Cinq jours après la disparition du correspondant de FRANCE 24 en Colombie, les Farc ont finalement confirmé détenir le journaliste français dans une déclaration retransmise à la radio, et authentifiée par les autorités colombiennes.
Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) ont transmis un message annonçant la capture du correspondant de FRANCE 24, porté disparu depuis samedi 28 avril, a annoncé le général Javier Rey, commandant de l'armée de l'air colombienne. Leur message, envoyé à des radios locales, a été authentifié mercredi par les autorités du pays.
"Le Front 15 informe l’opinion publique que le journaliste français Roméo Langlois, portant un uniforme militaire, a été capturé en plein combat. Il est entre nos mains, c’est un prisonnier de guerre", a déclaré la rébellion marxiste dans un message que Javier Rey a transmis à l'AFP.
À la suite de cette annonce, les autorités colombiennes ont décidé de suspendre leurs vols militaires au-dessus du département de Caqueta (Sud), à la lisière de la forêt amazonienne, "zone rouge" où Roméo Langlois a disparu. Une manœuvre destinée à inciter les Farc à libérer le journaliste. "Nous avons pris cette décision une fois que nous avons eu confirmation que la guérilla le détenait (…) Nous avons abaissé la pression sur le groupe terroriste qui a désormais totale liberté pour relâcher le journaliste", a expliqué le général Javier Rey.
Langlois "légèrement" blessé au bras
Dans leur message, les Farc ont également précisé que Roméo Langlois était "légèrement blessé à un bras et [avait] reçu des soins médicaux" mais qu’il serait "hors de danger". Une version contestée par le général colombien. "Dans cette forêt humide, une blessure (…) peut s'infecter. Il doit être immédiatement transporté dans un poste médical", a-t-il réagi.
La confusion règne toujours autour de sa tenue vestimentaire au moment de sa disparition. Un détail qui revêt son importance. Les Farc affirment que le journaliste portait un uniforme militaire justifiant de fait son statut de "prisonnier de guerre". L’armée régulière prétend au contraire qu’il avait refusé de porter un gilet pare-balles et un casque. Le correspondant de FRANCE 24 est "un journaliste qui faisait son métier (…) À ce titre, il est protégé, en tant que civil, par la convention internationale de Genève", avait déclaré auparavant le général Rey.
Lors de sa disparition, Roméo Langlois, 35 ans, réalisait un reportage sur le narcotrafic dans la région de Caqueta pour FRANCE 24. La patrouille des forces aéronavales colombiennes qu’accompagnait Roméo Langlois aurait été attaquée dans la matinée de samedi par les Farc, d'après les sources militaires. Les affrontements auraient provoqué la mort d’au moins quatre militaires. Des six personnes portées disparues dans les heures qui ont suivi l’affrontement, seul Roméo Langlois l’est toujours. Les cinq militaires qui ont été capturés en même temps que le journaliste ont été relâchés dans la journée de dimanche.
Le candidat socialiste François Hollande a affirmé, dans une interview conjointe à France 24 et RFI diffusée jeudi en fin d'après-midi, que s'il était élu à l'Elysée, il faudrait "tout faire pour" que le journaliste "puisse être libéré le plus rapidement possible".
Rançons et narcotrafic
Créée en 1964, la rébellion est l’un des derniers groupes marxistes révolutionnaires du continent sud-américain. Le groupuscule mène depuis des dizaines d’années des campagnes d’enlèvements, dont les rançons, parallèlement au narcotrafic, sont devenues leurs principales sources de revenus. Ingrid Betancourt, femme politique franco-colombienne, a été retenue pendant plus de six ans par la guérilla avant d’être relâchée en 2008.
Ces derniers mois, les forces de sécurité colombiennes ont néanmoins remporté quelques victoires contre la rébellion, principalement dans le nord du pays. Affaiblies par la campagne menée par l’armée colombienne avec le soutien des États-Unis, les Farc ont libéré quelques otages et annoncé qu’elles cesseraient de tirer bénéfice des enlèvements.
Si le président colombien Juan Manuel Santos a vu dans ces initiatives un "pas dans la bonne direction", il a toutefois émis des doutes sur la volonté des Farc d’abandonner les enlèvements comme sources de revenus ou de négocier des accords de paix pérennes. Une analyse confirmée par les experts qui s’accordent pour dire que les négociations de paix, même officieuses, ne donneront probablement aucun résultat avant les élections de 2014.