Aux cris de "la Russie sans Poutine", les manifestants étaient 25 000 selon les organisateurs à contester, ce samedi à Moscou, la victoire de Vladimir Poutine à la présidentielle. Ils étaient quatre fois plus à manifester avant le scrutin du 4 mars.
REUTERS - Au cri de "Il est temps de changer!", des milliers de Russes ont contesté samedi la victoire de Vladimir Poutine à l'élection présidentielle du 4 mars mais le mouvement de contestation du nouveau maître du Kremlin paraît s'essoufler quelque peu.
La foule qui a manifesté par un beau soleil dans le centre de Moscou brandissait des drapeaux, des ballons et des banderoles. Elle arborait des rubans blancs, symbole du
mouvement de contestation d'une ampleur sans précédent en Russie né au lendemain des élections législatives de décembre entachées par la fraude.
Comme lors de précédents rassemblements, des cris "La Russie sans Poutine" ont fusé samedi. "La route sera longue et ardue, le combat ne sera pas rapide mais nous n'arrêterons pas. La Russie sera libre, la Russie exige un changement !", a lancé à
la foule le libéral Grigory Iavlinski.
D'après les estimations des organisateurs, 25.000 personnes se sont déplacées, soit un quart seulement des manifestants qui étaient descendus dans la rue avant le scrutin, qui a permis au Premier ministre sortant de retrouver son fauteuil au Kremlin pour au moins six ans.
La police a, quant à elle, avancé un chiffre de 10.000 manifestants samedi. Des témoins indépendants parlent d'une foule de moins de 20.000 participants.
Le rassemblement, sur l'avenue Novy Arbat, était surveillé par un important dispositif de police, dont deux hélicoptères qui survolaient la foule.
A St-Pétersbourg, l'ancienne capitale impériale, la police a évacué en les traînant une quarantaine de manifestants, sur un total d'environ 200, qui protestaient en silence et sans banderole, ont rapporté des témoins.
"Quelques années encore !"
La manifestation n'avait pas reçu l'agrément des autorités.
A Nijny Novgorod, troisième ville de la Fédération, les forces de l'ordre ont dispersé à la matraque une manifestation non autorisée. D'après l'agence de presse Interfax, il y a eu
une cinquantaine d'interpellations.

Bien que les observateurs étrangers du scrutin présidentiel aient affirmé que ce dernier a été faussé en faveur de Poutine, les dirigeants de l'opposition ont du admettre la victoire de ce dernier compte tenu de l'ampleur des résultats (64% pour Poutine, moins de 18% pour son rival le plus proche, le communiste Guennadi Ziouganov).
L'opposition bataille pour trouver le moyen de maintenir la pression sur l'ancien maître-espion du KGB, qu'ils accusent d'avoir freiné l'essor politique et économique de la Russie
après 12 ans passés à la tête du Kremlin, puis du gouvernement.
Certains dirigeants de l'opposition ne désarment pas, comme Sergueï Oudaltsov, qui suggère qu'un million de Russes défilent contre Poutine le 1er Mai, fête du Travail et jour férié.
"Seule la rue, les masses peuvent changer le cours des choses. Nous n'avons pas d'autre choix. C'est pourquoi nous devons nous battre et descendre dans la rue jusqu'au
renversement du pouvoir actuel", dit-il.
Mais les organisateurs ne sont pas parvenus à s'entendre sur la date de la prochaine manifestation antiPoutine, et beaucoup affirment que l'opposition doit faire preuve de patience à propos de ses revendications pour plus de transparence et de démocratie.
"Ce système a mis 15 ans en gros pour se mettre en place. Il nous faudra quelques années encore -trois, quatre, cinq- pour le faire tomber", avance Iavlinski.