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Washington veut inviter l'Iran à la conférence sur l'Afghanistan

Selon la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, l'Iran, "en tant que pays voisin", devrait être invité à la conférence internationale sur l'Afghanistan que Washington propose d'organiser le 31 mars.

AFP - Washington poursuit ses prudentes manoeuvres d'approche vers Téhéran en proposant la tenue d'une conférence internationale sur l'Afghanistan avec la participation de l'Iran, tout en la plaçant sous les auspices de l'ONU pour se protéger d'un éventuel refus iranien.

A l'occasion de sa première participation à une réunion de l'Otan, jeudi à Bruxelles, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a proposé la tenue d'une conférence ministérielle internationale sur l'Afghanistan le 31 mars.

Cette conférence permettrait "de parvenir à une série de principes communs, qui pourrait peut-être être définis dans un communiqué du président, sur la marche à suivre en commun", a-t-elle indiqué.

Mme Clinton a proposé d'y inviter l'Afghanistan et son puissant voisin le Pakistan, les alliés de l'Otan, les autres partenaires de la force internationale (Isaf) qui comprend au total 41 pays, ainsi que d'autres "acteurs régionaux clés" qu'elle n'a pas nommés.

Ce n'est qu'après une remarque du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, espérant que Téhéran accepterait d'y participer, que Mme Clinton a mentionné l'Iran.

"Si cette réunion a lieu, il est vraisemblable que l'Iran soit invité en tant que voisin de l'Afghanistan," a-t-elle précisé lors d'une conférence de presse.

En se déclarant prêts à siéger au niveau ministériel aux côtés de l'Iran dès la fin du mois, les Etats-Unis font un geste significatif en direction du régime iranien, avec lequel le président Barack Obama s'est engagé à dialoguer directement et respectueusement.

Mais ils ont choisi de placer la conférence sous les auspices protecteurs de l'ONU, pour pouvoir se décharger de toute responsabilité en cas d'échec.

Mme Clinton a ainsi suggéré que la réunion, dont les détails ne sont pas finalisés, soit ouverte par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et présidée par son représentant pour l'Afghanistan, Kai Eide.

Pour distancier plus encore les Etats-Unis de l'évènement, il est prévu que la conférence se tienne aux Pays-Bas ou à Bruxelles. Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Maxime Verhagen, a été chargé de tenter de l'organiser et elle se tiendra à Bruxelles s'il n'y parvient pas.

Les Etats-Unis insistent depuis 2007 sur le caractère "global" de l'action internationale à mener en Afghanistan afin de réussir à y bâtir un Etat viable, face aux attaques incessantes des talibans et alors qu'une élection présidentielle cruciale doit s'y tenir le 20 août.

L'idée d'impliquer l'Iran dans les efforts de stabilisation en Afghanistan gagne du terrain, et apparaît comme un moyen pour la nouvelle administration américaine d'ouvrir le dialogue avec Téhéran sur un sujet moins litigieux que le programme nucléaire iranien.

Mais l'administration Obama reste prudente, et continue à dénoncer le programme nucléaire iranien et le soutien de Téhéran au terrorisme.

Mercredi soir, juste avant d'arriver à Bruxelles, Mme Clinton a accusé le Guide suprême iranien Ali Khamenei d'"ingérence claire" dans les affaires palestiniennes pour son appel aux Palestiniens à privilégier la résistance armée.

Et lundi, à Charm el-Cheikh (Egypte) où elle participait à une conférence de donateurs pour Gaza, elle a avoué à son homologue émirati Abdallah ben Zayed al-Nahyane qu'elle "doutait que l'Iran réponde" à toute sorte d'ouverture, selon un responsable américain.

"Elle a dit qu'elle n'était pas naïve au sujet de l'Iran, qu'elle n'avait aucune illusion", a indiqué ce responsable.