
Un agent fédéral face aux manifestants à Portland, en Oregon, le 4 octobre 2025. © John Rudoff, Reuters
Une cour d'appel a estimé lundi 20 octobre que Donald Trump avait le pouvoir de déployer la Garde nationale à Portland, ville démocrate dans l'ouest des États-Unis, le temps que l'affaire soit jugée sur le fond.
La cour juge "qu'il est probable que le président a exercé légalement son autorité statutaire" en envoyant des soldats de ce corps de réserve de l'armée. Elle revient ainsi sur la décision d'une juge de première instance bloquant ce déploiement dans cette ville d'Oregon que Donald Trump a décrit comme "ravagée par la guerre", une analyse totalement rejetée par les autorités locales.
Le milliardaire républicain a annoncé fin septembre son intention d'envoyer 200 soldats dans la ville. Une mesure très controversée, déjà mise en œuvre à Los Angeles, Washington, Memphis et que son administration tente également d'utiliser à Chicago.
À Portland, de nombreuses manifestations ont eu lieu ces derniers mois pour contester la politique migratoire du président, autour d'un bâtiment de la police de l'immigration (ICE). Lors de ces événements, certains manifestants sont déguisés en licorne ou en grenouille et les forces de l'ordre ont parfois utilisé du gaz lacrymogène pour disperser la foule.
"Il n'y a pas d'insurrection"
Ces troubles sont largement gérables par les forces de l'ordre locales, selon la gouverneure de l'Oregon, Tina Kotek, qui exerce une autorité conjointe avec le président sur la Garde nationale de son État et n'a jamais jugé nécessaire de recourir à ces soldats. "Il n'y a pas d'insurrection, il n'y a pas de menace pour la sécurité nationale, et il n'y a pas besoin de troupes militaires dans notre grande ville", avait dénoncé la démocrate début octobre.
Une juge lui avait initialement donné raison, en bloquant temporairement l'envoi des troupes car il n'y avait pas de "danger de rébellion". Mais dans sa décision rendue lundi, deux des trois juges de la cour d'appel estiment que Donald Trump est dans son droit. Non pas parce qu'il y aurait une rébellion, mais parce que le président peut faire appel à la Garde nationale lorsqu'il "est incapable avec les forces régulières d'exécuter les lois des États-Unis". Ce cadre s'applique selon eux aux événements autour du bâtiment d'ICE à Portland, où les manifestants interfèrent avec le travail de la police de l'immigration.
Un avis contesté "avec véhémence" par la troisième juge de la cour, Susan Graber, qui a mis en garde contre un jugement dangereux pour l'ensemble des États-Unis. "La décision d'aujourd'hui n'est pas simplement absurde", a-t-elle souligné dans un avis dissident, en rappelant l'incongruité de considérer Portland comme une "zone de guerre" lorsque des manifestants portent "des costumes de poulet". "Elle érode des principes constitutionnels fondamentaux", a-t-elle ajouté. À savoir, "le contrôle souverain des États sur leurs milices et les droits du Premier Amendement des citoyens à se rassembler et à s'opposer aux politiques et actions du gouvernement."
Avec AFP
