la moitié de ses joueurs, Younès Belhanda, Remy Cabella notamment, ont été formés par la maison. Des jeunes talents qui se sont distingués en 2009 en remportant la coupe Gambardella, l’équivalent pour les moins de 18 ans de la Coupe de France. Une réédition de l’exploit de 1996.
"Quand les sirènes de l’argent sonnent"
Mais, ces prodiges, désormais champions de France, parviendront-ils à conserver leur titre la saison prochaine ? "Pas sûr", répond Pierre Arnaud. « Quand les sirènes de l’argent vont sonner, ces footballeurs partiront vers les clubs les mieux offrants", explique le sociologue sportif. "Comme ce fut le cas de Ben Arfa ou encore de Benzema, passés tous les deux par le centre de formation de Lyon", conclut-il.
À l’image de Montpellier aujourd’hui, Lens, Monaco, Auxerre avaient pu, à leur époque, défier les lois du "football bussness", en participant, avec des petits budgets, à la Ligue des clubs champions d’Europe.
Mais entre ces percées des petits dans la cour des grands et la dégringolade, il n’y a souvent qu’un pas : tous sont redescendus à ce jour en Ligue 2. Les Montpelliérains sont prévenus.