, envoyée spéciale à Moscou – Vladimir Poutine a remporté la présidentielle russe avec 63,9% des voix, selon des résultats partiels. L’homme fort du pays signe son retour au Kremlin pour un troisième mandat présidentiel, après quatre ans au poste de Premier ministre.
Sans surprise, Vladimir Poutine va retrouver le Kremlin pour un troisième mandat après quatre années d'interruption. Selon les sondages effectués à la sortie des urnes, le Premier ministre recueillerait plus de 58 % des voix au premier tour de l'élection présidentielle. Les résultats officiels du scrutin seront diffusés lundi.
Le chef du gouvernement russe est élu pour un mandat de six ans, à la suite d'une modification de la Constitution qui rallonge le mandat présidentiel de deux ans. De quoi le maintenir au pouvoir jusqu'en 2024, dans l'éventualité d'un quatrième mandat.
Déjà élu président en 2000 et 2004, Poutine avait été contraint de laisser le fauteuil présidentiel à son allié Dmitri Medvedev, le temps d'un mandat. Si sa réélection ne faisait pas de doute, l'ancien membre du KGB faisait néanmoins face à une vive contestation depuis les législatives de décembre 2011, marquées, selon l’opposition, par de nombreuses fraudes.
Une journée électorale entachée de fraudes
Selon les premiers résultats partiels diffusés par la commission électorale, le communiste Guennadi Ziouganov arriverait en deuxième position avec environ 17 % des voix, suivi du populiste Vladimir Jirinovski (8 %), du milliardaire Mikhaïl Prokhorov (7,5 %) et du centriste proche du Kremlin Sergueï Mironov (3,7 %).
Tout au long de la journée électorale, de nombreux cas de fraudes ont été signalées dans plusieurs villes du pays, selon l'ONG indépendante Golos, chargée de surveiller le scrutin et de recenser les fraudes. "On signale, non loin de Moscou, quelques 'votes carrousel'", a fait savoir la présidente de l'association Lilia Chibanova, faisant référence à un système de fraudes qui consiste à faire circuler en bus des personnes, qui font le tour de la ville pour "voter" dans différents bureaux de vote.
Et de poursuivre : "On dénombre aussi des irrégularités avec des cartes d'électeur temporaires, attribuées généralement à des gens qui ne se situent pas à proximité de leur domicile le jour du scrutin".
Par ailleurs, une vidéo prise par une des 180 000 webcams installées à l'initiative du gouvernement dans 90 000 des 95 000 bureaux de vote, fait état de bourrages d'urnes dans le bureau de vote 1402, au Daguestan. Sur les images, plusieurs personnes glissent pendant plusieurs minutes des dizaines de bulletins dans deux urnes. Le vice-président de la commission électorale centrale Léonid Ivlev s'est engagé à invalider les résultats de ce bureau de vote.
De son côté, le porte-parole de Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, et membre du Parlement, Andrey Isayev, a qualifié l'élection présidentielle d'"exemplaire". Selon lui, le scrutin pourrait devenir "un modèle à suivre par d'autres pays".
Rassemblement pro-Poutine
À Moscou, dès le milieu d'après-midi, avant même la publication des premières résultats, environ 70 000 partisans de Vladimir Poutine, en majorité des hommes, se sont rassemblés pour célébrer sa victoire sur la place du Manège, nichée entre le théâtre Bolchoï et la place Rouge. Un important dispositif de sécurité, composé notamment de centaines de policiers anti-émeutes, a été mis en place aux abords de la place pour éviter des débordements.
A l'annonce des premiers résultats, les manifestants n'ont exprimé aucun signe de joie. La plupart des manifestants ont refusé de répondre aux questions des journalistes. Seule une jeune partisane s'est fendu d'un simple : "Bien sûr que je viens soutenir Poutine, bien sûr qu'il a gagné". Au milieu de cette foule, une jeune Russe qui passait son chemin a pourtant laissé échapper sa désolation : "Je n'y crois pas..."
Avec un tel score, Vladimir Poutine peut espérer rompre l'élan du mouvement de contestation qui n'a fait que croître depuis les élections législatives de décembre. Une manifestation de l'opposition est toutefois prévue ce lundi 5 mars dans les rues de la capitale russe.