Au sixième jour de son procès pour le meurtre de 77 personnes en juillet 2011, Anders Behring Breivik a présenté des excuses uniquement à l'adresse des proches des victimes qui n'avaient, selon lui, pas d'appartenance politique.
AFP - Anders Behring Breivik, jugé pour la mort de 77 personnes l'an dernier en Norvège, a présenté ses excuses lundi pour ses victimes sans appartenance politique, refusant toutefois de faire de même auprès des proches des adolescents tués sur l'île d'Utoeya.
Au sixième jour de son procès, l'extrémiste de droite de 33 ans s'est dit l'objet d'un "grave racisme" consistant, selon lui, à essayer de le faire passer pour un fou afin de décrédibiliser son idéologie.
De sa voix invariablement calme et détachée, il a également dit comprendre la douleur des familles endeuillées par son carnage, tout en estimant avoir lui aussi "absolument tout perdu" le 22 juillet 2011.
"J'aimerais leur présenter mes profondes excuses", a dit Breivik à l'adresse des proches des passants tués ou blessés -"des civils innocents" selon lui- dans l'explosion de sa bombe près du siège du gouvernement norvégien à Oslo.
Au procureur lui demandant s'il voulait étendre ses excuses aux familles des autres victimes, y compris celles des adolescents qu'il avait abattus pendant un camp d'été de la Jeunesse travailliste sur Utoeya, Breivik a répondu par la négative.
La mère d'un homme, Kai Hauge, qu'il a nommément évoqué dans ses excuses, a rejeté ses déclarations. "C'est bien sûr insuffisant", a dit Soelvi Hauge, citée sur le site du journal Aftenposten. "Kai ne reviendra jamais", a-t-elle ajouté.
"C'était pathétique", a aussi réagi Jon Hestnes, représentant les proches des personnes mortes dans le quartier des ministères. "Rien dans son langage corporel ne montre qu'il croit en ce qu'il dit", a-t-il déclaré à la chaîne NRK.
Breivik, lui, a répété que le massacre du 22 juillet était "atroce mais nécessaire", estimant s'en être pris à des "cibles politiques légitimes".
Au total, 69 personnes sont mortes sur Utoeya. Huit autres ont péri dans l'explosion, juste auparavant, d'une camionnette piégée dans le quartier des ministères.
Jugé psychotique par une première expertise psychiatrique mais sain d'esprit par une contre-expertise, Breivik tient à être reconnu pénalement responsable afin de ne pas voir son idéologie islamophobe être invalidée par un diagnostic.
"Si j'avais été un jihadiste barbu, je n'aurais pas fait l'objet d'une expertise psychiatrique du tout", s'est-il emporté lundi.
"Mais parce que je suis un militant nationaliste, je suis exposé à un grave racisme", a-t-il ajouté. "Ils essaient de +délégitimer+ tout ce en quoi je crois".
Censée examiner la validité des évaluations psychiatriques officielles, la commission médico-légale norvégienne a demandé le même jour un complément d'informations aux auteurs de la contre-expertise psychiatrique.
S'il était déclaré pénalement irresponsable, Breivik pourrait se voir infliger l'internement psychiatrique à vie. Reconnu responsable, il encourrait 21 ans de prison, une peine susceptible d'ensuite être prolongée aussi longtemps qu'il serait considéré comme dangereux.
En dernier ressort, il reviendra aux juges de se prononcer sur la question de sa santé mentale dans leur verdict attendu en juillet.
"Ils ont perdu tout ce qu'ils avaient de plus cher", a dit Breivik, évoquant les proches des victimes. "Mais moi, j'ai perdu famille et amis même si, en ce qui me concerne, c'était un choix", a-t-il précisé.
"Il n'est pas souhaitable de s'en prendre à des personnes âgées de moins de 18 ans (...) mais, dans la pratique, il était impossible de faire la différence", a-t-il estimé, précisant avoir tué "peu (de jeunes, ndlr) âgés de moins de 16 ans".
Breivik a également raconté dans le détail comment il avait épargné quelques très rares vies, dont celles d'un garçon de 10 ans jugé trop jeune et d'un autre parce qu'"il ne ressemblait pas à un marxiste".
"Ca me donne la nausée qu'il se présente comme mon Dieu, qu'il ait décidé qui pouvait vivre et qui pouvait mourir", a réagi l'intéressé, Adrian Pracon, cité sur le site internet du journal Verdens Gang (VG).