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Mondiaux de natation : à 12 ans, la Chinoise Yu Zidi défraie la chronique
À seulement 12 ans, Yu Zidi a frôlé l'exploit en terminant au pied du podium lors de la la finale du 200 m 4 nages des mondiaux de natation organisés à Singapour. De retour dans les bassins mercredi pour les qualifications du 200 m papillon, la nageuse attire tous les regards, dont certains interrogateurs.
La Chinoise Yu Zidi se prépare à participer à la demi-finale du 200 mètres quatre nages féminin aux Championnats du monde aquatiques à Singapour, le 27 juillet 2025. AP - Lee Jin-man

La prodige canadienne de 18 ans Summer McIntosh a écrasé, lundi 27 juillet, la finale du 200 m 4 nages des mondiaux de natation à Singapour, récoltant sa deuxième médaille d'or en autant de jours de compétition. Mais c'est une jeune fille de seulement 12 ans qui a failli lui voler la vedette. La Chinoise Yu Zidi a terminé quatrième de cette finale en 2 minutes 9 sec 21, toute proche d'une médaille de bronze historique.

Même si elle est passée à côté du podium, la nageuse prodige affole déjà les compteurs. Avec ce temps, la collégienne, surnommée en Chine "La petite fille d'acier" pulvérise le record de France de Camille Muffat (2 minutes 9 sec 37) et s'inscrit dans les meilleurs chronos de la saison. Interrogée sur sa précocité, Yu Zidi a répondu qu'elle n'était pas un génie. "C'est juste le fruit de beaucoup de travail", a-t-elle rétorqué, un peu gênée.

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Révélée au niveau national l'an dernier, Yu Zidi est déjà comparée à sa compatriote Ye Shiwen, devenue à 16 ans la plus jeune nageuse chinoise médaillée olympique, aux JO de Londres en 2012. Son entraîneur Li Chao a loué son "excellent sens de la course" et sa concentration qui "dépasse largement" celle des sportifs de son âge.

L'entraîneur australien de l'équipe chinoise Michael Bohl va même plus loin : "Je n'ai jamais vu une fille de 12 ans nager de cette façon", a-t-il affirmé à la télévision d'État CCTV. "Si elle continue sur cette lancée, elle deviendra un pilier de la natation chinoise."

Un âge limite de 14 ans

La présence de cette nageuse au visage si enfantin aux mondiaux ne manque pas de soulever quelques critiques. La Fédération internationale (Fina) a fixé l'âge limite d'éligibilité pour ses disciplines à 14 ans. Que fait donc cette jeune nageuse dans les bassins de Singapour ? "Un nouvel alinéa été ajouté et il y a deux critères pour pouvoir participer aux championnats du monde : un temps A, assez difficile, qui permet d'aligner deux nageurs par pays, et un temps B qui est beaucoup plus facile. À partir du moment où un athlète fait le temps B, il peut participer. C'est le cas de Yu Zidi, qui de surcroît fait déjà le temps A", a ainsi expliqué Philipe Midrez, directeur technique de la Fédération belge francophone de natation sur le site de la RTBF. "À noter que le temps de Yu Zidi ne peut pas être compté comme record du monde junior... Car elle est beaucoup trop jeune !".

La nageuse chinoise, qui fait déjà 1m70, peut ainsi concourir aux mondiaux séniors grâce à cet alinéa, mais ne peut pas participer aux juniors car elle n'a pas 14 ans. Sur le site du journal L'Équipe, cette réglementation est qualifiée "d'aberration". Interrogé par le quotidien sportif, Denis Auguin, le directeur technique national français, s'interroge sur les conséquences sur le développement de la championne. "Je veux bien qu'elle soit extrêmement douée, qu'elle ait beaucoup de talent, mais pour ce niveau de performance, il faut s'entraîner comme un adulte", estime ce spécialiste. "En termes de santé mentale et d'équilibre personnel, à cet âge-là, ça me pose question. Exposer une enfant de 12 ans à un tel niveau de pression et d'exigence... Physiquement ça m'interroge, mais mentalement, je pense que ça peut être dangereux pour des jeunes filles", ajoute-t-il.

Cet avis est partagé par Philipe Midrez qui "ne voit pas une enfant de 12 ans, mais une exception". "Il y en a qui mettent quinze ans pour arriver là et qui sont donc là maintenant alors qu'elle n'était pas née !", souligne-t-il.

Mondiaux de natation : à 12 ans, la Chinoise Yu Zidi défraie la chronique
Yu Zidi participe à la finale du 200 mètres 4 nages individuel féminin aux Championnats du monde aquatiques à Singapour, le 28 juillet 2025. Ng Han Guan, AP

Des temps époustouflants

Comme le souligne CNN, une telle précocité en natation n'est pas rare : "Aux Jeux de Tokyo en 2021, à seulement 14 ans, Summer McIntosh avait fait ses débuts olympiques en terminant quatrième du 200 mètres nage libre". Depuis, la Canadienne a remporté trois médailles d'or olympique et quatre titres mondiaux. "L'Américaine Katie Ledecky est une autre nageuse qui a débuté très tôt, faisant ses débuts olympiques à Londres à seulement 15 ans. Aujourd'hui, elle est l'olympienne américaine la plus décorée de tous les temps, avec 14 médailles à son actif, dont neuf d'or", décrit également le média américain. L'Équipe rappelle que le record de précocité est toutefois détenu par la Japonaise Kyoko Iwasaki, qui avait décroché l'or aux JO de Barcelone en 1992 sur le 200 m brasse à 14 ans et 6 jours.

Associated Press note toutefois qu'à titre de comparaison, Yu Zidi nage à 12 ans environ 15 secondes plus vite que McIntosh au même âge sur le 400 m 4 nages, et environ 12 secondes plus vite sur le 200 m 4 nages. "Yu n'est pas la première jeune nageuse à exceller, mais c'est qu'elle le fait avec des temps époustouflants et la promesse d'en voir encore plus à venir", estime l'agence de presse américaine.

Ces performances sont d'autant plus étonnantes que la nageuse chinoise a commencé relativement tard, à l'âge de 6 ans. À l’époque, elle essayait juste de s’amuser et de se rafraîchir pendant l’été torride chinois. "L’été était trop chaud et mon père m’a emmenée au parc aquatique", avait-t-elle raconté à l’agence de presse Xinhua. "J'appréciais la fraîcheur de l'eau et passais beaucoup de temps dans les petits bassins pour enfants. Un jour, un entraîneur m'a abordé et m'a demandé si je voulais nager plus vite".

Yu Zidi a commencé à s'entraîner sérieusement au club de natation Hebei Taihua Jinye, au sud de Pékin, mais elle a du mal à tout concilier. "L'année dernière, avant les championnats nationaux, j'ai failli abandonner la natation, épuisée par l'entraînement et les études. Heureusement, grâce à mes entraîneurs, mes coéquipiers, mes amis et mes parents, j'ai compris que la natation faisait partie intégrante de ma vie et que je ne pouvais pas l'abandonner", avait-elle confié à l'agence chinoise. 

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Objectif LA 2028

Lors des mondiaux, Yu Zidi a encore une chance de briller dans les prochains jours. Elle est engagée sur le 200 m papillon ce mercredi et sur le 400 m 4 nages dimanche. Mais pour sa pépite, la Chine a véritablement en ligne de mire les JO de Los Angeles en 2028. La jeune chinoise aura alors 15 ans et fera certainement partie des favorites si sa progression continue.

Cette mise en lumière apporte également un peu de sang neuf à la natation chinoise largement soupçonnée de dopage. Les nageurs de l'Empire du milieu étaient arrivés aux JO de Paris l'an passé dans un climat de suspicion, après que des médias eurent rapporté que 23 membres de l'équipe, dont Qin Haiyang et Zhang Yufei, avaient été contrôlés positifs à une substance interdite, la trimétazidine (TMZ), lors d'une compétition nationale fin 2020 et début 2021.

Après enquête, les autorités antidopage chinoises ont conclu que la substance avait été ingérée de manière involontaire, en raison d'aliments contaminés dans l'hôtel où séjournaient les athlètes. L'Agence mondiale antidopage (AMA) a jugé l'explication crédible et n'a pas sanctionné les nageurs.

Avec AFP et AP