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Les salariés d'ArcelorMittal achèvent leur "marche de l'acier" à Paris

Après avoir parcouru 300 km à pied depuis le site industriel de Florange (Lorraine), les marcheurs d’ArcelorMittal sont arrivés ce vendredi à Paris. Une manière symbolique de protester contre la menace qui pèse sur leur usine.

"On est arrivés, on lâche rien," ont-ils clamé fièrement à leur arrivée à Paris, tous vêtus du même coupe-vent orange, aux couleurs d’Arcelor.

Le périple des salariés français du numéro un mondial de la sidérurgie s’est achevé ce vendredi 6 avril, place du Trocadéro, à Paris. Fatigués, en pleurs pour certains, ils n’étaient plus que neuf "marcheurs de l’acier" - sur 18 à l'origine - au pied de la tour Eiffel, fiers des 300 km parcourus à pied depuis le 28 mars, jour de leur départ du site de Florange, en Moselle. Une action symbolique qui vise à défendre leurs emplois, précarisés par la mise en suspens des deux hauts fourneaux de l’aciérie.

En pleine campagne électorale, les salariés ont décidé de se faire entendre alors qu’avec le président-candidat Nicolas Sarkozy, l’homme qui les "insulte" comme ils disent, la rupture est consommée.

À la mi-mars, les syndicats ont organisé une manifestation aux abords du quartier général de campagne du chef de l'État sortant, après avoir promis de faire de Florange le "cauchemar du gouvernement". Quelque 150 manifestants s’étaient alors heurtés à un important dispositif de sécurité et avaient été la cible de gaz lacrymogènes.

La CFDT dans le collimateur de Sarkozy

Réagissant à l’incident, Nicolas Sarkozy a affirmé le 2 avril que les permanents de la CFDT - majoritaires parmi les syndicats de l’aciérie - trahissaient la confiance des salariés, les accusant de faire de la politique au lieu de les défendre. Invités quelques jours plus tard à l’Élysée pour débattre du problème, des syndicats avaient pour la plupart décliné la proposition du chef de l’État.

Craignant une mort programmée de leur usine, les salariés ont entamé ces derniers mois une lutte pour la remise en service des hauts fourneaux de leur usine. Le 20 février, ils investissaient les locaux de la direction d’ArcelorMittal. Au total, quelque 2 500 postes de permanents sont menacés par la fermeture du site en Moselle. Une catastrophe sociale qui s’ajouterait à la fermeture de Gandrange, site industriel voisin, en 2009 malgré les promesses formulées par Nicolas Sarkozy. Près de 600 emplois avaient alors été supprimés.

Alors que le président-candidat a déclaré, e 2 avril, avoir "obtenu 17 millions d’euros d’investissements" pour le site mosellan, l’annonce a été démentie par la direction du site, précisant que cette somme correspondait à des investissements d’entretien et était déjà prévue.

"Fiers"

Arrivés dans la capitale, les hommes savourent leur victoire. "Nous sommes fiers de notre marche, de nos efforts, même si on a mal partout," s’exclame Édouard Martin, délégué du syndicat CFDT, ravi du "feu d’artifice" qui a lieu dans sa tête.

Réunis avec leur famille aux pieds du géant de fer, les marcheurs soulignent l’importance du lieu : la tour Eiffel a en effet été construite avec de l’acier français. Mais au-delà du symbole de cette aventure, l’un des participants évoque "une histoire humaine formidable".

Avoir un impact sur la classe politique

Près de deux semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle, les syndicats comptent sur l’opportunité de politiser leurs revendications et appellent les candidats à la magistrature à agir. "Nous, les Lorrains, nous qui sommes déterminés, nous voulons garder notre usine, on ira jusqu’au bout de la terre s’il le faut," assure Édouard Martin, casquette vissée sur la tête, avertissant que cette action n’est qu’une parmi d’autres. "Les promesses des uns et des autres, on les jugera aux actes."

Estimant qu'un président de la République doit "respecter les syndicats", François Hollande a accusé le 2 avril Nicolas Sarkozy d'avoir attaqué "l'ensemble du monde salarié" en s'en prenant aux délégués CFDT de l'entreprise ArcelorMittal de Florange. Le candidat du Nouveau parti anti-capitaliste (NPA), Philippe Poutou, a, pour sa part, qualifié de "coups tordus" la réaction de son adversaire de l’UMP.

Résolus, les syndicats ont d’ores et déjà donné rendez-vous au prochain président, le 7 mai, à l’Élysée.