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Des dizaines de milliers de manifestants dans les rues contre l'austérité

Ce mercredi, décrété journée européenne contre l'austérité, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues à travers toute la France. Une mobilisation sur fond de divergences entre les principaux syndicats français.

AFP - Des dizaines de milliers de salariés sont descendus dans la rue mercredi, décrétée journée européenne contre l'austérité, sur fond de divergences entre la CGT, fer de lance du mouvement, et la CFDT, en retrait, refusant comme FO une politisation avant la présidentielle.

Appelée par la Confédération européenne des syndicats (CES), la mobilisation avait pour principal mot d'ordre "trop, c'est trop" pour dénoncer l'"austérité" et réclamer "plus de justice sociale", à la veille d'un sommet de l'UE qui va signer le nouveau traité de discipline budgétaire.

Au total, 160 manifestations et rassemblements ont réuni quelque 130.000 personnes dans toute la France, selon la CGT.

Des militants de partis de gauche étaient parfois de la partie. A Montpellier, c'est la candidate Eva Joly (EELV) qui a battu le pavé pour dénoncer "un traité uniquement de contrôle budgétaire". François Hollande (PS) qui veut renégocier ce traité, a apporté son soutien à la mobilisation.

"Cette journée, c'est le plus important meeting du mois de février", s'est targué le leader de la CGT, Bernard Thibault, à la tête du cortège parisien. A l'appel de la CGT, FSU et Solidaires, 15.000 Franciliens, selon la CGT et 8.700 selon la police, ont défilé entre Bastille et Nation.

Le leader cégétiste s'est employé à minimiser les divergences avec ses partenaires, alors que la CFDT et FO avaient refusé de prendre part au défilé: "Tous les syndicats sont unanimes pour dire que le traité" européen "est nocif", mais les modalités d'actions choisies sont différentes, a-t-il dit.

M. Thibault, qui ne cache pas qu'il votera contre Nicolas Sarkozy au scrutin présidentiel, a dénoncé aussi la TVA sociale en cours d'adoption mercredi par le Parlement.

"Il veut finir son sale boulot, anéantir le modèle social français", dénonçaient sur une banderole quelque 300 manifestants à Strasbourg, en allusion au président sortant dont ils brandissaient un portrait.

A Marseille, les 2.700 à 10.000 manifestants (selon les sources) s'en sont pris aux "profiteurs" et au "patronat voleur".

Dans la plupart des villes, comme à Bordeaux, Toulouse, des banderoles appelaient à "la solidarité avec les peuples grecs, espganols, portugais, italiens", réclamant "une autre répartition des richesses". "La crise, c'est eux, la solution, c'est nous", lançait-on à Lille.

Des manifestants ne cachaient pas leur colère comme cette infirmière d'une clinique privée de Toulouse, Josiane Dupuy, qui dit avoir "honte d'être française", depuis que le pays est gouverné par Nicolas Sarkozy.

"Voter c'est bien, mais manifester c'est une façon de mettre la pression aux différents candidats", à 53 jours de la présidentielle, souligne Fabien, conducteur de RER de SUD-Rail.

Mais c'est justement cette politisation qui a été décriée par la CFDT dont le leader François Chérèque a accusé la CGT d'être "rentrée dans une démarche partisane". Le leader cédétiste a, lui, manifesté à Bruxelles où il a dénoncé "trop de rigueur" et "trop de blocages de l'économie".

De son côté, FO - qui continue de bouder l'intersyndicale- était absente des défilés: "Nous ne participons pas à des manifestations en France avec une connotation politique", a lancé son numéro un, Jean-Claude Mailly.

L'appel à la grève lancé par la CGT a eu un écho limité. L'aéroport de Rouen a fermé et à Pau des vols ont dû être annulés à la suite d'une grève des contrôleurs aériens. Les aéroports de Marseille, Nice et Lyon ont été les plus touchés. A Lille-Lesquin, Air France a annulé sept vols sur 18 au départ.

(Photos : Andrea Davoust / FRANCE 24)