Pas moins de 56 pays seront représentés au 65e Festival de Cannes, qui se déroulera du 16 au 27 mai prochains. Un éclectisme qui témoigne du souci d'ouverture des organisateurs. Revue de détails de ce qui attend les festivaliers.
C’est le tour de force du Festival de Cannes : parvenir à faire saliver les amateurs de la presse people comme les lecteurs assidus des revues de cinéma les plus pointues. Pour sa 65e édition, le plus grand événement cinématographique du monde a encore concocté un savant mélange de strass, de paillettes et de cinéma d’auteur "à la limite de l’expérimental", comme l’a indiqué ce jeudi 19 avril Thierry Frémaux, délégué général du Festival, à l’occasion de la rituelle présentation de la sélection officielle.
Côté glamour, les organisateurs n’ont pas eu la main leste. Les stars Bruce Willis, Brad Pitt, Nicole Kidman et Marion Cotillard, pour ne citer qu’elles, sont attendues cette année sur la Croisette. Mais c’est sans conteste le duo romantico-gothique formé, à la ville comme à l’écran, par Kristen Stewart et Robert Pattinson qui devrait déclencher la salve de flashs la plus nourrie. Rien ne dit cependant que les deux héros de la trilogie "Twilight" monteront ensemble les fameuses marches du Palais des Festivals puisque nos tourtereaux ne figurent pas dans le même film.
Le premier campe, aux côtés des Français Juliette Binoche et Mathieu Amalric, un golden-boy new-yorkais paranoïaque dans "Cosmopolis", du Canadien David Cronenberg, d’après le roman du même nom de l’Américain Don DeLillo. La seconde apparaît, quant à elle, dans l’adaptation signée Walter Salles de la mythique œuvre "beat generation" de Jack Kerouac "Sur la route"… Deux films particulièrement attendus qui témoignent d’un retour en force des productions nord-américaines, quelque peu boudées lors de l’édition précédente.
"USA is back"
Au total, six longs-métrages venus des États-Unis ont été retenus cette année par les programmateurs cannois. Parmi cet important contingent US, notons la présence du film d’ouverture "Moonrise Kingdom", de l’Américain Wes Anderson, initialement annoncé hors compétition ; de "The Paperboy" de Lee Daniels ; et de "Mud", le troisième film du benjamin Jeff Nichols (33 ans).
En France, les plus chauvins déploreront la présence timide de cinéastes hexagonaux dans la sélection officielle. Sur les 22 réalisateurs en lice pour la Palme d’or, seuls trois défendront les couleurs françaises : le chouchou Jacques Audiard et son "De rouille et d’os", le revenant Leos Carax avec "Holy Motors", et le doyen Alain Resnais (81 ans) avec "Vous n’avez encore rien vu". "Thérèse Desqueyroux", le dernier film de Claude Miller, récemment disparu, clôturera lui les festivités... mais hors compétition. Les "cocoricophiles" pourront toujours se gargariser de la présence de plusieurs comédiens français dans des films étrangers : Isabelle Huppert dans "In Another Country", du Sud-Coréen Hang Sangsoo, Juliette Binoche et Mathieu Amalric dans le sus-cité "Cosmopolis"…
Films, vos papiers !
C’est d’ailleurs une particularité de ce Festival de Cannes version 2012 : la libre circulation des cinéastes et comédiens dans un monde qui semble avoir aboli les frontières. Aussi, les deux Australiens Andrew Dominik et John Hillcoat concourrent-ils pour les États-Unis, le premier avec "Killing them Softly" et le second avec "Lawless". Tandis que "Amour", de l’Autrichien Michael Haneke, bat pavillon français. Plus étrange encore, la présence de l’Iranien Abbas Kiarostami pour un film... japonais ("Like Someone in Love"). Le cinéma à l'heure de la mondialisation...
De fait, entre la sélection officielle et la section parallèle Un certain regard, pas moins de 56 pays seront représentés cette année sur les bords de la Méditerranée, selon les calculs de Thierry Frémaux. Le continent le mieux loti reste - comme presque chaque année - l’Europe, qui peut se réjouir d’être représentée, entre autres, par le porte-drapeau du cinéma social britannique Ken Loach ("La Part des anges"), l’Italien qui défia la mafia Matteo Garrone ("Reality") ou encore le lauréat 2007 de la Palme, le Roumain Cristian Mungiu ("Beyond the Hill").
Une déception toutefois : la très faible présence - comme presque chaque année - de l’Afrique. L’Égyptien Yousry Nasrallah ("Après la bataille") fait figure de seul représentant du continent dans la compétition. L’unique Subsaharien retenu à Cannes, le Sénégalais Moussa Touré, l’a été, lui, dans Un certain regard. Il y défendra son film "La Pirogue" aux côtés de sérieux concurrents dont le curriculum vitae leur a valu d’être un moment pressenti en sélection officielle. Longtemps annoncés comme prétendants à la Palme d’or, "Laurence Anyways", du jeune prodige québécois Xavier Dolan, "Le Grand Soir", du duo français Benoît Delépine-Gustave Kervern, "Elefante Blanco", de l’Argentin Pablo Trapero, ou encore "À perdre la raison", du Belge Joachim Lafosse, devront se contenter de la "sélection bis".
Sélection qui a l’autre mérite d’accueillir les deux seules femmes invitées cette année à présenter leur film. Les heureuses élues sont les Françaises Catherine Corsini, avec "Trois mondes", et Sylvie Verheyde, auteur d’une adaptation du roman d’Alfred de Musset "Confession d’un enfant du siècle", avec la sage Charlotte Gainsbourg et le turbulent musicien Pete Doherty. Glamour, toujours glamour…
Liste des films en compétition :
"Moonrise Kindgom", de Wes Anderson (ouverture)
"Cosmopolis ", de David Cronenberg
"De rouille et d’os", de Jacques Audiard
"Holy motors", de Leos Carax
"The Paperboy", de Lee Daniels
"Killing Them Softly", d’Andrew Dominik
"Amour", de Michael Haneke
"Reality", de Matteo Garrone
"Vous n’avez encore rien vu", d’Alain Resnais
"Post Tenebras Lux", de Carlos Reygadas
"Mud", de Jeff Nichols
"Dans un autre pays", de Hong Sangsoo
"Taste of Money", de Im Sangsoo
"Lawless", de John Hillcoat
"Like Someone in Love", d’Abbas Kiarostami
"La Part des anges", de Ken Loach
"Dans la brume", de Sergei Loznitsa
"Beyond The Hills", de Cristian Mungiu
"Après la bataille", de Yousry Nasrallah
"Sur la route", de Walter Salles
"The Hunt", de Thomas Vinterberg
"Paradis : Amour", d'Ulrich Seidl