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Un nouveau scrutin régional pourrait fragiliser un peu plus Angela Merkel

À seize mois des législatives, l'Allemagne organise un scrutin régional à forte valeur symbolique en Rhénanie du nord-Westphalie. Dans ce land, le plus peuplé du pays, la coalition de la chancelière Angela Merkel pourrait être vaincue.

AFP - Les électeurs de l'Etat allemand de Rhénanie du nord-Westphalie ont commencé à voter dimanche à l'occasion d'une élection régionale délicate pour la chancelière Angela Merkel, dernier scrutin de l'année avant les législatives prévues dans 16 mois.

Quelque 13 millions d'électeurs sont appelés aux urnes dans ce Land, le plus peuplé (18 millions d'habitants) d'Allemagne et son poumon industriel avec des villes importantes comme Düsseldorf et Cologne, et l'ancien bassin minier de la Ruhr.

Les bureaux de vote ont ouvert à 08h00 (06h00 GMT) et les premiers sondages à la sortie des bureaux de vote sont attendus à 18h00 (16h00 GMT), dès leur fermeture.

Le Parti social-démocrate (SPD), première force d'opposition aux conservateurs CDU/CSU de Mme Merkel au niveau fédéral, devraient rester à à la tête de cet Etat, en s'alliant à un ou deux partenaires.

Mais ce troisième scrutin régional en six semaines devrait permettre de prendre la mesure de la popularité de la coalition CDU/CSU et Parti libéral FDP, qui conduit l'Allemagne dans la crise économique en optant pour l'austérité.

Les conservateurs pourraient essuyer un revers une semaine après que les électeurs français et grecs ont montré leur rejet de la politique d'austérité en Europe prônée par Berlin.

"A la minute où les bureaux de vote fermeront (...) commencera la campagne pour les législatives 2013", prévues pour septembre, commentait dimanche le journal le plus lu d'Allemagne, Bild.

"Si le SPD et les Verts sont vainqueurs dans le Land le plus peuplé, la chancelière et la CDU seront politiquement esseulées", poursuivait-il.

La CDU n'est créditée que de 30 à 31% des intentions de vote, contre 38% pour le SPD dans cet Etat qui est l'un de ses bastions historiques.

Mardi, le ministre fédéral de l'Environnement Norbert Röttgen, tête de liste CDU, a provoqué des hurlements dans son parti en faisant de ce scrutin un référendum sur la politique européenne de Mme Merkel. Il s'est depuis rétracté.

La coalition fédérale a déjà connu un échec le 6 mai dernier au Schleswig-Holstein (nord), après une année électorale 2011 noire, marquée par la descente aux enfers du FDP (libéraux), allié de la CDU.

Les Verts sont crédités de 11% des intentions de vote, selon des sondages réalisés pour les chaînes publiques de télévision ARD et ZDF, tandis que le FDP, en pleine déroute depuis 18 mois, devrait tout de même parvenir à passer la barre des 5% des voix nécessaires pour entrer au Parlement régional.

Les regards se tourneront également vers le jeune mouvement contestataire, le Parti des Pirates, trouble-fête du jeu politique et entré dans trois parlements régionaux en neuf mois.

Quel que soit le résultat de dimanche, il aura "un impact limité" pour la chancelière elle-même, juge Volker Kronenberg, directeur de l'Institut de sciences politiques de Bonn.

"Au niveau national, le pouvoir du SPD est faible, et celui de la CDU est stable", renchérit Nils Diederich, analyste politique de l'Université libre de Berlin.

Angela Merkel est toujours populaire. Les Allemands lui sont gré de promouvoir l'austérité budgétaire pour soigner la zone euro mal en point. Selon un sondage effectué pour l'hebdomadaire Stern, 59% d'entre eux refusent des mesures pour soutenir la croissance qui se traduiraient par de nouvelles dettes.

Ce scrutin a été rendu nécessaire après que le chef du gouvernement régional, la social-démocrate Hannelore Kraft, a jeté l'éponge en mars faute de trouver la majorité requise en vue de faire adopter le budget. Mme Kraft dirigeait le Land depuis moins de deux ans sans majorité gouvernementale fixe, comptant sur l'appui au coup par coup des conservateurs, du FDP ou de la gauche radical Die Linke.