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Ayrault, Aubry et Valls : trois aspirants à Matignon

François Hollande nommera son Premier ministre le 15 mai, jour de son investiture. À moins d’une semaine de cette date, trois noms circulent pour succéder à François Fillon : Jean-Marc Ayrault, Martine Aubry et Manuel Valls.

Le nouveau président élu François Hollande a prévenu : "Le 15 mai [jour de la passation de pouvoir], vous aurez le nom du Premier ministre". Pour l'heure, à une semaine de la date décisive, trois noms circulent pour Matignon : Jean-Marc Ayrault, un fidèle du président, Martine Aubry, la préférée des sondages et Manuel Valls, la relève socialiste. Revue de détails.

 Jean-Marc Ayrault. Les proches de Jean-Marc Ayrault n’ont aucun mal à voir en lui "le Pierre Mauroy de François Hollande". Pour cause, le président élu a indiqué qu'il souhaitait nommer à Matignon "une personnalité socialiste connaissant bien le Parlement et ayant de bonnes relations" avec lui. Un profil qui semble parfaitement correspondre à Jean-Marc Ayrault, député maire de Nantes et président du groupe socialiste à l'Assemblée. Ayrault et Hollande, deux compagnons de route longtemps assis côte à côte sur les bancs de l'Assemblée nationale, sont proches depuis une quinzaine d'années. En 1997, quand l’un prenait la tête du groupe parlementaire socialiste, l’autre devenait premier secrétaire du PS.

À 62 ans, Ayrault s’inscrit parmi des fidèles du président élu ; il a été l’un des premiers à soutenir sa candidature. En 2007, il avait déjà été pressenti pour s’installer à Matignon en cas de victoire de Ségolène Royal. À l'automne 2011, lors de la primaire socialiste, il n’a pas hésité à prendre parti pour François Hollande. "J'ai une vraie proximité avec François, qui est un réformiste de gauche", avait-il alors expliqué.

Autre atout pour accéder à Matignon : sa maîtrise de la langue allemande et son carnet d’adresse à Berlin. Ancien professeur d’allemand, il entretient de bonnes relations avec Sigmar Gabriel, le chef du SPD, ce qui pourrait être très utile au nouveau couple franco-allemand Hollande-Merkel, d'ores et déjà surnommé "Homer" par certains journaux.

En revanche, le député-maire de Nantes n’a jamais été ministre. Une telle expérience aurait été la bienvenue pour contrebalancer l’inexpérience ministérielle de François Hollande. En outre, ses divergences avec Europe Écologie-Les Verts pourrait également jouer contre lui dans ses ambitions de chef de gouvernement. Son projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, est ardemment combattu par les alliés écologistes des socialistes. Enfin, on reproche à Ayrault, peu médiatisé, son manque de charisme.

Martine Aubry. Si Jean-Marc Ayrault fait figure de favori face à Martine Aubry, elle reste malgré tout la préférée des Français selon plusieurs études publiées après le 6 mai. À 61 ans, la première secrétaire du PS bénéficie de 41 % de soutiens dans l’électorat de gauche, selon un sondage Ipsos/Logica Business Consulting. La maire de Lille dispose surtout de l’expérience des grands ministères (elle a été ministre de l'Emploi de 1991 à 1993 et de 1997 à 2000), ce qui lui confère une légitimité pour ce poste. Son ambition est claire : elle serait prête à quitter son poste de patronne du PS pour devenir la numéro un du gouvernement. Elle irait même jusqu’à refuser tout portefeuille ministériel : "Matignon sinon rien", prévient-on dans son entourage.

Idéologiquement, elle se place plus à gauche que Jean-Marc Ayrault, ce qui l'aurait particulièrement avantagée dans la course à Matignon si l'ex-candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, avait obtenu un score plus élevé au premier tour de la présidentielle.

Par ailleurs, les relations très tendues entre la "dame des 35 heures" et le président élu pourraient lui nuire. Particulièrement mauvaises durant la primaire socialiste, elles se sont nettement améliorées au cours de la campagne présidentielle.

Manuel Valls. Le député-maire d’Évry lorgne lui aussi Matignon. À 49 ans, il représente la jeune garde du PS, qui meurt d’envie d’accéder aux responsabilités de haut niveau et de succéder à la vieille garde des "éléphants". Ultra médiatisé durant la campagne, il a mené un parcours sans-faute en tant que porte-parole de François Hollande, au point de faire de l’ombre à son directeur de campagne, Pierre Moscovici. C’est un domaine dans lequel il excelle pour avoir été porte-parole de Lionel Jospin, quand ce dernier occupait Matignon (1997-2002).

Candidat à la primaire, Manuel Valls penche plus à droite que François Hollande. Il a ardemment défendu la TVA sociale, ainsi que les questions de sécurité, domaine qu'il ne veut pas laisser à la droite. Si Valls n’est pas nommé à Matignon, il pourrait hériter du ministère de l’Intérieur.