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Ankara s'inquiète de l'afflux de réfugiés syriens sur son territoire

Près de 25 000 réfugiés ont afflué en Turquie depuis le début de la crise syrienne. Ankara menace le régime de Damas de prendre des "mesures" s'il ne cesse ses violences contre le mouvement de contestation.

AFP - La Turquie s'inquiète de l'afflux de réfugiés syriens sur son sol -actuellement plus de 24.500- et menace de prendre des "mesures" si le régime de Damas ne cesse pas les violences à la date butoir de mardi fixée par l'Onu.

"Nous allons suivre patiemment ce qui se passe jusqu'au 10 avril", a déclaré samedi soir le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, selon le quotidien Hürriyet.

"Nous mettrons en place des mesures" si la violence ne cesse pas, a-t-il ajouté, avant de commencer une visite officielle en Chine, fidèle allié de Damas. Selon les médias turcs, la crise syrienne devait être évoquée lors de cette visite.

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Deux réfugiés syriens et un traducteur turc blessés en Turquie par des tirs venant de Syrie
Ankara s'inquiète de l'afflux de réfugiés syriens sur son territoire

M. Erdogan n'a pas précisé quelles mesures pourrait prendre la Turquie, pays qui a rompu avec le régime syrien et qui s'inquiète d'un nombre croissant de réfugiés sur son sol.

Plusieurs scénarios ont été envisagés par la presse turque, notamment la création d'une zone tampon le long de la frontière. Mais cette option, qui implique l'engagement de troupes turques ou d'autres pays en territoire syrien, signifierait une internationalisation du conflit dans une région déjà sous haute tension.

Environ 4.000 Syriens ont fui en Turquie depuis jeudi dernier, alors que l'armée syrienne multiplie ratissages et bombardements, le régime paraissant chercher à en finir avec la rébellion avant la date-butoir du 10 avril fixée par l'ONU pour le retrait de ses troupes et la fin des violences.

Un responsable turc a annoncé samedi l'arrivée de près de 700 Syriens au cours des 24 heures précédentes, et le nombre total des réfugiés était de 24.564 dimanche, a précisé un responsable turc à l'AFP.

Au moins 128 personnes ont été tuées samedi en Syrie, lors de bombardements et affrontements entre rebelles et forces régulières, notamment dans la province d'Idleb, frontalière avec la Turquie.

Dans une conversation téléphonique samedi, le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a invité l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie Kofi Annan à venir en Turquie à tout moment "pour constater la situation des victimes syriennes" réfugiées sur le sol turc, selon un responsable du ministère.

M. Annan a accepté le principe d'une telle visite, selon la même source.

M. Davutoglu a déclaré vendredi qu'il a demandé aux Nations unies et à la communauté internationale d'"intervenir" face à cette situation.

"Nous n'avons pas ménagé nos efforts pour accueillir les Syriens fuyant les violences dans leur pays mais s'ils continuent d'arriver à ce rythme, les Nations unies et la communauté internationale doivent intervenir", a-t-il dit.

Dès la mi-mars, le président du Croissant rouge turc, Ahmet Lütfi Akar, avait redouté des arrivées massives de réfugiés, évoquant même des scénarios impliquant des chiffres "pouvant aller jusqu'à 500.000 personnes".

Les réfugiés syriens sont accueillis dans des camps des provinces de Hatay, Gaziantep et Kilis, et le gouvernement turc prépare de nouveaux sites dans la province de Sanliurfa.

Les violences en Syrie ont coûté la vie à plus de 9.000 personnes depuis mars 2011, selon les chiffres des Nations unies.

La Turquie a rompu tout contact avec Damas, son ancien allié politique et économique. Elle apporte son soutien à l'opposition politique au régime de Bachar al-Assad et accueille aussi les dirigeants des rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL), composée principalement de déserteurs des forces régulières.