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François Hollande et Nicolas Sarkozy poursuivent leur duel à distance

Nicolas Sarkozy et François Hollande étaient invités, jeudi soir sur France 2, sur le plateau de l'émission "Des paroles et des actes". Sans se croiser, les deux candidats ont notamment défendu leurs positions à l'égard des thèses du Front national.

AFP - François Hollande et Nicolas Sarkozy ont poursuivi leur duel avant leur face-à-face du 2 mai, en s'opposant jeudi soir sur France 2 sur la présomption de légitime défense pour les policiers après avoir rencontré chacun de leur côté les représentants de policiers en colère.

Revenant sur la mise en examen d'un gardien de la paix pour homicide volontaire d'un multirécidiviste de 29 ans, François Hollande s'est dit "pas favorable par principe à la présomption de légitime défense" pour les policiers.

Il s'est démarqué du chef de l'Etat, qui a proposé d'appliquer cette mesure figurant au programme de Marine Le Pen.

Celle-ci s'est félicitée d'avoir remporté une "victoire idéologique": "Chaque jour, Nicolas Sarkozy puise dans mon projet", a-t-elle affirmé à l'AFP. Forte de ses quasi 18%, la candidate du FN a demandé qu'on "cesse" de "mépriser" ses électeurs dans une lettre aux deux finalistes.

François Hollande a qualifié le Front national de parti "qui est autorisé dans la République", mais a jugé que celui-ci "conteste un certain nombre de valeurs de la République".

"Le Front national est autorisé à se présenter", a fait valoir le candidat socialiste. "Est-ce que son fonctionnement est démocratique ? Ca, je n'ai pas de vérification", a-t-il poursuivi. "Est-ce qu'il contribue à l'expression du suffrage ? Oui, puisqu'il a récolté les voix d'un certain nombre de millions de nos citoyens".

Ouvrant le bal sur France 2 par les hasards d'un tirage au sort, François Hollande, crédité de 54% des intentions de vote au second tour dans un sondage CSA publié jeudi soir, a répondu "oui" à la question de savoir s'il avait parlé avec Jean-Luc Mélenchon depuis le premier tour dimanche.

Confirmant qu'il nommerait en cas de victoire un Premier ministre socialiste, le député de Corrèze a dit "qu'il avait des noms en tête": "Ils sont tout à fait talentueux et respectables", a-t-il dit alors que des journalistes citaient Jean-Marc Ayrault ou Martine Aubry.

Le score du second tour et la "capacité de fédérer la majorité" seront des critères de choix, a-t-il ajouté.

Le candidat PS a refusé de répondre à la question: "Y a-t-il trop d'étrangers en France?", une affirmation de Nicolas Sarkozy avant le premier tour, et une antienne du Front national.

"Ma réponse, c'est que les étrangers en situation régulière sur le territoire ne seront pas expulsés. En revanche, les étrangers qui sont en situation irrégulière sur notre territoire seront reconduits à la frontière. Je ne peux pas être plus clair", a dit M. Hollande, sans faire allusion à des régularisations "au cas par cas", qui figure sans son programme.

Le député de Corrèze s'est prononcé contre la politique de la "chaise vide" sur la renégociation du traité européen.

Nicolas Sarkozy a commencé son intervention après lui, sans que les deux rivaux ne se croisent.

Les deux rivaux débattront le 2 mai. "Je souhaite que ce soit un débat qui permette d'aller au fond des choses", a assuré François Hollande, qui refuse les trois débats que lui propose Nicolas Sarkozy. "Je ne me laisserai pas entraîner au pugilat".

Jeudi matin, leur bataille s'était livrée sur le thème du "mensonge".

Après l'affirmation par Nicolas Sarkozy la veille sur TF1 que Tariq Ramadan avait lancé un appel en sa faveur, le candidat socialiste a accusé sur France Info le chef de l'Etat de "mensonges" et d'"amalgames"

Un peu plus tard sur France Inter, le chef de l'Etat a dit que M. Ramadan avait appelé publiquement en mars à voter Hollande "ou un parti qui serve l'islam".

Mais, à la mi-journée, Tariq Ramadan a lui-même démenti auprès de l'AFP avoir appelé à voter pour le candidat PS.

Se projetant dans les législatives, dont le FN veut faire "le 3e tour", Nicolas Sarkozy a précisé que les candidats de l'UMP se maintiendraient dans tous les cas, ce qui inclut de facto les triangulaires PS/FN/UMP.

Le candidat PS ne s'est pas privé d'emboîter le pas à François Bayrou qui a accusé le chef de l'Etat de "valider le discours du Front national".

Alors que la campagne tourne à l'invective et à l'exagération, M. Hollande a dénoncé jeudi les attaques "indignes" du député UMP Lionnel Luca à l'encontre de sa compagne, Valérie Trierweiler, surnommé par l'élu des Alpes-Maritimes "Rottweiler".

Nicolas Sarkozy a condamné jeudi soir sur France 2 les propos du député UM, ajoutant qu'il "détesterait qu'on fasse ça avec (son épouse) Carla".

"Je condamne, je ne m'associe en rien à ça. Je suis même prêt à dire à Valérie Trierweiler, que je connais voyez-vous parce qu'elle est journaliste, que je suis désolé si elle a été blessée", a déclaré le président sortant.