Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer samedi sur une résolution autorisant l'envoi de 300 observateurs. Au moins 24 civils et 18 membres des forces de l'ordre sont morts vendredi en marge de nouvelles manifestations anti-régime.
AFP - Le Conseil de sécurité des Nations unies votera samedi matin sur une résolution autorisant l'envoi de 300 observateurs en Syrie, selon des diplomates à l'ONU, au lendemain de la mort de 24 civils et 18 membres des forces de l'ordre lors de manifestations anti-régime malgré un cessez-le-feu qualifié de "très fragile" par l'émissaire international Kofi Annan.
"Je pense qu'il y aura un accord", a déclaré l'ambassadeur français à l'ONU Gérard Araud, précisant qu'un nouveau projet de texte allait entre-temps être élaboré et envoyé aux capitales pour avis. "Notre objectif est limité, il est d'envoyer une mission d'observateurs en Syrie", a-t-il ajouté.
La réunion du Conseil commencera à 11H00 locales (15H00 GMT).
L'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant a estimé lui aussi que les 15 pays membres "étaient très proches d'un accord".
La Russie a proposé un nouveau projet de résolution et "espère son adoption samedi matin", a déclaré à la presse son ambassadeur Vitali Tchourkine.
Vendredi, La Russie et les Européens avaient soumis à leurs partenaires du Conseil de sécurité deux projets rivaux de résolution sur la mission des observateurs en Syrie.
Les deux textes, dont l'AFP a obtenu copie, autorisent le déploiement pour une période initiale de trois mois de 300 observateurs militaires de l'ONU non armés afin de superviser le cessez-le-feu et d'aider à faire appliquer le plan de paix de M. Annan.
Mais seul le projet européen menace Damas de sanctions s'il ne retire pas ses forces des villes syriennes comme il l'avait promis au médiateur international.
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a indiqué que Paris souhaitait une mission d'observation "aussi robuste que possible".
De leur côté, les Etats-Unis demandent à leurs alliés de se tenir prêts à "accentuer la pression" sur la Syrie si le plan Annan échoue, a indiqué vendredi la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland.
Samedi dernier, le Conseil avait adopté une première résolution autorisant l'envoi en Syrie d'une équipe restreinte de 30 observateurs. A la demande du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, il doit adopter une nouvelle résolution pour déployer une équipe complète de 300 observateurs.
Cette mission de l'ONU est chargée de surveiller le cessez-le-feu en Syrie, régulièrement violé depuis son entrée en vigueur le 12 avril, et d'aider à faire appliquer le plan de paix du médiateur de l'ONU Kofi Annan.
Au sein du Conseil, la Russie, la Chine, l'Inde, le Maroc ou l'Afrique du Sud entre autres souhaitent une décision et un déploiement rapides.
Des dizaines de milliers de manifestants hostiles au régime de Bachar al-Assad ont interpellé vendredi les observateurs internationaux dépêchés en Syrie pour surveiller un cessez-le-feu qualifié de "très fragile" par l'émissaire international Kofi Annan.
Violée chaque jour depuis son entrée en vigueur le 12 avril, la trêve a de nouveau vacillé avec la mort de 24 civils tués par les forces gouvernementales selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et de 18 membres des forces de l'ordre tués par des "terroristes" selon les médias officiels.
Ces nouvelles violences portent à environ 150 le nombre de morts depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 12 avril.
Les manifestants ont interpellé l'équipe restreinte d'observateurs déjà sur le terrain, dénonçant leur nombre --moins d'une dizaine-- jugé trop faible.
"Où sont les observateurs?", "Où sont les résolutions contraignantes du Conseil de sécurité?", "Cinq observateurs pour surveiller Bachar?", interrogeaient des panneaux à travers le pays, selon des vidéos tournées par les militants.
Après avoir tergiversé, Damas a signé jeudi le protocole organisant le travail des observateurs, condition de la poursuite de leur mission entamée lundi.
Leur chef, le colonel Ahmed Himmiche a toutefois affirmé à l'AFP qu'ils n'assisteraient pas aux manifestations afin d'éviter que leur "présence ne soit utilisée" pour favoriser "une escalade" des violences.
Face à la poursuite des violences, le porte-parole de Kofi Annan, Ahmed Fawzi, a qualifié le cessez-le-feu de "très fragile" et estimé que la situation sur le terrain n'était "pas bonne".
Moscou, grand allié de Damas, a une nouvelle fois estimé que la trêve était "dans l'ensemble" respectée, alors que les violences ont fait en 13 mois plus de 11.100 morts selon l'OSDH.
"Homs, nous sommes avec toi jusqu'à la mort", ont scandé des milliers de manifestants à Qamichli, dans le nord-est kurde, et des milliers d'autres ont défilé dans la quasi-totalité des régions du pays en proie depuis le 15 mars 2011 à une révolte qui s'est militarisée au fil des mois.
A travers la Syrie, les militants ont fait état d'un déploiement militaire massif, qui a en particulier bloqué de nombreuses mosquées, point de départ traditionnel des manifestations après la prière du vendredi.
Estimant le plan Annan "voué à l'échec" à cause du manque de coopération du régime, les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) ont réclamé jeudi soir une intervention militaire international sans l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU, longtemps paralysé par les vetos russe et chinois.
Si les pays occidentaux continuent de rejeter tout recours à la force hors mandat de l'ONU, une quinzaine de chefs de diplomatie arabes et occidentaux ont évoqué jeudi à Paris une éventuelle implication de l'Otan.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a révélé que la Turquie envisageait d'invoquer la charte de l'Otan, qui prévoit la solidarité entre ses Etats membres, après des bombardements sur sa frontière avec la Syrie.
M. Juppé a pour sa part évoqué sans les préciser "d'autres options" en cas d'échec du plan Annan, qui ouvrirait selon lui "le chemin vers la guerre civile".
Favori de la présidentielle en France, François Hollande a déclaré que s'il était élu et qu'une intervention militaire était décidée par l'ONU, la France "y participerait".
L'Organisation de la coopération islamique (OCI) a annoncé qu'elle contribuerait aux missions d'observation de l'ONU, après avoir déjà participé à une mission humanitaire aux côtés des Nations unies.