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Nicolas Sarkozy a reçu David Cameron pour un sommet franco-britannique consacré à la coopération en matière de défense et de nucléaire civil. Des sujets internationaux, tels que la situation en Syrie, étaient également au menu.
AFP - Nicolas Sarkozy et David Cameron ont tiré un trait vendredi sur leurs différends européens en donnant un coup de pouce à la coopération militaire et nucléaire entre leurs deux pays, le Britannique apportant même un soutien amusé au Français pour la présidentielle.
Leurs derniers face-à-face à Bruxelles avaient été plutôt tendus mais, qu'on se le dise, la page des tensions entre Paris et Londres autour du futur gouvernement économique de l'Union européenne est tournée. A l'issue d'un sommet à l'Elysée, le chef de l'Etat français et le Premier ministre britannique ont fait assaut d'amabilités devant la presse.
"Les relations entre la France et la Grande-Bretagne sont excellentes (...) notre coopération est vraiment au beau fixe", a lancé en préambule M. Sarkozy. "Je ne crois pas que la coopération entre nos deux pays a été plus étroite depuis la Seconde guerre mondiale", a renchéri M. Cameron.
Le président a volontiers concédé que des "différences" l'avaient récemment opposé à son invité du jour sur le projet de traité européen qui renforce la discipline budgétaire de la zone euro, refusé par Londres. "Nous sommes en train de mettre en place avec David Cameron des méthodes de travail qui permettent de réduire ces différences", a-t-il assuré.
"Nous avons parfois des désaccords", a convenu lui aussi le Premier ministre. Mais "notre collaboration économique est très forte", s'est-il empressé d'ajouter. Avant de louer longuement l'excellent partenariat bilatéral lors de la conduite des opérations militaires qui ont fait chuter le régime du colonel Kadhafi en Libye en 2011.
Et comme Nicolas Sarkozy n'avait que très provisoirement délaissé vendredi son costume de candidat à la présidentielle, David Cameron s'est permis de lui souhaiter "bonne chance (...) dans la bataille qu'il va livrer".
Le Britannique a également dit "admirer le courage et le leadership" de son hôte mais précisé que, contrairement à la chancelière allemande Angela Merkel, il n'envisageait pas de participer à une de ses réunions électorales. "Je ne suis pas complètement sûr que si je faisais campagne avec lui cela aurait l'effet escompté par mon ami", s'est-il toutefois amusé.
Donné largement perdant face à François Hollande, le candidat Sarkozy n'a pas boudé son plaisir. "Le soutien de David Cameron, moi ça me fait plaisir", a-t-il répondu, "dans la période actuelle, qu'il y ait plus de gens qui disent du bien de moi que du mal, ça ne me gène pas".
Très inspiré par l'exemple allemand, le président a aussi concédé admirer "chez les Britanniques cette capacité à être fidèle à son histoire et ses traditions et à épouser la modernité".
Hormis ce long échange d'amabilités, l'amitié franco-britannique s'est enrichie vendredi de la substance de quelques accords. En matière d'énergie nucléaire, Areva, Rolls-Royce et EDF ont paraphé une série de contrats qui accélèrent les projets français de construction de centrales de type EPR au Royaume-Uni, qui veut moderniser son parc nucléaire.
Surtout, plus d'un an après la signature d'un partenariat militaire inédit, Français et Britanniques ont fait avancer leurs projets communs. Le corps expéditionnaire franco-britannique promis fin 2010 sera finalement "totalement opérationnel en 2016" et, surtout, Dassault et BAE Systems ont confirmé qu'ils travailleront ensemble sur deux projets de drone de surveillance et de futur avion de combat sans pilote.
De quoi faire oublier la rivalité des deux constructeurs en Inde, qui vient de confier au Rafale français plutôt qu'à l'Eurofighter d'EADS et BAE Systems la fourniture de 126 avions de combats.
Enfin sur la Syrie, MM. Sarkozy et Cameron ont condamné d'une même voix la "boucherie" perpétrée par Bachar al-Assad contre sa population et appelé l'opposition syrienne à s'unir pour accélérer son départ.