Invité sur France 2 mardi, le candidat-président a annoncé qu'il comptait diviser par deux le nombre d'immigrés accueillis chaque année en France. Il a également tiré à boulets rouges sur François Hollande et Marine Le Pen, ses principaux rivaux.
AFP - Nicolas Sarkozy, distancé dans les sondages par François Hollande, s'est efforcé mardi soir sur France 2 de minimiser son impopularité, a regretté des erreurs, annoncé un nouvel impôt pour les grandes entreprises et un nouveau tour de vis sur l'immigration.
Nicolas Sarkozy a fait mardi soir son mea-culpa sur son attitude au salon de l'agriculture en février 2008, expliquant qu'il n'aurait "pas dû" répondre par la "fameuse phrase" "casse-toi pauv'con" à un participant qui l'avait apostrophé de manière dédaigneuse.
"Je n'aurais pas dû (le) dire", a déclaré le chef de l'Etat, interrogé sur cet épisode emblématique des débuts du quinquennat, lors de l'émission de France 2 "Des paroles et des actes".
"Au salon de l'agriculture, j'ai fait une erreur (...), je n'aurais pas dû !", a-t-il répété, après avoir "expliqué" comment la scène s'était déroulée: "Un monsieur très agressif, que je ne connaissais pas, m'a dit +Tu me salis+, deux fois? et puis, dans un français châtié, +Touche-moi pas+", a rappelé M. Sarkozy. "Et puis, je suis parti et j'ai dit la fameuse phrase".
Le chef de l'Etat a relativisé les sondages le donnant à la traîne au premier tour et battu à plate couture au second par son rival PS, à 47 jours du premier tour.
Dans les derniers sondages, Nicolas Sarkozy est distancé au premier tour par François Hollande, de 2 points (CSA) à 4,5 points (Ipsos-Logica) et jusqu'à 8 points (BVA). Il est largement battu au second tour.
"Je ne les commente jamais, ni en hausse, ni en baisse", a-t-il dit. "La France est un peuple libre, frondeur, qui déteste qu'on lui dise ce qu'il doit faire". "Dans deux mois, on verra qui a eu raison, qui a eu tort".
Il a réfuté l'hostilité des Français à son endroit qui s'illustre par des taux d'impopularité record pour un chef de l'Etat de la Ve République. "C'est l'argument de la gauche, n'ayant pas beaucoup d'idées à proposer aux Français, qui dit que c'est un référendum pour ou contre (moi)", a-t-il plaidé.
Interrogé sur des écarts qui ont suscité la polémique tout au long de son mandat, Nicolas Sarkozy a concédé quelques erreurs.
Sur sa soirée de victoire en 2007 au Fouquet's, il a confirmé qu'on ne l'y prendrait plus. "Cette fois-ci, j'ai une famille, une famille solide, et je sais où je pourrai la fêter cette victoire: avec ceux que j'aime, avec ma femme et mes enfants et peut-être avec quelques amis", a-t-il dit.
Il a concédé qu'il n'aurait "pas dû" répondre par la "fameuse phrase" "Casse-toi pauv'con" à un participant qui l'avait apostrophé lors du salon de l'agriculture en 2008. "J'ai fait une erreur", a-t-il reconnu.
S'agissant de l'épisode du Guilvinec, fin 2007, lorsqu'il avait dit à un pêcheur "de descendre" pour répéter l'insulte qu'il venait de proférer, le candidat de l'UMP s'est refusé à tout mea-culpa: "Je n'aurais pas dû lui répondre, mais ce sont des gens que je respecte".
Interrogé sur ses liens avec certains PDG, Nicolas Sarkozy a renvoyé les socialistes à leurs propres amitiés patronales, comme Pierre Bergé, et a rappelé les fortunes personnelles de Laurent Fabius ou de Dominique Strauss-Kahn.
Moqué par la gauche comme le "président des riches", le candidat de l'UMP a réfuté tout cadeau aux plus privilégiés. "C'est un mensonge éhonté", une "imposture". "Je suis le seul président en Europe qui a maintenu un impôt sur les grandes fortunes".
Il a rejeté l'image d'un président qui "divise" et a répondu par sa volonté de réformer. Il a annoncé la création d'un nouvel "impôt sur les bénéfices minimum pour les grands groupes en France", déplorant que certains d'entre eux "maximisent les avantages fiscaux" et "ne paient pas du tout d'impôt".
M. Sarkozy a défendu sa volonté de baisser les charges pesant sur les plus petits revenus. "Si on n'allège pas les charges sur le travail, le travail sera délocalisé", a-t-il plaidé.
Au titre de ses regrets, il a répété qu'il aurait "peut-être" dû imposer "avant" une TVA sociale, finalement votée ces derniers jours par le Parlement.
Le candidat a confirmé son cap à droite sur l'immigration, thème cher à la candidate FN Marine Le Pen. Il a annoncé vouloir diviser par deux, autour de 100.000, le nombre d'immigrés accueillis en France chaque année et limiter le bénéfice du RSA et du minimum vieillesse aux étrangers présents depuis 10 ans en France et y travaillant depuis 5 ans.
Il a souhaité imposer une dose de proportionnelle aux législatives, "pour 10 à 15%" des sièges, et, s'il est réélu, a promis de se rendre en Israël et chez les palestiniens pour y lancer une "initiative" de paix au Proche-Orient.
Le président sortant a aussi annoncé la création d'un nouvel "impôt sur les bénéfices minimum pour les grands groupes en France". "On peut le faire par exemple sur le bénéfice mondial consolidé", a-t-il avancé en citant l'exemple de Total.
Il n'a pas manqué d'égratigner François Hollande. "Un homme intelligent, a-t-il dit, mais son problème, c'est que c'est un homme qui a du mal à dire non (...) il a tendance à dire oui à tout le monde".