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La Cour suprême rejette la libération de Florence Cassez

La Cour suprême mexicaine a rejeté mercredi la demande de libération immédiate de Florence Cassez. Arrêtée en décembre 2005, cette Française a été condamnée en 2008 à 60 ans de prison, notamment pour enlèvement, au terme d'une procédure contestée.

AFP- La première chambre de la Cour suprême du Mexique a rejeté mercredi la proposition de libération immédiate de la Française Florence Cassez, mais elle a nommé un nouveau rapporteur chargé de lui présenter un proposition susceptible de dégager une majorité sur l'issue à donner à ce dossier.

Deux juges se sont prononcés en faveur de la libération de la Française, deux en faveur d'un procès en révision et un contre.

La juge Olga Sanchez Cordero, qui a voté mercredi en faveur de la libération de Florence Cassez, a été chargée d'élaborer le nouveau projet sur le cas de Florence Cassez, a indiqué à l'AFP le service de presse de la Cour suprême.

La juge présentera son projet, dans un délai non déterminée, plusieurs semaines au moins, au sein de la première chambre, en prenant en considération les élements de la délibération de mercredi.

Arrêtée en décembre 2005 et accusée d'enlèvements, délinquance organisée et port d'armes prohibées, la Française de 37 ans a été condamnée après trois jugements défavorables successifs à 60 ans de prison.

Le 9 décembre, la police fédérale avait mis en scène devant les caméras de télévision son arrestation et celle de son ancien compagnon Israel Vallarta, et la libération de trois otages, un montage présenté comme une transmission "en direct".

Selon le juge Zaldivar, cette mise en scène ne correspondant pas à la réalité a "totalement entaché la procédure". Le juge a aussi dénoncé une violation des droits consulaires de la Française et sa non mise à disposition immédiate devant le ministère public.

Quatre des cinq magistrats de la première chambre ont reconnu ces violations graves de la procédure, ce qui pousse les défenseurs de la Française à l'optimisme.

L'avocat mexicain de Florence Cassez, Agustin Acosta, a assuré qu'au bout du compte, "la condamnation sera annulée".

Il a par ailleurs indiqué à l'AFP qu'il avait parlé par téléphone à sa cliente pour lui expliquer les résultats de la délibération de la Cour. "Je viens de lui dire que nous sommes encore dans le combat. Je sais qu'elle est forte, qu'elle a le coeur et l'esprit pour le poursuivre".

A Paris, sa mère, Charlotte Cassez, a déclaré ressentir "une colère énorme". "Je suis

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L'affaire Florence Cassez - Rappel des faits
La Cour suprême rejette la libération de Florence Cassez

extrêmement triste, déçue, choquée. On est reparti pour des mois" d'attente, a-t-elle affirmé à des journalistes.

"On ne peut pas lâcher l'espoir, on ne peut pas lâcher le combat, il faut encore continuer à lutter", a-t-elle cependant souligné.

Bernard Cassez, père de Florence, est arrivé mercredi après-midi à la prison de Tepepan, au sud de Mexico, peu avant la décision de la première chambre.

"C'est une grande déception évidemment car j'ai pensé que Florence allait sortir aujourd'hui. Mais c'est un grand pas en avant parce quatre juges sur cinq ont reconnu des violations. "Nous restons très confiants en la Cour suprême", a-t-il déclaré à sa sortie.

Il s'était rendu "secrètement" au Mexique alors que la famille de la Française avait annoncé qu'elle ne ferait pas le voyage.

Mercredi soir, le gouvernement français a "vivement" regretté la décision de la Cour suprême.

"Au cours des délibérations, les juges de la première chambre de la Cour ont très largement mis en lumière les graves irrégularités qui ont vicié cette affaire depuis le début et les violations des droits fondamentaux de notre compatriote. Nous espérons vivement que la Cour suprême saura très prochainement rétablir la vérité et rendre sa liberté à Florence Cassez", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Bernard Valero.

Son avocat français, Me Frank Berton, a quant à lui estimé que la décision de la cour suprême générait "une situation totalement ubuesque".

"Nous sommes dans une impasse judiciaire énorme", a-t-il dit. "Quatre magistrats de la plus haute cour de justice du Mexique viennent dire +cette femme a eu un procès tronqué, cette femme a eu des droits violés, cette femme a eu des preuves fabriquées+".

Le vote de la Cour a été accueilli avec satisfaction par le Parquet général de la République, équivalent au Mexique du ministère de la Justice, qui l'a qualifié mercredi de "victoire" pour les victimes.

"La décision des juges représente une victoire pour le droit des victimes, face à un crime aussi grave que l'enlèvement", a-t-il indiqué dans un communiqué.

La dirigeante de l'organisation "Halte aux enlèvements", Isabel Miranda de Wallace, candidate du parti présidentiel à la mairie de Mexico, s'est également félicité de cette décision.

"Aujourd'hui, nous, les victimes, sommes confiantes qu'en fin de compte la justice prévaudra et que n'est pas sortie libre une personne accusée d'enlèvement", a-t-elle déclaré à la presse.