Ce samedi marque le cinquième jour de manifestations anti-américaines en Afghanistan. Les Afghans se rassemblent par centaines pour protester contre l'incinération de Corans mardi dans une base militaire américaine.
AFP - Des centaines d'Afghans manifestent, pour le cinquième jour d'affilée dans quatre provinces d'Afghanistan pour protester contre l'incinération de Corans mardi dans une base militaire américaine, a-t-on appris samedi de sources officielles.
Des violences ont été rapportées à Mihtarlam, la capitale du Laghman (nord-est). Quinze
manifestants ont été blessés par balle et emmenés à l'hôpital public de la ville, ont indiqué des cadres de cet établissement à l'AFP.
D'après Abdullah, un manifestant de Mihtarlam, "près de 2.000 personnes" défilaient quand la marche est devenue "violente", des "protestataires jetant des pierres contre le palais du gouverneur" alors que les forces de sécurité on "tiré en retour".
La police a indiqué à un correspondant de l'AFP "avoir réussi à disperser le cortège" même s'"il reste quelques groupes de manifestants dans la ville".
Des rassemblements, pour l'instant relativement pacifiques, de plusieurs centaines de personnes, se tiennent dans les provinces de Logar et Nangarhar (est), Sari Pul (centre), Kapisa, Parwan, Kunar et Nouristan (nord-est), a déclaré Sediq Sediqqi, le porte-parole du ministère de l'Intérieur.
Une source policière en Kapisa a par contre nié tout défilé dans sa juridiction.
Près de "5.000 personnes" "venant de tous les districts de la province" se sont rassemblées devant une mosquée de Sari Pul, capitale de la province du même nom, "condamnant l'incinération du Coran", mais "ce n'est pas encore violent", a expliqué à l'AFP Mohammad Sadiq, un manifestant.
Là encore, aucune autorité n'a pu confirmer l'ampleur de la manifestation.
A Logar, environ 200 protestataires, "la plupart des étudiants", manifestent aux cris de "Mort à l'Amérique", "Mort à (Hamid) Karzaï", le président afghan, et ont coupé la route vers Kaboul, a indiqué une source policière.
Quelque 24 personnes sont décédées lors des quatre premiers jours de manifestations en Afghanistan et des dizaines d'autres ont été blessées, d'après un décompte de l'AFP.
Dans la nuit de lundi à mardi, des exemplaires du Coran, confisqués à des détenus de la prison de la base américaine de Bagram, à 60 km au nord-est de Kaboul, ont été incinérés parce que, selon des responsables à Washington, ils servaient à faire passer des messages entre prisonniers.
Le président américain Barack Obama a présenté ses "excuses les plus sincères" au peuple afghan pour une "erreur", commise par "inadvertance" et par "ignorance".
Une délégation nommée par le gouvernement, composée notamment de personnalités religieuses ayant enquêté sur les Corans brûlés et le commandant de l'Isaf, le général John Allen, ont appelé la population afghane à faire preuve de "retenue", ce qui n'a visiblement pas été entendu.
Le sentiment antiaméricain n'a jamais été aussi fort dans la population en 10 ans de conflit, au diapason des bavures de l'Otan qui tuent relativement fréquemment des civils et de diverses affaires récentes de profanations ou autres actes jugés blasphématoires à l'égard de l'islam.