En meeting dans la Ville Rose ce jeudi, le candidat du Front de Gauche entend réitérer le succès remporté le 18 mars place de la Bastille, à Paris, en réunissant quelque 50 000 sympathisants sur la place du Capitole.
AFP - Après la "prise de la Bastille" le 18 mars à Paris, Jean-Luc Mélenchon investit jeudi soir la Place du Capitole à Toulouse pour une nouvelle démonstration de force, et du haut de ses 13 à 15% dans les sondages à deux semaines du premier tour, il se prend à rêver du deuxième.
"Votre bulletin de vote, ce n'est pas seulement pour ou contre Sarkozy, c'est pour ou contre l'austérité et si c'est contre l'austérité c'est moi!", a lancé le candidat du Front de gauche (FG) lors d'un meeting archicomble mercredi soir à Limoges, fustigeant une nouvelle fois l'accord "Merkozy" sur le traité européen.
Jeudi soir, dans un discours de 40 minutes devant 50.000 personnes attendues sur la grand place de la Ville Rose repeinte en rouge, l'eurodéputé, au côté de Pierre Laurent (PCF) et Myriam Martin, ex-porte parole du NPA de Philippe Poutou, doit développer sa vision sur la souveraineté, la politique internationale (sortie du commandement intégré de l'Otan) et l'Europe.
"On est les seuls à proposer une rupture sur la souveraineté en Europe", souligne son conseiller Eric Coquerel, le FG souhaitant un référendum sur le traité européen quand François Hollande "se contente de dire +on va renégocier+ sans dire comment ni jusqu'où", selon lui.
Et par ce discours sur la rupture avec le système, le FG espère bien mobiliser encore pour convaincre hésitants et abstentionnistes. Avec l'objectif qui peut paraître irréaliste de se retrouver devant François Hollande, s'appuyant sur la forte progression de M. Mélenchon qui, depuis l'automne, a quasiment triplé son score dans les intentions de vote.
"Il faut que le candidat de gauche soit en tête du premier tour, je veux bien être en tête!", a d'ailleurs fait valoir l'intéressé mercredi, "ni grisé ni intimidé".
Dans son entourage, on se prend aussi à y rêver. "On ne s'arrêtera pas à 15%", veut croire M. Coquerel pour qui "le plus beau débat de deuxième tour ce serait Sarkozy-Mélenchon", "du projet contre projet et caractère contre caractère".
Et alors que François Hollande obtient jusqu'ici environ le double des intentions de vote de M. Mélenchon, il imagine un resserrement à l'avantage de son champion : "tout est possible" car "il y a une majorité antilibérale dans ce pays" et "il y a des deuxièmes tours qui se jouent à 22%" (gagnables après un tel score au premier tour, ndlr).
M. Mélenchon qui a, cette semaine, reçu le soutien d'une soixantaine de syndicalistes parmi lesquels Gilbert Garrel (CGT cheminots), se voit d'ailleurs en meilleur rassembleur que son concurrent socialiste, prêt à négocier avec toute la gauche s'il arrive en tête.
En tout cas, "l'enjeu primordial reste d'être devant le FN", reconnaît-on au FG, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon étant au coude à coude pour la 3e place. D'ailleurs, au reste de la gauche, PS et EELV en tête, M. Coquerel demande d'"arrêter de jouer à nous canarder alors qu'on est en passe d'aider la gauche toute entière" par ce combat anti-FN.
Quant à un rapprochement avec le PS, "pour l'instant, le programme de Hollande est tellement éloigné du nôtre qu'on ne voit pas comment gouverner ensemble", dit-il, alors que le candidat socialiste a redit qu'il ne modifierait pas son projet.
Et un meeting commun dans l'entre-deux tours ? "Ce n'est pas l'option la plus réaliste", a priori "on fera nos meetings à part", juge-t-on au FG, anticipant une "dynamique du Front de gauche encore amplifiée aux législatives".