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Les cadres, solidaires des mouvements sociaux

Pour sa deuxième édition 2009, le baromètre des cadres Viavoice - pour HEC, Le Figaro Réussir, L’Express Réussir, France Inter et FRANCE 24 - révèle la solidarité des cadres à l'égard des mouvements sociaux.

Analyse de François Miquet-Marty, Viavoice

Par nature, la situation des cadres dans l’économie est ambivalente : d’une part les cadres détiennent des responsabilités qui devraient les conduire à exercer en permanence un rôle moteur sur l’économie ; mais d’autre part ils sont, agents économiques parmi d’autres, emportés par des évolutions de conjoncture qui peuvent les conduire à partager les inquiétudes et les découragements de tous.
Cette ambivalence est particulièrement frappante au coeur de la crise actuelle, et face aux mouvements sociaux que connaît la France aujourd’hui : les cadres adoptent-ils une attitude de défiance à l’encontre de mouvements contestataires susceptibles de fragiliser la vie des entreprises, ou, au contraire, s’en estiment-ils solidaires ? Cette nouvelle livraison des résultats de notre baromètre offre une réponse tranchée : les cadres soutiennent les mouvements sociaux, et cette solidarité s’explique, pour une large part, par l’amplification de leur malaise économique et social.

Solidarité des cadres à l’égard des mouvements sociaux


Les cadres se déclarent solidaires des mouvements sociaux en France : 58 % des personnes interrogées affirment « soutenir » ces mouvements, contre 36 % d’un avis inverse. Cette solidarité majoritaire émane en priorité :
- Des cadres du secteur public, lesquels soutiennent bien plus largement les mouvements sociaux (73 %) que les cadres du secteur privé (48 %) ;
- Des cadres ayant des revenus inférieurs à 3 000 € bruts mensuels (68 %), par opposition aux cadres ayant des revenus supérieurs (52 %).
Ce double soutien traduit les logiques à la fois politiques et économiques : sur un registre politique, les cadres du secteur public comptent les opposants les plus nombreux à Nicolas Sarkozy ; sur un registre économique, les cadres ayant les niveaux de revenus les plus faibles sont les plus sensibles aux enjeux du pouvoir d’achat et de l’emploi, mis en avant par les organisations syndicales.
De manière révélatrice de l’ampleur du pessimisme actuel, les cadres estiment très majoritairement (85 %) que « ces mouvements sociaux en France » vont être « de plus en plus importants ».

L’amplification du malaise économique et social des cadres

Cette solidarité des cadres à l’égard des mouvements sociaux s’explique, pour une large part, par l’amplification des inquiétudes économiques et sociales des personnes interrogées. De manière générale, l’indice synthétique du Moral des cadres atteint un nouveau record de faiblesse, à -45, soit un repli de deux points par rapport aux données enregistrées les deux derniers mois. Ce nouvel étiage révèle que la stabilisation de l’indice à -43, qui s’est opérée en début d’année, ne constituait pas un plancher préalable à une dynamique retrouvée, mais simplement une ligne de soutien précédant la baisse actuelle.

Aujourd’hui les cadres :

- Affichent une sévère décrue en termes de motivation : 53 % des cadres estiment que leurs collaborateurs sont « actuellement motivés », soit une baisse de 6 points par rapport au mois dernier : cette baisse est très importante parce qu’elle traduit la fin d’une dynamique de longue durée, enclenchée il y a près d’un an, en avril 2008, en faveur de scores de motivations orientés à la hausse (taux de motivation établi à 47 % en avril 2008, à 59 % en février 2009) ; les mauvais résultats actuels signifient que que la séquence des mobilisations croissantes est révolue, et qu’une partie des collaborateurs des cadres, désormais, baisse les bras face à la crise ;


- Confirment leur pessimisme macro-économique : seulement 6 % (- 1) estiment que le « niveau de vie en France » va s’améliorer, et 4 % (+ 1) pensent que le « nombre de chômeurs en France » va diminuer ;


- Confirment leurs inquiétudes personnelles : seuls 8 % (- 2) estiment que leur « situation financière personnelle » va s’améliorer au cours des mois qui viennent, et 20 % (- 2) pensent disposer « d’opportunités professionnelles » dans les mois qui viennent.

Dans ce contexte, le soutien accordé par les cadres aux mouvements sociaux apparaît comme un mouvement de solidarité émanant de personnes qui ne s’estiment plus nécessairement en situation économique et sociale favorisée : les cadres partagent, même à un degré moindre, les difficultés et les inquiétudes économiques et sociales de l’ensemble des salariés.
Du point de vue des cadres, les résultats de cette vague d’enquête signent une nouvelle inflexion, particulièrement inquiétante pour l’économie comme pour la société française.

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