Reporters sans frontières et Google ont remis le prix du Net-citoyen 2012 aux cyberactivistes syriens pour les récompenser de diffuser des informations sur la révolte en cours dans le pays, que les médias internationaux couvrent avec difficultés.
AFP - Les "journalistes-citoyens" des Comités locaux de coordination en Syrie sont les lauréats 2012 du Prix du Net-citoyen, distinction qui a été remise lundi à une de leurs représentantes, Jasmine, qui a dédié cette récompense à "tous les activistes syriens".
Le prix a été remis à Paris par Reporters sans frontières (RSF) et Google pour saluer ceux qui rassemblent et diffusent, "en temps réel, informations et images sur la révolte populaire syrienne".
"C'est un honneur pour nous d'être récompensés par ce prix et je le dédie à tous les activistes syriens sur le terrain, à toutes les victimes de la brutalité du régime et à ceux qui sont emprisonnés", a déclaré Jasmine, aujourd'hui résidente au Canada.
"C'est aussi pour nous la reconnaissance de nos comités locaux comme étant des médias à l'usage des médias du monde entier", a-t-elle confié à l'AFP.
"Je reste très optimiste, nous savons que la contestation évolue et maintenant, c'est +ou bien nous gagnons ou bien nous mourrons+, on ne peut plus reculer", a affirmé Jasmine.
"Nous ne pouvons pas prévoir quand cela va venir, mais le régime se délite lentement parce que la pression s'accentue, donc ce n'est qu'une question de temps", a-t-elle dit.
Interrogée sur le message qu'elle souhaiterait envoyer aux états comme l'Iran qui soutiennent encore le régime de Damas, elle a déclaré : "Nous allons gagner la bataille, alors ne restez pas du mauvais côté de l'Histoire, arrêtez maintenant, ne jouez pas avec le sang de nos enfants et arrêtez de soutenir un régime criminel qui nous tue".
Les médias internationaux sont, pour la plupart, tenus à l'écart de la Syrie, a rappelé RSF. "En leur absence, ces comités représentent presque le seul moyen de tenir le monde informé de la violence qui ravage le pays. Ils ont émergé spontanément au début de la révolte syrienne en mars dernier, et rassemblent des militants des droits de l'homme aux côtés de journalistes locaux", souligne l'organisation.
Dans son rapport annuel sur la censure du net à travers le monde, RSF a actualisé la listes des pays "Ennemis d'internet", aujourd'hui au nombre de 12: Bahreïn et le Bélarus ont rejoint l'Arabie Saoudite, la Birmanie, la Chine, la Corée du Nord, Cuba, l'Iran, l'Ouzbékistan, la Syrie, le Turkménistan et le Vietnam.
RSF rappelle "que la liberté d'information reste fragile et plus que jamais menacée": 200 net-citoyens ont été arrêtés en 2011, soit 30% de plus que l'année d'avant, cinq ont été tués et plus de 120 sont actuellement emprisonnés.
"S'ils sont à ce point pourchassés, c'est bien parce que les net-citoyens sont devenus indispensables au processus de collecte de l'information", a déclaré Dominique Gerbaud, président de RSF. "Et les dirigeants l'ont bien compris, en mettant en place des appareils de censure et de surveillance de plus en plus sophistiqués et efficaces, et une répression toujours plus forte".
Aujourd'hui, 40 pays censurent Internet à divers degrés contre quatre il y a 10 ans.
Le Prix annuel du Net-citoyen récompense un internaute, un blogueur ou un cyber-dissident qui s'est illustré par ses activités de défense de la liberté d'expression sur le Net. Cette récompense est décernée par un jury international composés de spécialistes de l'information, de blogueurs et de représentants de RSF.
En 2010, le Prix du Net-citoyen avait été attribué à des cyber-féministes iraniennes et en 2011 à Nawaat.org, blog collectif animé par des internautes tunisiens.