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Plusieurs centaines d’opposants iraniens abandonnent le Camp Achraf

Les autorités irakiennes ont commencé l’évacuation du Camp Achraf, une enclave contrôlée par un mouvement d’opposition iranien au régime de Téhéran, en transférant près de 400 réfugiés dans une ancienne base américaine, près de Bagdad.

AFP - Pour la première fois depuis plus de trente ans, les Moudjahidine du peuple, un groupe de l'opposition iranienne, ont accepté de quitter le Camp Achraf, que leur avait attribué Saddam Hussein, pour s'installer près de Bagdad, ultime étape vers leur départ du pays.

Le gouvernement du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, proche de Téhéran, souhaitait depuis longtemps fermer ce camp, contrôlé par l'Organisation des Moudjahidine du peuple iranien (OMPI), soulignant ne plus pouvoir tolérer cette enclave sur son territoire.

Un premier groupe de 397 opposants iraniens a quitté dans la nuit le Camp Achraf à bord de 18 bus escortés par les forces de sécurité irakiennes, après onze heures de fouilles corporelles et des bagages.

Il est arrivé vers 06H00 (03H00 GMT) au Camp Liberty, une base américaine désaffectée près de Bagdad, leur nouveau lieu de résidence, ont indiqué les Nations unies.

Cependant, l'arrivée au camp n'a pas été sans problème.

Behzad Saffari, conseiller juridique des Moudjahidine, a indiqué à l'AFP que de nombreuses personnes avaient refusé d'être soumises à de nouvelles fouilles de leurs affaires.

"Finalement, elles ont accepté la fouille de leurs affaires par des chiens, même si c'était de la folie", a-t-il dit.

Il n'était pas possible de confirmer ces informations de façon indépendante car les journalistes n'ont pas été autorisés à entrer dans le camp.

Cette opération s'inscrit dans le cadre d'un accord conclu entre l'ONU et l'Irak le 25 décembre après d'intenses négociations. Il prévoit le transfèrement de 3.400 Moudjahidine, vers le Camp Liberty, dans le cadre d'un processus qui doit à terme les conduire à quitter le pays.

"Les Nations unies saluent la réinstallation dans des conditions de sécurité de 400 résidents" du camp Achraf au camp Liberty, a affirmé l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU en Irak, Martin Kobler, dans un communiqué.

"Je félicite les résidents pour leur décision. C'est un premier pas pour qu'ils puissent jouir d'un meilleur avenir hors du pays et je les presse de poursuivre leur coopération avec les autorités irakiennes afin d'achever leur relogement sans retard", a ajouté le chef de l'ONU en Irak, qui se trouvait au Camp Liberty quand les bus sont arrivés.

L'agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) va commencer immédiatement les vérifications pour déterminer ceux qui peuvent bénéficier d'un statut de réfugié. "C'est une étape indispensable pour leur installation dans un pays tiers", a-t-il encore dit.

L'Irak avait prévu de fermer fin 2011 ce camp situé à 80 km au nord-est de la capitale près de la frontière avec l'Iran, où l'ancien président Saddam Hussein avait installé l'OMPI, dont les membres avaient servi de supplétifs durant sa guerre avec l'Iran (1980-1988).

Puis M. Maliki avait donné son accord le 21 décembre pour retarder l'échéance jusqu'en avril et signé ensuite un accord avec l'ONU à ce sujet.

Cette organisation à l'idéologie hétéroclite a été fondée dans les années 60 pour combattre le Chah d'Iran, puis peu après la Révolution islamique de 1979, elle avait tourné ses armes contre les nouveaux dirigeants. Elle a annoncé en 2001 avoir renoncé à la violence.

L'OMPI figure depuis 1997 sur la liste des organisations terroristes établie par les Etats-Unis, en dépit des tentatives répétées de ce groupe d'obtenir sa radiation.

Le Camp Achraf a été désarmé et placé d'abord sous la protection des forces américaines puis transféré aux autorités irakiennes en janvier 2009.

A deux reprises, le gouvernement irakien a mené des raids meurtriers contre ce site. En juillet 2009, une première tentative de s'emparer du camp s'était soldée par la mort de 11 résidents et de plusieurs centaines de blessés. En avril 2011, au moins 36 personnes avaient été tuées.