"A Cœur perdu", premier roman de Siwar al-Assad, cousin germain de Bachar al-Assad, président de la Syrie, suscite la curiosité de la presse. Il ne faut y chercher aucune trace du passé familial, affirme pourtant son auteur.
(photo principale tirée du compte Twitter de @siwaralassad)
Alors que son cousin, à la tête de la Syrie, réprime dans le sang la rébellion depuis plus d’un an dans son pays, lui pond un thriller romantique. Siwar al-Assad, le romancier, et Bachar al-Assad, le chef d’État syrien, sont cousins germains : leurs pères sont frères.
Le romancier, qui vit à Londres, est l’un des fils de Rifaat al-Assad, le frère cadet de feu l'ancien président syrien Hafez al-Assad. Exilé en Europe après une tentative de coup d’État, Rifaat al-Assad est accusé d’avoir participé au massacre de milliers de Frères musulmans dans la ville de Hama, en 1982.
Mais Siwar al-Assad semblerait d’une autre étoffe. À 36 ans, ce directeur d’une chaîne de TV par satellite basée à Londres, Al-Alamia, publie son premier roman en français "À Cœur perdu" (éd. Encre d’Orient). L’histoire est celle d’un employé des Nations unies qui enquête sur les conditions de sa transplantation cardiaque à l’adolescence. Le personnage cherche par la même occasion à se consoler d’un chagrin d’amour et à percer un crime commis par son père.
"Le Petit Prince"
“À Cœur perdu” est un "thriller compact, haletant et d’une étonnante maîtrise pour un premier roman", estime Alfred de Montesquiou qui a interviewé Siwar al-Assad pour Paris Match. Le journaliste dépeint un homme "pudique, sensible, la voix presque timide" lors de l'entretien.
Siwar al-Assad écrit en français, qui est pour lui non seulement le "langage de la littérature", mais "aussi une langue plus personnelle, celle [qu'il a] commencé à apprendre au moment de partir en exil en Suisse, à 8 ans, en lisant 'Le Petit Prince'" de Saint-Exupéry. Siwar al-Assad a quitté la Syrie enfant, après la tentative de coup d’État de son père en 1982.
Diplômé de droit de l’université Paris-Sorbonne, Siwar al-Assad dirige à présent Al-Alamia, une chaîne de télévision qui diffuse des programmes culturels et de divertissement en arabe et en anglais. Ses liens avec la Syrie ? "Bachar a beau être mon cousin, je ne l’ai rencontré qu’une seule fois dans ma vie, par hasard. Et je ne suis allé en Syrie qu’une fois cette année, en mai", affirme-t-il à Paris Match.
N’allez donc pas voir dans ce roman une porte d’entrée dans le secret de la famille Assad. L’auteur admet toutefois avoir "gommé toutes les scènes qui se passaient au Moyen-Orient" pour éviter que "l’on puisse tenter de faire une connexion entre moi et les événements tragiques que traverse la Syrie depuis un an".
Prudent, il ne relève pas la coïncidence entre le personnage du père dans le roman, auteur d’un crime à élucider, et les crimes dont est accusé son propre père, Rifaat al-Assad. "Je n’enquêterai jamais sur mon père, ce n’est pas à moi de le faire. Hama, c’était il y a trente ans. Si mon père était réellement coupable, on l’aurait inculpé depuis longtemps", estime-t-il dans l’interview de Paris Match. Et l’auteur de finir par lâcher : "En écrivant mon roman, je n’ai pensé ni à moi ni à ma famille. Si certains éléments se ressemblent, ça relève de l’inconscient…"