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L'UA suspend Bamako, la Cédéao convoque un sommet extraordinaire

L'Union africaine a décidé de suspendre le Mali de ses instances à la suite du putsch perpétré contre le président Amadou Toumani Touré. Un sommet extraordinaire de la Cédéao a par ailleurs été convoqué mardi pour aborder la situation dans le pays.

AFP - L'Union africaine (UA) a suspendu vendredi le Mali jusqu'au retour de l'ordre constitutionnel dans ce pays, et a décidé d'envoyer une mission conjointe avec la Cédéao à Bamako pour faire pression en ce sens sur les militaires putschistes, a-t-on appris de source officielle.

De plus, un sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) aura lieu mardi à Abidjan pour discuter de la situation au Mali, a indiqué le ministère ivoirien de l'Intégration africaine.

La Cedéao, qui compte 15 Etats membres et que dirige depuis la mi-février le président ivoirien Alassane Ouattara, "se réunira de façon urgente", selon cette source.

"Le Conseil (de paix et de sécurité de l'UA) a décidé que le Mali serait suspendu de participation à toutes les activités (de l'organisation) jusqu'au rétablissement effectif de l'ordre constitutionnel", a déclaré à la presse à Addis Abeba le diplomate nigérian Paul Zolo, qui présidait une réunion extraordinaire consacrée à la crise au Mali, au siège de l'UA.

"Une délégation est maintenant sur le point d'aller au Mali. (Ce sera) une mission conjointe UA-Cédéao ", a précisé le président de la Commission de l'UA Jean Ping à l'issue de cette réunion.

Le but est "d'aller leur dire bien sûr qu'il est nécessaire de rétablir l'ordre constitutionnel", a poursuivi M. Ping, qui avait dès jeudi "condamné fermement" le putsch dans un communiqué au nom de l'Union africaine.

Le président de la Commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouédraogo, a pour sa part quitté vendredi en fin d'après-midi Ouagadougou pour Bamako, où il doit s'entretenir avec la junte militaire.

Le président en exercice de la Cédéao, Alassane Ouattara, "m'a instruit de conduire une mission aujourd'hui (vendredi) à Bamako", a déclaré devant la presse à Ouagadougou M. Ouédraogo, à la sortie d'un entretien avec le président burkinabè Blaise Compaoré.

"L'étape suivante", faute de retour rapide à l'ordre constitutionnel, "c'est que des sanctions seront prises", qui pourraient inclure des interdictions de voyage et le gel d'avoirs à l'étranger des auteurs du putsch, a pour sa part menacé Jean Ping.

Un groupe de militaires a renversé jeudi le régime du président malien Amadou Toumani Touré, suscitant la réprobation internationale.

Le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte qui a pris le pouvoir, a affirmé à la presse que les dirigeants du régime renversé étaient "sains et saufs" et seraient "prochainement remis à la justice malienne".

Il n'a donné aucune indication sur le lieu où se trouvait le président Touré.

Jean Ping a de son côté indiqué vendredi "avoir été informé, lors de la prise du palais (présidentiel), que le président (Touré) était sain et sauf et protégé par des loyalistes".

"Il est au Mali, c'est sûr", a-t-il ajouté.

La réunion extraordinaire du Conseil de paix et de sécurité de l'UA au niveau des ambassadeurs à Addis Abeba avait été décidée pour réagir rapidement au putsch au Mali. Ce coup d'Etat est survenu par coïncidence alors que venait de s'achever dans la capitale malienne une réunion du même organe de l'UA, cette fois-là au niveau ministériel.

Les ministres des Affaires étrangères du Kenya et du Zimbabwe, qui n'ont pu quitter à temps Bamako, sont depuis retenus dans la capitale malienne en raison de la fermeture de l'aéroport par les putschistes, a encore indiqué M. Ping.