
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, fait une déclaration après une réunion d'urgence de son cabinet sur Gaza, à Londres le 29 juillet 2025. © Toby Melville / POOL/AFP
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé, mardi 29 juillet, que son pays reconnaîtrait l'État de Palestine en septembre, sauf si Israël prenait une série d'engagements, dont celui d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
"Je peux confirmer que le Royaume-Uni reconnaîtra l'État de Palestine d'ici à l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, à moins que le gouvernement israélien ne prenne des mesures substantielles pour mettre fin à la situation épouvantable à Gaza, convienne d'un cessez-le-feu et s'engage dans une paix durable et à long terme, ravivant la perspective d'une solution à deux États", a déclaré le dirigeant travailliste.
Il demande aussi à Israël de "permettre aux Nations unies de reprendre la fourniture d'aide et de s'engager à ce qu'il n'y ait pas d'annexions en Cisjordanie".
Le ministère israélien des Affaires étrangères a dans la foulée dit "rejeter" l'annonce de Londres, qualifiant "le changement de position du gouvernement britannique" de "récompense pour le Hamas".
Benjamin Netanyahu a accusé, pour sa part, les Britanniques de "complaisance envers les terroristes jihadistes" et de reconnaissance du "terrorisme monstrueux du Hamas".
"Le moment d'agir"
Parallèlement, Downing Street a annoncé avoir procédé à des largages d'aide humanitaire sur la bande de Gaza, menacée de "famine", selon l'ONU.
La pression s'est intensifiée ces derniers jours sur le Premier ministre britannique, après que le président français, Emmanuel Macron, a annoncé, jeudi dernier, que son pays allait reconnaître un État palestinien à l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU, devenant ainsi le premier État du G7 à le faire.
Il exige du Hamas la libération des otages restants - 27 des 49 ont été déclarés morts par l'armée israélienne - ainsi que la démilitarisation totale de ce mouvement, afin qu'il "ne joue plus aucun rôle clé" dans la bande de Gaza.
Keir Starmer s'est entretenu avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avant l'annonce, lui disant que "la situation à Gaza était intolérable", a déclaré une porte-parole de Downing Street.
"Il a exhorté le Premier ministre à prendre des mesures immédiates pour lever toutes les restrictions à l'accès à l'aide", a-t-elle ajouté dans un compte rendu de l'appel.
Le dirigeant travailliste s'est également entretenu avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui a "salué" l'annonce de la reconnaissance, a noté la porte-parole.
Solution à deux États
La veille, le président américain Donald Trump s'était abstenu de toute critique à propos d'une éventuelle reconnaissance, au cours d'une conférence de presse dans son complexe de golf de Turnberry, en Écosse.
Quand les journalistes lui avaient demandé si Keir Starmer devait céder à la pression croissante des députés britanniques et reconnaître comme Paris l'État de Palestine, Trump avait simplement répondu : "Je ne vais pas prendre position, ça ne me dérange pas que lui (Keir Starmer) le fasse".
Selon le décompte de l'AFP, au moins 142 des 193 États membres de l'ONU, dont la France, reconnaissent l'État palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.
Parachutages de vivres
Par ailleurs, les agences de l'ONU ont appelé mardi à "inonder" d'aide alimentaire la bande de Gaza, menacée d'une "famine généralisée".
À la faveur d'une pause partielle dans les bombardements annoncée par Israël, Londres a participé, aux côtés de la Jordanie, et des Émirats arabes unis à des parachutages de vivres dans le ciel de Gaza. Tandis que la France a annoncé qu'elle larguerait 40 tonnes d'aide sur Gaza à partir de vendredi.
Sur une plage proche de Deir el-Balah, dans le centre de Gaza, des Palestiniens ont dû se jeter dans la mer pour sauver ce qu'ils pouvaient quand des parachutes sont tombés dans l'eau.
Un organisme international de surveillance de la faim soutenu par l'ONU a averti que le "pire scénario de famine est en cours à Gaza", en raison de la guerre, des déplacements massifs de populations et des restrictions à l'aide humanitaire.
"Plus de 20 000 enfants ont été traités contre la malnutrition aiguë entre avril et mi-juillet" et les hôpitaux ont signalé au moins 16 décès d'enfants de moins de cinq ans depuis le 17 juillet, souligne ce rapport.
Pour le Programme alimentaire mondial (PAM), la catastrophe humanitaire à Gaza rappelle les famines en Éthiopie et au Biafra, au Nigeria, au siècle dernier.
Raids israéliens sur le camp de Nousseirat
Malgré la pause des combats, la Défense civile a fait état de 30 morts, "des femmes et des enfants pour la plupart", dans des raids israéliens sur le camp de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza.
L'armée israélienne a affirmé avoir visé "plusieurs cibles terroristes" dans cette région.
Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé, mardi, que la guerre avec Israël avait déjà fait plus de 60 000 morts.
Quelque 2,4 millions de Palestiniens sont assiégés à Gaza par Israël depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.
