L'armée syrienne ne relâche pas la pression, notamment dans la province d'Idleb (nord-ouest), alors que l'émissaire des Nations unies Kofi Annan attendait toujours mardi la réponse de Bachar al-Assad à ses propositions de sortie de crise.
AFP - Le président syrien Bachar al-Assad devrait répondre mardi aux propositions de l'émissaire international Kofi Annan sur un arrêt des violences qui ne faiblissent pas, l'armée intensifiant son offensive meurtrière contre les bastions rebelles, notamment à Idleb (nord-ouest).
L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe a dit attendre mardi une réponse du président contesté aux "propositions concrètes" qu'il lui a soumises lors de sa mission de paix à Damas le week-end dernier qui était centrée sur la nécessité "d'un arrêt immédiat des violences et des meurtres, d'un accès aux organisations humanitaires et d'un dialogue".
Mais sur le terrain, les troupes gouvernementales continuent de livrer une guerre sans merci aux insurgés, avec de violents combats à Idleb, province montagneuse et frontalière de la Turquie, dans le but d'étouffer la rébellion.
Avec la poursuite des violences qui ont fait plus de 8 500 morts depuis un an, en majorité des civils, selon une ONG syrienne, les forces gouvernementales essuient elles également de lourdes pertes avec plusieurs soldats tués dans des combats ou des attaques rebelles de plus en plus audacieuses.
Près de 50 personnalités, anciens dirigeants politiques, Prix Nobel de la Paix et intellectuels, ont appelé les membres du Conseil de sécurité des Nations unies à s'unir pour retirer au président syrien son "permis de tuer", dans une lettre ouverte publiée lundi.
Dans le texte diffusé dans le "Financial Times" et qui paraîtra mardi dans "Le Figaro", ces personnalités de plus de 27 nationalités estiment que "les divisions au sein de la communauté internationale ont donné au gouvernement d'Assad un permis de tuer" et demandent que "ce permis lui soit maintenant retiré".
Mardi à l'aube, dix soldats ont péri dans une attaque contre un barrage proche de locaux du parti Baas au pouvoir dans la ville de Maaret al-Noomane (province d'Idleb), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
La ville d'Idleb est toujours assiégée, l'armée ne contrôlant qu'une partie des quartiers, et les militants évoquant une situation humanitaire insoutenable avec un manque total d'eau et d'électricité et des communications coupées.
Face à l'escalade des violences, l'émissaire Kofi Annnan a réaffirmé que "les meurtres et les violences devaient cesser", annonçant qu'il s'attendait à une réponse des autorités syriennes mardi.
"Une fois obtenue leur réponse, nous saurons comment réagir", a dit l'émissaire à Ankara après une rencontre avec le Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition au régime.
Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé avait de son côté déclaré lundi qu'une fois la réponse syrienne connue, les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU devront "poursuivre leur concertation pour en tirer les conséquences", dans un projet de résolution sur la Syrie en préparation depuis plusieurs semaines.
Entre-temps sur le terrain, les violences ne connaissent pas de répit, faisant une trentaine de morts lundi, une journée par ailleurs dominée par la découverte d'une cinquantaine de corps de femmes et d'enfants carbonisés, égorgés ou poignardés à Homs. Les militants ont dénoncé un massacre attribué aux forces gouvernementales et les médias officiels ont accusé des "gangs terroristes".
"Certaines femmes ont été violées avant d'être tuées", a indiqué à l'AFP Hadi Abdallah, membre de la Commission générale de la révolution syrienne, et des centaines de familles ont fui notamment Karm al-Zeitoun "par crainte de nouveaux massacres", selon l'OSDH.
Mais le ministre syrien de l'Information Adnane Mahmoud a accusé "les gangs terroristes" d'avoir perpétré le massacre "en vue de susciter des réactions internationales contre la Syrie" et accusé l'Arabie saoudite et le Qatar, pays critiques de Damas, d'être "complices" de ces "gangs".
Après cette découverte macabre, les Comités locaux de coordination (LCC), qui animent la mobilisation anti-régime, ont appelé à une journée de deuil mardi à travers la Syrie, avec notamment la fermeture des commerces, des écoles, des universités et des routes.
Le régime Assad, depuis le début de la révolte le 15 mars 2011, se refuse à reconnaître la contestation et dit pourchasser des "terroristes" semant le chaos dans le pays.
Le Conseil national syrien (CNS), principale formation de l'opposition, a appelé "à une intervention militaire internationale et arabe urgente", à la mise en place "d'une zone d'exclusion aérienne" et à des "frappes" contre l'appareil militaire du régime syrien.
Au Conseil de sécurité de l'ONU, les Etats-Unis et l'Europe d'une part et la Russie de l'autre continuaient d'afficher leurs divergences sur la situation en Syrie comme depuis le début de la crise.
A New York, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a appelé implicitement la Chine et la Russie à soutenir le plan de la Ligue arabe pour le règlement de la crise. Mais son homologue russe, Sergueï Lavrov, a jugé que les sanctions unilatérales, les tentatives pour favoriser un "changement de régime" à Damas et les encouragements donnés à l'opposition armée ne pouvaient "aboutir qu'à une extension du conflit".