
Les "Amis de la Syrie" se sont une nouvelle fois réunis ce jeudi, à Paris. Une rencontre au cours de laquelle ils ont rappelé leur volonté de faire preuve de fermeté à l'égard de Damas et se sont inquiétés d'un éventuel échec du plan Annan.
Une réunion internationale des "Amis de la Syrie" s’est tenue, ce jeudi 19 avril, à Paris, pour tenter de trouver une solution pacifique à la crise syrienne qui sévit depuis plus d’un an. Une quinzaine de ministres des Affaires étrangères et des personnalités du monde occidental et arabe ont fait le déplacement, parmi lesquels la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. Seules les diplomaties russes et chinoises, indéfectibles soutiens du régime de Bachar al-Assad, manquaient à l’appel. Si la Chine dit "étudier sérieusement" l’envoi d’observateurs dans le pays, la Russie n’a pas caché son profond désaccord quant au but même de cette réunion. "L’objectif, de toute évidence, n'est pas du tout la recherche d'un terrain pour parvenir à un dialogue inter-syrien, mais à l'inverse l'approfondissement des contradictions entre l'opposition et Damas en poussant à l'isolement [du gouvernement syrien, NDLR] sur la scène internationale", a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch.
"Nous ne pouvons pas attendre, le temps est compté"
Les "Amis de la Syrie" partagent un tout autre avis et voient tout l’intérêt que représente la rencontre en affirmant, une nouvelle fois, leur volonté de fermeté vis-à-vis du pouvoir syrien. Les diplomates ont aussi rappelé l’urgence de la situation : "Nous ne pouvons pas attendre, le temps est compté. Il faut que les observateurs soient vite déployés et puissent agir sans entrave", a expliqué le chef de la diplomatie française. "Si ce n'était pas le cas, nous devrions examiner quelles autres options s'ouvrent au Conseil de sécurité [de l'ONU] et à la communauté internationale". Ce dernier a également mis l’accent sur les conséquences désastreuses que serait l'échec du plan Annan qui est, selon lui, le garant de la paix et de la liberté. "Son échec, c'est le chemin vers la guerre civile, voire régionale", a-t-il assené.
La mission devra être "aussi robuste que possible"
Les "Amis de la Syrie" ont par ailleurs salué le travail effectué par l’opposition dans le cadre du plan Annan, tout en rappelant combien la mission des observateurs de l'ONU, sur le terrain, est rendue très difficile. La répression de l'armée régulière leur a, en effet, donné du fil à retordre en ne respectant pas toujours les règles du cessez-le-feu. Outre ce constat, Alain Juppé a souligné l’importance d’une nouvelle résolution pour renforcer les moyens de la mission d’observation. "Celle-ci doit être dotée du mandat et des moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs. La France, avec ses partenaires du Conseil [de sécurité de l'ONU] proposera très rapidement un projet de résolution", a dit M. Juppé à l'issue de la rencontre. La mission devra être "aussi robuste que possible", a-t-il ajouté.
Les États-Unis plaident pour des mesures plus sévères
Alain Juppé estime notamment que la mission devrait être composée de "plusieurs centaines d'hommes qui doivent avoir les moyens terrestres et aériens" de remplir leur mandat. Les États-Unis, quant à eux, souhaitent davantage de "mesures plus dures" contre le régime de Bachar al-Assad, avec une résolution du Conseil de sécurité prévoyant des sanctions et un embargo sur les armes contre Damas. "Nous devons nous orienter vigoureusement vers le Conseil de sécurité en vue d'une résolution sous le chapitre 7 prévoyant des sanctions, une interdiction de voyage, des sanctions financières, un embargo sur les armes", a estimé la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton. S'exprimant au nom de "Amis de la Syrie", Alain Juppé a rappelé qu’aucune piste ne devait être mise de côté. "Si le plan Annan ne peut se mettre en place de manière efficace, alors nous envisagerons d'autres options", a affirmé le chef de la diplomatie française.