logo

Philippe Poutou, l’autre candidat anticapitaliste

Stagnant autour de 0,5% dans les sondages, le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Philippe Poutou, a du mal à se faire un nom dans la campagne face à la dynamique Mélenchon.

Le candidat trotskiste Philippe Poutou est à la peine dans la campagne présidentielle. Depuis le début de l’année, le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) n’a pas décollé des 0,5% dans les sondages. L’homme de 44 ans est loin de faire l’unanimité, même au sein de son propre camp. La semaine dernière, il a dû faire face à la défection de trois dirigeants de son parti, qui ont appelé à voter pour le candidat du Front de gauche (FG) Jean-Luc Mélenchon.

Pour l’instant, l’ouvrier de l'usine Ford à Blanquefort, en Gironde, est plus connu pour ses petites phrases qui font sourire que pour la ferveur de ses meetings politiques. Il a notamment déclaré, samedi 31 mars, qu’il "était plus fatigant de faire une campagne que de bosser à l'usine". Et d’avouer le lendemain qu’il ne sera "pas triste quand la campagne sera finie".

Défection pour le Front de gauche

Pour sa première - et dernière selon lui - campagne, Philippe Poutou peine à se créer un espace face à la dynamique de Jean-Luc Mélenchon, estime Eric Bonnet, directeur d’études chez BVA. "Il n’est pas très bon dans les médias, ce qui ne l’aide pas face au verbe et à la conviction du candidat du Front de gauche, précise-t-il. D’autant que la différence entre les programmes des candidats n’est pas très nette."

Jean-Luc Mélenchon a aspiré toutes les voix récoltées en 2007 par Olivier Besancenot - ancien candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR, devenue NPA en février 2009) qui avait récolté 4% en 2002 - mais aussi par Arlette Laguiller, candidate Lutte ouvrière (LO) à l’époque. "Les orphelins de Laguiller et Besancenot préfèrent miser sur Mélenchon que sur deux inconnus, à savoir Philippe Poutou et Nathalie Arthaud [l’actuelle candidate LO]". Et d’ajouter : "Mélenchon incarne le vote utile à la gauche de la gauche".

Dans l’ombre de Besancenot

Depuis plusieurs semaines, Olivier Besancenot vient en aide à son successeur dans la campagne. "Moi je suis son facteur attitré, j'en suis très fier", a-t-il déclaré cette semaine sur BFM en affirmant que Philippe Poutou doit "rester dans la course". Ensemble, ils tentent tant bien que mal de se démarquer de l’autre candidat anticapitaliste. "Il pense qu'il faut s'en prendre à la finance. Nous, on pense qu'il faut renverser le système capitaliste", a déclaré Philippe Poutou la semaine dernière. "Une dynamique du Front de gauche n’est pas forcément contradictoire avec un score qui peut être honorable à notre courant", a indiqué pour sa part Olivier Besancenot sur France 2 mardi 3 avril. "Nous, on pense qu’il y a un espace anticapitaliste qui est 100% indépendant du Parti socialiste."

Mais la popularité d'Olivier Besancenot a tendance à faire beaucoup d’ombre à Philippe Poutou. "Il est moins connu que Besancenot, il a moins d’expérience que lui et son discours est bien moins clair", commente Eric Bonnet.

Philippe Poutou peut toutefois espérer remonter dans les sondages d’ici le premier tour. "Les petits candidats peuvent espérer progresser durant la campagne officielle car ils gagnent en visibilité", explique Eric Bonnet.