Devant des milliers de partisans, Nicolas Sarkozy détaille, ce dimanche à Villepinte, sa "vision de la France". À 42 jours de la présidentielle, le président-candidat, donné battu par tous les sondages, va tenter d'inverser la tendance.
AFP - Nicolas Sarkozy engage dimanche une course contre la montre pour refaire son retard sur le favori de la présidentielle François Hollande, lors d'un meeting géant à Villepinte où il doit détailler sa "vision de la France" devant au moins 30.000 partisans.
A dix heures, l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a donné le coup d'envoi de la manifestation en ouvrant un conseil national exceptionnel de l'UMP: "Nous sommes tous rassemblés ici derrière le président, derrière celui (...) qui grâce à son courage, à son autorité, est capable de nous aider à protéger la France que nous aimons, à bâtir une France forte".
A 42 jours du premier tour de la présidentielle, le temps presse. Donné largement battu depuis des semaines par tous les sondages, le candidat de l'UMP peine à retrouver les mots et l'enthousiasme de sa campagne victorieuse de 2007.
Entre deux prestations télévisées de Nicolas Sarkozy, la semaine dernière sur France 2 et lundi sur TF1, ses partisans attendent du grand rendez-vous populaire de Villepinte qu'il mette enfin sur orbite sa course à un second mandat et efface la réussite du meeting de François Hollande en janvier au Bourget.
Pour y parvenir, l'UMP a mis les petits plats dans les grands et affrété une dizaine de TGV spéciaux et environ 700 bus avec l'ambition de remplir le Parc des expositions de "plus de 60.000 personnes".
Dans la matinée, les grandes voix de l'UMP se sont succédé à la tribune pour chauffer la salle à grands coups de slogans et d'imprécations contre le candidat socialiste.
"M. Hollande, vous faites perdre du temps à l'Europe et vous inquiétez les grands partenaires européens, qui refusent de vous recevoir", a raillé le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire. "Aujourd'hui, c'est le tournant de cette campagne", s'est enflammé son ex-collègue Roger Karoutchi.
Le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé a résumé sans détour le choix qui s'offrira, selon lui, aux Français les 22 avril et 6 mai prochains. Entre un François Hollande "incapable d'assumer une décision et un parti socialiste qui est déjà en train de se partager les places" et un Nicolas Sarkozy "qui a fait le choix de la vérité" et est "le seul à pouvoir conduire les destinées de notre pays".
Avant même de débuter, la démonstration de force de Villepinte a souffert d'un premier couac. L'échec du président-candidat à rassembler totalement la droite et le centre autour de lui, illustrée par la défection surprise de Rama Yade et l'annonce de l'absence de Jean-Louis Borloo après le vote du Parti radical en faveur d'un soutien "vigilant" au sortant.
Sur le même front familial, l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin a sèchement démenti dimanche toute intention de rallier Nicolas Sarkozy. "Ces rumeurs sont totalement infondées", a-t-il assuré à l'AFP.
Lors de son discours, prévu à 13H40, M. Sarkozy doit "ordonner", selon sa porte-parole Nathalie Kosciusko-Morizet, les propositions qu'il a déjà distillées depuis son entrée en lice le 15 février, et pourrait en ajouter "de nouvelles".
Mais, plus que son contenu, la liesse attendue à Villepinte doit d'abord permettre au candidat UMP de regonfler le moral de ses troupes, qui se désespèrent de voir leur champion rattraper son retard.
De nombreux élus expriment mezzo voce leurs doutes sur la stratégie du chef de l'Etat, qui a multiplié les propositions très marquées à droite pour tenter de rééditer le coup gagnant du siphonnage des voix du Front national.
D'autres, toujours en coulisses, ont aussi regretté qu'il annonce sa retraite politique en cas de défaite et donne ainsi du grain à moudre à ceux, à gauche, qui voudraient transformer l'élection en un référendum pour ou contre Sarkozy. "C'est vrai que ça personnalise le scrutin", concède un élu, "mais je ne crois pas que les gens le prennent de façon négative".
Rarement soupçonné d'être "sarkolâtre", le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a dit dimanche croire que Nicolas Sarkozy "peut" et "va gagner". "Il y a encore un petit espoir", a jugé, plus prudent, le député des Yvelines Jacques Myard.
Crédit photo : Steven Jambot/FRANCE 24