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Le rugby afghan espère transformer l'essai

L'Afghanistan va disputer son premier match international de rugby à VII ce vendredi à Dubaï. Une véritable prouesse, selon le président de la Fédération de rugby afghan, Mohammad Mansoor Majid, joint en exclusivité par FRANCE 24.

Le sport afghan va vivre ce vendredi une première historique : La sélection nationale de rugby va disputer son tout premier match international à Dubaï, contre une sélection émiratie, dans le cadre d’une tournée aux Émirats arabes unis. Un challenge pour un pays en guerre qui ne possédait pas il y a encore deux ans de Fédération de rugby.

À l’origine de cette folle aventure, Mohammad Mansoor Majid, un homme d’affaires afghan devenu président de la Fédération afghane de rugby. FRANCE 24 s'est entretenu avec lui à la veille de cette rencontre.

FRANCE 24: Comment vous sentez-vous avant ce premier match international ?

Mohammad Mansoor Majid : Je suis vraiment très heureux de voir ma propre équipe à ce niveau. C’est le fruit d’un travail long et très difficile. Mais je suis certain que nous allons gagner cette rencontre.

F24 : Comment vous est venue l’idée de créer une Fédération de rugby ?

M.M.M. : Lors de l’une de mes visites d’affaires au Royaume-Uni, j’ai remarqué à quel point les Anglais aimaient le rugby. J’ai également travaillé avec les forces de la Coalition [la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS) ou International Security Assistance Force (ISAF) qui agissent sous l'égide de l'Otan, NDLR] que j’ai pu voir jouer au rugby. Et c’est là que m’est venue l’idée de tirer profit de ces deux expériences pour présenter le rugby à tous les Afghans.

En octobre 2010, j’en ai parlé avec des amis et des collègues de travail. Puis nous avons officiellement enregistré la Fédération de rugby en mars 2011.

F24 : Combien de licenciés avez-vous ?

M.M.M. : Le premier jour, nous avons eu trois joueurs, le deuxième jour nous en avons eu sept. Puis le troisième jour quinze joueurs se sont présentés. Il y a eu un véritable engouement à Kaboul. Actuellement, nous avons 220 joueurs enregistrés dans tout le pays et nous essayons sans cesse de recruter de nouveaux athlètes afin de pouvoir atteindre le nombre de 1 000 à la fin de l’année.

F24 : Quels sont vos conditions d’entraînements ? J’imagine que vos infrastructures sont limitées...

M.M.M. : Le problème c’est que les étrangers ne peuvent pas venir dans l’arrière-pays afghan, donc nous devons demander à des "locaux" d’entraîner l’équipe afghane. Lors de notre premier entraînement, j’ai invité un Afghan d’origine indienne, Zaffar Khan, à former nos premiers joueurs. Ensuite ce sont eux qui ont entraîné les nouveaux !

Nous utilisons des terrains très durs et très mauvais. Et comme il n’existe qu’un seul stade, nous devons le partager avec les autres sports. Le manque de terrains et les problèmes financiers nous freinent vraiment dans le développement du rugby dans tout le pays.

F24 : Justement, de quels financements disposez-vous ?

M.M.M. : Nous n’avons aucune aide internationale, aucun sponsor étranger. Nous avons uniquement un partenaire local : Majid Mall [le plus grand centre commercial d’Afghanistan, NDLR]. J’investis également un peu de mes bénéfices. Les membres de la Fédération anglaise de rugby m’ont promis de l’aide sur le plan technique. J’attends de voir si cela sera fait.

F 24 : Qu'en est-il de la sécurité de vos athlètes ?

M.M.M. : Nous n'avons aucun problème. Jusqu'à présent, nous n'avons jamais entendu parler d'un sportif se serait fait tuer par des gens faisant la guerre.

F24 : Comment le rugby est-il perçu par la population ?

M.M.M. : Les Afghans aiment ce sport, il a des similitudes avec le football et le Buzkashi [sport national Afghan qui consiste, à dos de cheval, à acheminer une chèvre morte jusqu’à un drapeau à l’autre bout du terrain, NDLR].

F24 : Quel sont vos objectifs à court terme et à plus long terme ?

M.M.M. : Mon objectif à court terme est de réunir les aides techniques et financières nécessaires au bon fonctionnement de notre fédération.

À plus long terme, je souhaite vraiment que nous ayons notre propre identité, notre propre style de jeu et que chaque Afghans à travers tout le pays connaissent un minimum ce sport.

F24 : Et pourquoi ne pas tenter ensuite d’obtenir une qualification pour les Jeux olympiques de Rio en 2016 ?

Nous sommes des Afghans et pensons toujours de manière positive, alors en effet j’espère pouvoir y être avec mon équipe.

Tags: Rugby, Afghanistan,