La majorité des athlètes syriens ne veulent pas participer aux prochains JO de Londres, mais le feront par peur des représailles du régime, selon l’ancien international de football syrien Abdelbasset Saroot. Une situation intenable...
La présence d’une délégation syrienne aux prochains Jeux olympiques (JO) de Londres fait actuellement débat. Tout d’abord autorisée par les autorités britanniques et espérée par le Comité international olympique (qui, le 14 mars, exprimait par la voix de son président Jacques Rogge sa volonté de "tout faire" pour que les sportifs syriens y soient présents, à moins que l'un d'eux ne soit impliqué dans des crimes de guerre), elle viendrait finalement dans la capitale britannique sous la contrainte.
Les athlètes "ne veulent pas jouer pour un drapeau dont ils ne sont pas fiers", selon Abdelbasset Saroot, ex-gardien de but de l'équipe syrienne de football. Dans une interview diffusée le 4 avril par la chaîne britannique ITV, cet ancien international âgé de seulement 20 ans déclare : "Je sais personnellement que la majorité des athlètes ne veulent pas participer [aux JO, NDLR] et qu'ils le feront par peur pour leurs familles, par peur de représailles de la part du régime s'ils ne se soumettent pas".
Une situation qui risque de susciter une vive polémique compte tenu de la répression qui a fait plus de 9 000 morts en Syrie depuis plus d'un an, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme et l'ONU. "Mon message, en tant que footballeur, athlète et militant, est avant tout que nous assistons à un véritable massacre ici (en Syrie)", souligne le jeune joueur. "Il s'agit d'un massacre, car des gens sont abattus. Le monde a oublié la crise humanitaire, les habitations que l'on démolit."
"Je ne crois pas que nous devrions punir les sportifs syriens"
Justement, certains luttent pour un boycott de la Syrie aux prochains JO, comme les militants de l'opposition syrienne qui ont notamment appelé Londres à interdire la présence du directeur du Comité national olympique syrien, le général Mouaffak Djoumaa, ainsi que d'autres responsables considérés comme proches de Bachar al-Assad. À ce sujet, le Premier ministre britannique David Cameron avait expliqué, le 28 mars dernier, que les athlètes syriens seront autorisés à participer aux JO, mais que les personnes liées au pouvoir visées par des sanctions ne seront pas les bienvenues.
"Je ne crois pas que nous devrions punir les sportifs pour les méfaits du régime, mais soyons tout à fait clairs : la Grande-Bretagne a mené les efforts au sein de l'Union européenne et ailleurs pour mettre en place des gels d'avoirs, des interdictions de déplacements et des sanctions contre ce régime odieux", a déclaré Cameron lors d’une conférence de presse avec le président du CIO, Jacques Rogge. "Les personnes concernées par l’une de ces interdictions ne seront donc pas les bienvenues à Londres", a-t-il ajouté.
Au total, 126 personnalités liées au régime syrien sont visées par les sanctions européennes, parmi lesquelles le président Bachar al-Assad et son épouse Asma, qui est pourtant née à Londres et possède la nationalité britannique.