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Fragile accord en Guadeloupe, la Martinique espère une issue

L'accord signé par le LKP et deux organisations patronales est rejeté par le Medef, dont le président en Guadeloupe (photo) dénonce une "tentative d'agression" de la part d'Elie Domota. Les négociations se poursuivent en Martinique.

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AFP - A peine conclu, l'accord salarial partiel en Guadeloupe est apparu brusquement fragilisé vendredi par le refus du Medef et de sept autres organisations patronales de le signer, alors qu'en Martinique les négociations étaient jugées proches "d'une issue positive".

Willy Angèle, président de l'antenne guadeloupéenne du Medef, a affirmé vouloir négocier sur sa propre proposition, "sur la table depuis lundi".
  

Il exprimait aussi, ce faisant, la position d'organisations patronales -CGPME, UPA, transports, BTP, tourisme et industrie notamment- qui affirment représenter 90% des salariés guadeloupéens.

M. Angèle rejette aussi la demande du Medef national de rejoindre les négociations, qui ont repris dans l'après-midi (en début de soirée à Paris), tant que sa sécurité ne sera pas "assurée".

Le patron des patrons guadeloupéens affirme avoir été victime mercredi d'une "tentative d'agression physique" par Elie Domota, le leader du collectif intersyndical LKP, ce que le préfet a démenti.

"Tout n'est pas encore résolu, mais ça progresse", avait observé quelques heures plus tôt à Paris Nicolas Sarkozy.

Paralysée par une grève générale depuis près de six semaines, la Guadeloupe avait connu dans la nuit une avancée, avec la signature d'un accord salarial partiel à l'issue de négociations-marathon de près de huit heures.

Elie Domota avait alors parlé d'"un premier pas" et d'"un accord qui vaut son pesant d'or", sans appeler à la fin de la grève.

Rosan Mounien, un autre dirigeant du LKP, a indiqué vendredi que le collectif aviserait "de l'attitude à tenir" sur cette question après une nouvelle journée de négociation samedi. 19 autres revendications sont désormais sur la table, dont le gel des loyers et la baisse des prix de produits de base.

Le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, Yves Jégo, s'est de son côté déjà projeté dans l'après-crise en promettant un futur "plan de sauvetage de l'économie pour les Antilles", notamment en direction des PME.

L'accord de Pointe-à-Pitre n'avait cependant pas été signé par le Medef et sept autres organisations patronales, qui dénonçaient déjà "un climat d'intimidation et de violences".

Selon le préfet, l'accord "théoriquement" applicable au 1er mars, ne concerne en l'état "que 15 à 17.000 des 85.000 salariés" du privé. Et selon le Medef de Guadeloupe, à peine 3.500 salariés seraient visés par l'accord.

Le document prévoit que les salariés percevant jusqu'à 1,4 fois le Smic toucheront 200 euros d'augmentation: 100 versés par l'Etat pendant deux ans, 50 par les collectivités locales (conseils général et régional) et 50 par le patronat.

Le procureur de Guadeloupe a annoncé par ailleurs le placement en garde à vue de six personnes dans l'enquête sur la mort par balles du syndicaliste Jacques Bino, tué le 18 février près d'un barrage à Pointe-à-Pitre. Ils devraient être mis en examen samedi, selon une source proche du dossier.

A la Martinique, entrée dans la grève le 5 février, et qui avait basculé dans la violence depuis deux nuits, la situation semblait apaisée.

Les rues de Fort-de-France ont été particulièrement calmes après l'appel à ne pas sortir de chez soi après 19H00 lancé par le préfet Ange Mancini.

Le président du conseil général, Claude Lise (app-PS), espère "une issue favorable" samedi aux négociations sur les prix et les salaires.

Pour les salaires, a-t-il rapporté, "nous en sommes arrivés au maximum, à 247 euros". Le "Collectif du 5 février" en réclame 250.