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Quel vice-président pour le républicain Mitt Romney ?

L’expérience, les origines, la popularité... Sur quels critères va s’appuyer le très probable candidat républicain à la Maison Blanche pour choisir son colistier ? FRANCE 24 dresse l'inventaire des favoris au poste de vice-président.

Fort d’une nouvelle série de victoires dans cinq États, Mitt Romney semble s’être définitivement accaparé l'investiture républicaine pour la présidentielle américaine de novembre. Les analystes politiques se disputent désormais sur le nom de celui à qui devrait revenir le rôle de colistier.

Choisir un vice-président est toujours un exercice périlleux pour les prétendants à la Maison Blanche. Ceux-ci ont généralement à cœur de dénicher la perle rare qui permet de compenser leurs faiblesses supposées.

John F. Kennedy avait voulu faire oublier son côté “bonne famille” en s’attachant les services d’un candidat du “terroir”, le Texan Lydon B. Johnson. Le centriste Bill Clinton s’était associé à Al Gore, réputé plus à gauche, qui, lui même, avait ensuite fait équipe avec le consensuel Joe Liberman. Barack Obama avait choisi, en 2008, le vieux routard Joe Biden pour masquer sa relative inexpérience. Cette même année, le vétéran John McCain avait créé la surprise en choisissant Sarah Palin, afin de contrebalancer le côté historique de la nomination du premier candidat noir à la Maison Blanche.

Le “ticket “McCain-Palin” reste toutefois comme un exemple d'erreur stratégique. Le manque d’expérience de sa colistière avait plutôt joué en défaveur de l’adversaire malheureux de Barack Obama.

Mitt Romney va-t-il opter pour un choix plus sûr ? Voici quelques-uns des candidats pressentis.

Bonnet blanc et blanc bonnet

Si Mitt Romney est fidèle à sa réputation de politicien raisonnable et consensuel, il devrait choisir un colistier au sein de l’establishment du Parti républicain. Ce candidat expérimenté, rompu aux joutes politiciennes, pourrait être l’ancien gouverneur du Minnesota Tim Pawlenty ou l’actuel gouverneur de l’Indiana, Mitch Daniels. Le gouverneur de Virginie, Bob McDonnell, peut aussi prétendre au poste, même s’il soutient la loi qui oblige les femmes souhaitant avorter à passer d'abord une échographie. Une prise de position qui pourrait couper Romney du vote des femmes, dont il a besoin pour l’emporter en novembre.

D’autres républicains “bon teint” sont susceptibles de décrocher le job, comme le sénateur de l’Ohio, Rob Portman, qui a travaillé avec les deux présidents Bush avant d’être élu au Congrès.

Mais le problème de tous ces cadres du Grand Old Party (GOP) - des hommes blancs, conservateurs et d’un certain âge -, c’est qu’ils ressemblent tous plus ou moins à Mitt Romney...

Du côté des femmes, des minorités et des femmes issues des minorités

Étant donné le déficit d’image dont pâtit Mitt Romney auprès des femmes et des “latinos”, il pourrait être tenté de choisir un partenaire de sexe féminin ou d’origine hispanique. La gouverneur du Nouveau Mexique, Susana Martinez, présente l’avantage d’être les deux à la fois. Soutenue par le mouvement Tea Party, cette femme d’origine mexicaine est connue pour ses positions intransigeantes sur l’immigration illégale et la criminalité. Mais elle souffre cependant d’un cruel manque d’expérience et de lacunes en matière de géopolitique.

Conscient qu’il pourrait se voir lui aussi reprocher son inexpérience, le charismatique sénateur de Floride, Marco Rubio, a décidé de prendre les devants. À tout juste 40 ans, ce fils d’immigrés cubains va publier cet été une autobiographie dans laquelle il compte exposer sa vision pour l’Amérique. Il doit par ailleurs discuter prochainement de politique étrangère devant le prestigieux "think tank" Brookings Institution. Son principal défaut reste cependant sa position jugée laxiste en matière d’immigration, véritable repoussoir pour la base conservatrice du Parti républicain.

La nouvelle gouverneur d’origine indienne de Caroline du Sud, Nikki Haley, fait parler d’elle dans les milieux républicains, mais elle pourrait également s’avérer trop novice pour un poste de vice-présidente. Quant au gouverneur de Louisiane, Bobby Jindal, lui aussi d’origine indienne, s’il a plus de bouteille, il est jugé trop conservateur par les électeurs centristes, qui lui reprochent d’avoir voulu imposer l’enseignement du créationisme dans les écoles publiques.

Populaires mais risqués

Les récentes enquêtes d’opinion indiquent que les deux personnalités préférées des républicains pour seconder Mitt Romney sont le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, et l’ancienne secrétaire d’État de George W. Bush, Condoleezza Rice.

Christie est réputé fin tacticien - il est parvenu à se faire élire dans un État du Nord-Est, pré-carré des démocrates -, et il ne ressemble pas aux autres politiciens : impétueux, corpulent, il aime confronter directement ses détracteurs.

Mais ces “qualités” pourraient faire de lui un choix risqué. Il s’est récemment attiré les critiques de la presse pour avoir traité d’”idiot” un vétéran d’Irak lors d’une réunion publique, pas le genre de comportement que recherche le tempéré Romney.

Condoleezza Rice peut, elle, s'enorgueillir d’être la seule représentante de l'administration Bush qui jouit toujours d’une réputation intacte auprès de l’électorat républicain.

Créditée d'un important soutien dans une récente étude de la chaîne d'informations CNN, cette diplomate chevronnée est l’incarnation parfaite du rêve américain - elle vient d’une famille noire originaire de l’Alabama à l’époque où cet État pratiquait encore la ségrégation. Pianiste de talent et professeur émérite de la prestigieuse univeristé Stanford, elle semble toutefois aussi deconnectée que Romney de la classe laborieuse américaine.

Une nouvelle Sarah Palin ?

Il se dit dans les milieux bien informés que le candidat idéal pour Romney serait l’élu du Wisconsin Paul Ryan. Celui-ci s’est illustré ces dernières années en s’opposant de manière radicale aux propositions économiques de l’administration Obama. Depuis, Mitt Romney consulte fréquemment cet homme qui ne manque jamais de rappeler ses origines modestes. Seules ses propositions concernant une réforme de “Medicare” (système d’assurance santé) pourraient jouer en sa défaveur auprès des bénéficiares de ce programme fédéral.

Mais comme tout est possible en politique, surtout aux États-Unis, cette liste de prétendants n’est pas exhaustive. Mitt Romney pourrait bien décider de partager son “ticket” avec un candidat surprise. Après tout, personne n’imaginait il y a tout juste quatre ans, que la vedette de la campagne républicaine 2008 serait une télégénique chasseuse d’élans venue d’Alaska.