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La "bataille homérique" entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen est lancée

Samedi, Jean-Luc Mélenchon a officialisé sa candidature aux législatives dans la circonscription d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), où Marine Le Pen se présente pour le Front National. Le candidat du Front de Gauche joue son va-tout politique.

Le désormais ex-candidat du Front de Gauche à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, retourne sur le ring politique, prêt à affronter sa rivale d’extrême-droite, Marine Le Pen, pour les législatives. Fort d’une quatrième position au soir du premier tour, le 22 avril dernier, il a confirmé le 12 mai qu’il briguerait le siège de député d’Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais. Il ne fait aucun mystère sur la finalité de sa candidature : battre Marine Le Pen sur ses terres.

“Ça va être une bataille homérique en quelque sorte, avec une symbolique qui est extrêmement puissante, puisque c'est le berceau du mouvement ouvrier français et que c'est en même temps l'endroit où Madame Le Pen, par bravade, a décidé de s'installer", déclarait-il sur France Info, juste avant d’annoncer officiellement sa candidature. "Je viens parce qu'il y a ici une bataille qui a une signification nationale et internationale", a-t-il ensuite clamé devant des centaines de militants Front de Gauche, aux côtés de son suppléant Hervé Poly (PCF), qui s'est désisté en sa faveur.

Bataille symbolique
En déclarant un combat en tête-à-tête avec l’autre "second rôle" de l’élection présidentielle, située à l’extrémité inverse sur l’échiquier politique, Mélenchon relève un défi idéologique tout en tentant, via ce scrutin, d’assurer son avenir politique.

Car si la légitimité de Marine Le Pen, comme candidate à Hénin-Beaumont et comme chef du Front National, est incontestable, celle de Jean-Luc Mélenchon est portée par une coalition d’extrême-gauche récemment formée autour duPparti communiste et qui demande à être solidifiée. Mais la victoire de François Hollande est déjà à l’origine d’une faille au sein du Front de Gauche : l’ancien sénateur Mélenchon a clairement fait savoir qu’il ne rejoindrait pas le prochain gouvernement, contrairement à des caciques du Parti communiste qui se disent prêts à accepter des portefeuilles ministériels.

Un duel avec Marine Le Pen le conforte dans son rôle de leader de l’extrême-gauche, "seul" véritable adversaire de l’extrême droite, comme il l’avait déjà déclaré pendant la campagne. Alors que l’électorat de Marine Le Pen - près de 18% des votants au premier tour - a été courtisé par Nicolas Sarkozy en vue du second tour, Mélenchon s'est présenté comme un rempart incontournable contre le Front national.

"Il ne peut plus vivre sans moi"

Marine Le Pen doit débuter sa campagne électorale à Hénin-Beaumont, dès lundi. Ironique, elle a déjà contre-attaqué : "Ce n'est plus de la rage, c'est de l'amour. Je crois qu'il ne peut plus vivre sans moi", a-t-elle ainsi déclaré d'une conférence de presse à Perpignan, qualifiant cette candidature "d'épiphénomène".
Durant la campagne présidentielle, les deux représentants des extrémités politiques se sont invectivés à distance. Leur seule occasion de débattre ensemble, à la télévision fin février, a tourné court : Marine Le Pen avait refusé d’adresser la parole à un "insulteur public". "Vous m’avez traitée de semi-démente", avait-elle lancé. "Ça vous laisse une bonne moitié", avait rétorqué Mélenchon. Cette fois, la cheffe de l’extrême droite ne pourra pas esquiver le défi lancé par le candidat du Front de Gauche. La campagne pour conquérir les voix de l’électorat populaire d'Hénin-Beaumont s’annonce sans merci.
Dans cette circonscription, si Marine Le Pen a récolté plus de voix au premier tour de l’élection présidentielle que Jean-Luc Mélenchon (31,42 contre 14,85%), l’issue du scrutin s'annonce incertaine. Le candidat du Front de Gauche veut parier sur le soutien de toute la gauche et l’éclatement du vote FN. En effet, dimanche dernier, François Hollande l'a emporté dans cette circonscription avec près de 60% des voix.