Au lendemain du premier tour, François Hollande et Nicolas Sarkozy repartent en campagne. Leur objectif : récupérer les voix des électeurs du centre, de la gauche radicale et de l’extrême droite pour espérer l'emporter le 6 mai.
Au coude à coude au premier tour de la présidentielle, le candidat socialiste François Hollande - fort de 28,6 % des voix - et le président sortant Nicolas Sarkozy - qui a obtenu 27,1 % des suffrages - fourbissent à présent leurs armes. La campagne de l’entre-deux tours, pendant les 15 prochains jours, s’annonce acharnée : le report des voix sera la clé de la victoire pour l’un des deux candidats. Pour l’heure, selon des sondages réalisés par Ipsos dimanche, ce report semble plutôt favorable au candidat socialiste, donné gagnant au second tour de la présidentielle, avec 54 % des voix contre 46 % pour son adversaire.
itSelon cette étude Ipsos, Logica Business Consulting pour France Télévisions, Radio France, Le Monde et Le Point, François Hollande peut, sans grande surprise, compter sur 86 % des suffrages de Jean-Luc Mélenchon. Seuls 3 % de ses électeurs donneraient leurs voix à Nicolas Sarkozy. Le candidat du Front de gauche, qui a obtenu 11,1 % des voix au premier tour, n’a pas caché son amertume, dimanche soir, devant le score réalisé par son ennemi déclaré, le Front national (17,9 % des voix). "Honte à ceux qui ont préféré nous tirer dessus que de nous aider", a-t-il clamé, faisant notamment référence aux piques que lui a envoyées François Hollande au cours de la campagne. Mélenchon, pourtant, a clairement donné sa consigne de vote en faveur du candidat socialiste : "Je vous appelle, le 6 mai, à aller battre Sarkozy sans traîner les pieds, comme si c’était pour me faire élire moi, et sans rien demander en échange".
À l’évidence, Nicolas Sarkozy ne bénéficie pas du même soutien de la part de la candidate du Front national. Le parti d’extrême droite, qui s’est imposé en faiseur de roi à l’issue du premier tour en réalisant son meilleur score à une présidentielle sous la Ve République, ne devrait pas donner de consigne de vote pour le second tour. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre le numéro deux du parti, Louis Aliot, invité sur France Info ce lundi matin. "Sur les idées majeures de notre programme, [ni Sarkozy, ni Hollande] ne les développent ou ne les défendent, donc ça paraît très improbable [que nous prenions position en faveur de l’un ou de l’autre]", a-t-il déclaré. Selon le sondage Ipsos rendu public dimanche, 60 % des électeurs de Marine Le Pen devraient pourtant apporter leur voix à Nicolas Sarkozy au second tour. Mais près de 18 % devraient aussi rejoindre les rangs du candidat socialiste.
Le MoDem laisse planer le doute
itUne inconnue subsiste quant aux électeurs du MoDem. Lors de la présidentielle de 2007, François Bayrou, qui s’était imposé comme le troisième homme, n’avait donné aucune consigne de vote pour le second tour, qui opposait la socialiste Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy. Ses voix s’étaient presque équitablement réparties entre les deux candidats. Aujourd’hui, le centriste, qui a réunis 9,1 % des suffrages, laisse de nouveau planer le doute, affirmant toutefois qu’il "prendrait ses responsabilités" après avoir écouté les deux candidats. "Je vais m'adresser aux deux candidats, leur dire ce qui est pour nous essentiel", a-t-il déclaré dimanche soir. "J'écouterai leurs réponses et je prendrai mes responsabilités", a-t-il poursuivi, visiblement déçu par son score. Le sondage Ipsos laisse entrevoir un scénario de report des voix du MoDem similaire à 2007 : 33 % de ses électeurs apporteraient leurs voix à François Hollande au second tour, contre 32 % en faveur de Nicolas Sarkozy.
Pour nombre d’analystes, Hollande devrait continuer de surfer sur la vague anti-Sarkozy. Dimanche soir, à l’annonce des résultats, le socialiste ne s’y est pas trompé et a appelé au "rassemblement le plus large possible" au second tour pour battre Nicolas Sarkozy. "Le côté ‘référendum anti-Sarkozy’ sera encore plus net au deuxième tour : il [François Hollande] tentera de se présidentialiser encore plus, d'avoir une posture assez générale, de surplomb, pour apparaître comme celui qui rassemble", estime Rémi Lefebvre, professeur à l'université de Lille et spécialiste du Parti socialiste, interrogé par l’AFP.
Dimanche, Nicolas Sarkozy a appelé à l'organisation de trois débats avec son adversaire au cours des 15 jours de l’entre-deux tours. Le candidat socialiste lui a opposé une fin de non-recevoir, invoquant la tradition républicaine d’un seul débat avant le second tour. Accusé d’"avoir peur" de débattre, François Hollande réplique, cinglant : "Ce n'est pas parce qu'il a un mauvais résultat qu'on va changer l'organisation. Il [Nicolas Sarkozy] fait partie des mauvais élèves qui disent 'On doit changer l'organisation de l'épreuve'". La campagne de l’entre-deux tours s’annonce houleuse.