
Air France a dévoilé les principales mesures qui devraient lui faire économiser 2 milliards d'euros d'ici à 2014. Un plan de restructuration qui, surprise, ne prévoit aucune suppression d'emplois. Élection présidentielle oblige...
Alexandre de Juniac marche sur des œufs. Le PDG d'Air France-KLM doit redresser les comptes du groupe, mais l'imminence du premier tour de l’élection présidentielle française lui complique un peu la tâche.
La compagnie aérienne, dont l’État est actionnaire à 16 %, a présenté, ce lundi 2 avril, les grandes lignes de sa feuille de route censée lui faire économiser 2 milliards d’euros d’ici à 2014. Un plan motivé par les 809 millions d’euros de pertes enregistrées par le groupe en 2011.
Air France espère gagner le premier milliard d’euros grâce au gel des salaires. Le milliard restant serait atteint grâce à une augmentation du nombre d’heures de vol des moyen-courriers (12 heures par jour au lieu de 8 heures, selon le journal "Les Échos") et du développement de l’offre low-cost - même peut-être sur les long-courriers.
Mais dans ses propositions, Alexandre de Juniac n’a jamais évoqué l’une des armes favorites des entreprises pour trouver de l’argent : la réduction d’effectifs. Pourtant à la fin de 2011, le cogglomérat Air France-KLM était au centre d’intenses rumeurs médiatiques selon lesquelles un plan de restructuration prévoyant son lot de suppressions de postes était envisagé. Le quotidien économique "La Tribune", relayé par la radio France Info avait évoqué la destruction de 2 000 emplois.
Le précédent Areva
Depuis le début de l’année 2012, le ton a changé. Les mesures d’économies sont toujours à l’ordre du jour mais l’emploi serait préservé. “Il y a une restructuration à faire, mais elle ne passe pas forcement par des licenciements”, a ainsi assuré, le 12 janvier, Thierry Mariani, le ministre des Transports.
Cette intrusion ministérielle dans la stratégie d’un groupe privé n’est pas sans rappeler le sort subi par Luc Oursel, le PDG d’Areva, en novembre 2011. À la suite de rumeurs faisant état d'une suppression de 3 000 postes au sein du géant français de l’énergie, son patron avait été convoqué par le ministre de l’Économie, François Baroin. Ce dernier avait, après cette réunion, assuré qu’il “n’y aurait ni plan social ni plan de départs volontaire” au sein d’Areva.
Mais pour les syndicats d’Air France, ce plan d’économies socialement convenable en période électorale n’est qu’un préambule à la vraie restructuration. “Nous sommes tranquilles jusqu’en juin, les modifications des effectifs interviendront à ce moment-là”, explique à "La Tribune" une source syndicale de la compagnie aérienne. Ce lundi, la direction du groupe a d’ailleurs précisé que “les détails pratiques” de son plan d’économies allaient être précisés au début de l’été... après l’élection présidentielle.