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Un nouveau tourisme pour une nouvelle Libye

Le tour opérateur britannique Political Tour a mis en place le premier voyage organisé dans la Libye post-Kadhafi. Une attitude qui peut paraître frondeuse alors que cette destination reste largement déconseillée par les États.

Ce n’est probablement pas la destination touristique dont rêve M. et Mme Tout-le-monde. Pourtant, le tour opérateur britannique Political Tours a organisé un voyage d'une semaine en Libye, du 12 au 18 mars, et pour lequel sept personnes ont déboursé chacune 4 200 livres sterling (5 036 euros). “Je n’appellerai pas ça des vacances mais plutôt un voyage d’études”, précise à FRANCE 24 Nicholas Woods, directeur et fondateur de cette agence de voyages créée en 2009 et spécialisée dans les destinations “géopolitiquement sensibles”, telles que la Serbie ou la Corée du Nord.

Le voyage organisé par Political Tours est le premier du genre en Libye depuis la mort de l’ancien leader libyen Mouammar Kadhafi en octobre 2011. Un choix de destination qui peut paraître intrépide alors que le pays, toujours instable, est déconseillé aux touristes par la plupart des ministères des Affaires étrangères.

Mais Nicholas Woods se défend d’avoir pris des risques inconsidérés pour faire “un coup”. “Ce n’est pas du tourisme voyeuriste ou de conflit”, assure-t-il. Il s'est renseigné auprès du Foreign office - le Quai d’Orsay britannique - sur les zones les moins dangereuses et son agence s’est offert les services d’un groupe de sécurité pour les accompagner. Avant le départ, les touristes ont assisté à des réunions avec des experts de la Libye afin qu’ils aient une connaissance théorique de la situation actuelle du pays et des enjeux pour les Libyens.

Même en Corée du Nord

Après la théorie, le terrain. “Nous avons chercher à aller au plus près des préoccupations de la population locale”. Pas d’hôtel chic ou de séances de bronzage en bord de mer. Ils ont en revanche passé du temps avec une famille qui a soutenu jusqu’au bout Mouammar Kadhafi ou encore avec les nouveaux responsables politiques de Tripoli qui leur “ont parlé du problème numéro 1 de la ville actuellement : la gestion des déchets”, raconte Nicholas Woods. Ils se sont également rendus dans la tristement célèbre prison d’Abou Salim où étaient enfermés et torturés bon nombre d’opposants politiques au régime du "guide".

“Ce genre de programme ne convient pas à des touristes en mal de frissons”, assure Nicholas Woods. Il en veut pour preuve le profil de ceux qui ont participé à ce voyage comme ce Britannique qui travaille dans les camps de réfugiés au Yémen ou encore cet homme d’affaires texan qui s’intéresse au pétrole libyen.

“Tous nos voyages sont destinés à donner aux participants une vision plus concrète des questions d’actualité”, affirme le fondateur de Political Tour. Ce tour operateur britannique est ainsi l’un des seuls à organiser régulièrement des voyages en Corée du Nord ou dans les régions kurdes de Turquie. “Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le séjour en Corée du Nord s'est organisé sans grandes difficultés puisque ce sont en fait les autorités sur place qui établissent le programme”, raconte Nicholas Woods.

Après la Libye, Political Tour compte s’intéresser à la crise économique. Le voyagiste met la dernière main à une excursion d’une semaine... dans le Londres frappé par la crise et proposera ensuite des vacances “d’études” en Grèce et en Italie, sur les traces de la récession dans la zone euro.

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