L'alliance passée mercredi entre PSA Peugeot Citroën et General Motors apparaît surtout avantager le premier cité. Mais le géant de Détroit entend bien rentabiliser les 7% du capital du groupe français qu’il s’est offert.
Qu'est allé chercher General Motors (GM) dans son “alliance stratégique” avec PSA, officialisée le 29 février ? Cette toute nouvelle “French Connection” du n° 1 mondial des constructeurs automobiles a, en effet, de quoi étonner.
“Pour ce type d’alliance, il vaut mieux être le petit, ce qui veut dire que PSA a tout à y gagner”, assure Gaëtan Toutlemonde, analyste à la Deutsche Bank, au quotidien Le Monde. Le groupe français va, en effet, recevoir plus d’un milliard d’euros de son nouveau partenaire en échange de 7% de son capital, ce qui permettra à la famille Peugeot de rester largement majoritaire au sein de PSA.
“Peugeot, qui a raté sa stratégie de mondialisation, obtient grâce à ce rapprochement avec GM une porte d’entrée sur les marchés émergents, comme l’Inde ou la Chine”, explique Marc Ivaldi, économiste spécialiste des transports à l’École d’économie de Toulouse, à France 24.
Si les avantages que tirera PSA de cette alliance sont clairement identifiés, ceux de General Motors paraissent plus flous. “Ils existent, mais il s’agit surtout d’actifs immatériels dont l’importance n’apparaîtra qu’au fur et à mesure de la collaboration entre les deux groupes”, assure Marc Ivaldi. Ces actifs immateriels regroupent aussi bien le savoir-faire technologique que la qualité du management. “Il ne faut pas oublier que Peugeot dispose d’excellents ingénieurs et a une infrastructure de production de très grande qualité en Europe”, ajoute-t-il.
Rationaliser
A trop regarder du côté de la Chine ou de l’Inde, on n’oublie d’autres marchés. Contrairement à GM, PSA est très bien implanté en Afrique et en Amérique du Sud, et pourra aider son nouveau partenaire à y écouler des voitures.
Pour Marc Ivaldi, il ne fait aucun doute que ce rapprochement stratégique va permettre à General Motors de “rationaliser les coûts” de ses marques européennes : Opel et Vauxhall. Dans un premier temps, GM va faire des économies en faisant des achats groupés avec PSA - donc à un prix moins élevé - de pièces détachées.
Le constructeur américain devrait ensuite se pencher sur le “grand problème de GM en Europe, c’est-à-dire la surcapacité de production des usines Opel et Vauxhall”, souligne Marc Ivaldi. Il se peut que les deux groupes cherchent à mettre en commun leurs forces de production, ce qui pourrait se traduire par des fermetures d’usines et des licenciements.
Pour l’heure, GM et PSA sont restés très flous sur les implications sociales de leur union. Ils ont simplement indiqué, mercredi soir, qu’ils espéraient économiser environ 1,5 milliard d’euros par an “à partir de 2016”, lorsque toutes les synergies auront été mises en place.