Un compromis sur la réécriture du décret controversé sur le statut des enseignants-chercheurs a été trouvé, vendredi. Et les syndicats des universités demandent un report de la réforme de la formation des enseignants.
AFP - Un compromis a été trouvé vendredi sur la question du statut des enseignants-chercheurs entre Valérie Pécresse et quatre syndicats mais un désaccord persiste sur la question de la formation des enseignants, empêchant "une sortie de crise" dans les universités.
Pour preuve, la Coordination nationale des universités réunie à Paris XII-Créteil a appelé à l'"amplification du mouvement", maintenant son mot d'ordre de grève illimitée dans les facultés et appelant à une journée de manifestations le mercredi 11 mars.
Elle a jugé "inacceptable" la réécriture du décret, qui "maintient les orientations du premier texte" et dénoncé des "pseudo-négociations".
Au terme d'une troisième et dernière séance de négociations - 23 heures au total - "nous avons un projet de décret réécrit, équilibré, qui prend en compte l'ensemble des positions qui se sont exprimées", a annoncé à la presse Mme Pécresse.
Le 25 février, à la quatrième semaine de crise universitaire, le Premier ministre, François Fillon, avait demandé que le projet soit "entièrement réécrit".
Le nouveau texte a pour objectif "de recréer les conditions de la confiance au sein de la communauté universitaire", a souligné Mme Pécresse, affirmant qu'il "apporte toutes les protections nécessaires aux universitaires dans le cadre de l'autonomie" des universités.
Les syndicats ayant accepté de négocier - Sgen-CFDT, Sup-Recherche Unsa, AutonomeSup et FO - ont exprimé leur satisfaction hormis FO qui n'a pas fait de commentaire.
"L'état actuel du décret est satisfaisant pour nous", a ainsi dit le Sgen-CFDT, Sup-Recherche Unsa parlant d'une "étape franchie". AutonomeSup ne "s'oppose pas au texte", ayant obtenu "satisfaction sur la forme".
Le principal syndicat du supérieur, le Snesup-FSU, avait décliné l'invitation, jugeant trop restreint le cadre des discussions.
Le texte prévoit que la modulation du service d'un enseignant-chercheur (répartition de l'emploi du temps entre enseignement, recherche et autres activités) ne puisse intervenir qu'avec l'"accord de l'intéressé".
Il prévoit aussi leur évaluation tous les quatre ans, par le Conseil national des universités (CNU, composé de pairs), de manière transparente.
S'agissant des promotions, l'accord s'est fait, qui sera précisé par un arrêté : 50% d'entre elles se feront au niveau national par le CNU, 50% au niveau des universités.
Pour autant, aucun des négociateurs n'a voulu parler de sortie de crise.
"Il reste un contentieux important qui rend la sortie de la crise difficile: c'est la réforme de la formation des enseignants", a déclaré Michel Piecuch (Sgen-CFDT), demandant "un geste la semaine prochaine de Valérie Pécresse et surtout de Xavier Darcos".
"La situation de l'université reste problématique à cause d'autres réformes" comme "celle de la formation des enseignants", a dit Yves Markowicz (Unsa).
AutonomeSup n'acceptera définitivement le projet de décret que "si nous obtenons satisfaction" sur la "formation", a dit Jean-Louis Charlet.
Tous ont demandé le report d'un an de cette réforme, qui doit entrer en vigueur en 2009-2010 et l'ouverture d'une négociation avec les deux ministres.
Les principales critiques adressées à la réforme visent son caractère précipité, l'insuffisance de sa partie formation professionnelle, le fait que soit supprimée l'année d'IUFM actuellement rémunérée - l'obligation de préparer des concours en même temps qu'un diplôme de master, et des concours au contenu dévalorisé.