La candidate du Front national pourra concourir à l'élection présidentielle. Après avoir vu sa demande d'anonymat des parrainages rejetée par le Conseil constitutionnel, Marine Le Pen a annoncé mardi le dépôt de sa candidature.
AFP - Le Front national a annoncé mardi matin que Marine Le Pen disposait des 500 signatures d'élus nécessaires pour concourir à l'Elysée, un soulagement pour la leader d'extrême droite, qui espère désormais relancer sa campagne.
Après des semaines de suspense et des mois de protestations contre un "système antidémocratique" et les "pressions" de l'UMP et du PS, qui les réfutent, la présidente du FN annoncera officiellement sa candidature dans son fief électoral du Pas-de-Calais, Hénin-Beaumont, à 16 heures mardi.
Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) Philippe Poutou a annoncé mardi
avoir obtenu les 500 signatures d'élus nécessaires pour se présenter à l'élection présidentielle du printemps.
"Il y aura au moins un ouvrier candidat dans ce monde de politiciens et maintenant on espère bien profiter de l'égalité de temps de parole pour se faire entendre un peu plus", a-t-il déclaré sur i-télé.
Il ne restait plus que trois jours avant la date limite pour déposer au Conseil constitutionnel les signatures de maires et autres élus. Marine Le Pen avait tenté d'obtenir devant cette même juridiction que l'anonymat des élus qui parrainent un candidat soit garanti. Elle a été déboutée il y a trois semaines.
"Ca y est, on les a", s'est réjoui sur France Inter l'avocat Gilbert Collard, président du comité de soutien de Marine Le Pen, tout en précisant qu'il s'agissait d'un décompte du Front national qui doit encore être validé par le Conseil constitutionnel.
Ainsi, comme avec Jean-Marie Le Pen en 1988, 1995, 2002 et 2007, le Front national devrait finalement franchir l'obstacle et être représenté à la présidentielle de 2012.
Les soutiens de Marine Le Pen y voient le début d'une "nouvelle campagne" qui doit permettre à la leader frontiste de recoller au duo de tête, à 40 jours du premier tour. Récemment, le FN avait pris la décision d'annuler trois meetings, car "tant qu'on n'est pas officiellement candidat, les prêts ne sont pas débloqués", a dit Gilbert Collard sur France Inter.
"Nous sommes enfin officiellement dans la course et nous pourrons enfin aller expliquer aux Français quel est notre projet", a déclaré pour sa part sur RTL le directeur stratégique de campagne de Marine Le Pen, Florian Philippot.
"Maintenant, elle remonte sur le ring électoral", a abondé M. Collard, promettant que Marine Le Pen ferait désormais de nouvelles propositions.
Loin d'avoir quitté le ring électoral, la présidente du FN a continué à faire campagne ces dernières semaines, avec de nombreuses interventions médiatiques, mais elle a vu l'hypothèse de son accession au second tour s'éloigner dans les intentions de vote.
Mardi matin, selon un sondage Ifop pour Europe1/Paris Match/Public Sénat, Nicolas Sarkozy (28,5%) dépasse pour la première fois François Hollande (27%), loin devant Marine Le Pen à 16%.
Gilbert Collard y a vu, pour Nicolas Sarkozy, "le bénéfice de son entreprise de blocage de Marine Le Pen" concernant les parrainages. Selon lui, il y a "des gens qui ont dû se dire +elle ne sera pas candidate+". "D'après nous, tout l'objectif de Nicolas Sarkozy, ça a été d'éliminer Marine Le Pen de la compétition pour essayer de faire cocu deux fois (ses) électeurs", a-t-il argumenté.
De son côté Louis Aliot, vice-président du FN, a accusé l'UMP d'avoir "maintenu une pression jusqu'au bout" pour "empêcher" Mme Le Pen d'avoir ses signatures. "Désormais le débat va s'ouvrir", a-t-il dit. "Nous allons pouvoir aller au contact des électeurs".
Chez les rivaux de la candidate frontiste, l'annonce a été accueillie sereinement, la plupart jugeant qu'il n'y avait pas de suspense.
"C'est la plus vieille série de la vie politique française, même à la télé, il n'y en a pas qui durent aussi longtemps", a déclaré Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de Nicolas Sarkozy.
Pour l'équipe de campagne de François Hollande (PS), Manuel Valls a lancé : "Il n'y a qu'elle qui entretenait ce suspense".
"Je m'en réjouis pour le débat démocratique", a réagi Dominique de Villepin. "C'est important que les points de vue qui sont les siens, qui ont un large écho dans la population française, puissent être présents lors de ce débat."