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BNP Paribas s'accorde avec la Belgique pour racheter Fortis

Le groupe français BNP Paribas s'est accordé avec la Belgique sur un plan révisé de démantèlement de la banque belge Fortis. L'accord prévoit que la banque française reprenne 75% de Fortis Bank.

AFP - Le groupe français BNP Paribas a tenté samedi de sauver son projet de rachat de la première banque de Belgique, Fortis Banque, par un accord révisé avec l'Etat belge grâce auquel il espère enfin convaincre les actionnaires réfractaires.

L'Etat belge avait orchestré l'opération en octobre, dans le cadre du démantèlement de l'ancienne maison mère de la banque belge, la holding financière belgo-néerlandaise Fortis, frappée par la crise financière.

Mais par un vote très serré le mois dernier, les actionnaires de la holding l'ont remise en cause, obligeant BNP et l'Etat belge à choisir entre renégocier leur accord ou renoncer à la transaction.

Considéré comme mort il y a encore quelques jours, le projet central est finalement confirmé: BNP doit racheter 75% de Fortis Banque à l'Etat belge, qui l'avait nationalisée à 100% début octobre.

Le groupe français va par ailleurs racheter 25% des activités d'assurances de la holding Fortis en Belgique, un compromis entre les 100% annoncés en octobre et les 10% prévus fin janvier dans un premier accord révisé pour déjà tenter, sans succès, d'amadouer les actionnaires.

Le prix pour l'activité assurance est de 1,375 milliard d'euros, soit une base de valorisation inchangée comparé aux accords précédents.

BNP a obtenu des garanties supplémentaires si la situation de Fortis Banque se dégrade, un risque d'autant plus réel que la société vient de relever d'un bon milliard d'euros l'évaluation de sa perte nette pour le quatrième trimestre 2008.

Fortis Banque supportera elle-même les premières pertes éventuelles sur ses actifs à risque, à concurrence de 3,5 milliards d'euros, mais l'Etat belge garantira les 1,5 milliard d'euros suivants.

Et l'Etat est prêt à renflouer la banque si besoin dans les trois ans, pour au maximum 2 milliards d'euros, ce qui pourrait faire repasser sa participation au-dessus de 25%.

BNP de son côté a donné des assurances écrites sur les emplois et le maintien "d'un ou plusieurs centres de compétence européens ou mondiaux" en Belgique, selon un communiqué du gouvernement belge.

C'était réclamé par les syndicats, qui à l'image de l'organisation socialiste SETCa craignaient que "les décisions soient prises à Paris et que le réseau belge ne soit plus qu'un réseau d'agences".

"Un certain nombre d'ajustements seront nécessaires", a reconnu l'administrateur-délégué de BNP, Baudouin Prot. Mais pour lui, il n'y a "pas de sureffectif significatif" dans le réseau d'agences de Fortis en Belgique et s'il faut des réductions de personnel, les départs naturels seront privilégiés.

L'accord révisé réduit enfin la part des actifs à risque restant à la charge de Fortis Holding, à 760 millions d'euros contre 4,1 milliards en octobre et 1 milliard fin janvier.

Le Premier ministre belge, Herman Van Rompuy, a jugé l'accord "profitable aux épargnants, aux actionnaires, au personnel et à l'Etat".

"Cet adossement à BNP sera pour Fortis, mais aussi pour l'ensemble de l'économie belge, un moyen d'assurer sa sécurité", a assuré Baudouin Prot.

Mais cela ne conclura pas forcément une saga qui dure depuis des mois, et a même fait tomber en décembre un Premier ministre belge, Yves Leterme, artisan du sauvetage d'octobre mais soupçonné de pressions sur la justice pour qu'elle le valide.

De multiples recours judiciaires ont été déposés, et surtout les actionnaires de Fortis Holding devront à nouveau voter sur l'accord révisé. Un de leurs avocats l'avait rejeté par avance dès lundi soir, jugeant qu'il n'était "en rien créateur de valeur" pour les actionnaires.