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Homs toujours bombardée, Damas refuse l'envoi d'une force de maintien de la paix

Pour la neuvième journée consécutive, les forces de Bachar al-Assad bombardent la ville de Homs au lendemain du soutien apporté à l'opposition par la Ligue arabe. Le régime syrien a par ailleurs rejeté l'envoi d'une mission de paix internationale.

AFP - Le régime syrien a attaqué de nouveau lundi la ville rebelle de Homs dévastée par neuf jours de bombardements, après avoir rejeté un appel de la Ligue arabe à une force de paix commune avec l'ONU, une mission à laquelle la Russie, alliée de Damas, pose des conditions.

Divisée sur la Syrie, la communauté internationale a commencé à se pencher sur l'idée d'une mission de paix dans le pays déchiré par les violences: l'Union européenne a apporté son soutien à la proposition, tandis que la Russie a estimé qu'un cessez-le-feu préalable était nécessaire.

Mais inflexible, le régime syrien a refusé en bloc l'ensemble des décisions de la Ligue arabe et poursuivi lundi son offensive sur le terrain, avec le pilonnage de Homs où plus de 500 personnes ont été tuées en une dizaine de jours et qui connaît désormais une grave crise humanitaire.

La ville surnommée "la capitale de la révolution" souffre d'une pénurie de pain avec la plupart des boulangeries fermées selon les militants, le Croissant Rouge syrien annonçant qu'il distribuait de l'aide médicale et alimentaire à des milliers de gens touchés par les violences.

Face à cette crise, la Ligue arabe, qui avait déjà tenté de faire passer à l'ONU une résolution condamnant la répression --finalement bloquée par la Russie et la Chine-- a décidé de demander au Conseil de sécurité la formation d'une force conjointe et de fournir un soutien politique et matériel à l'opposition.

Le chef du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, Burhan Ghalioun, a déclaré sur Al-Jazira voir dans ces décisions "les premiers pas" vers la chute du régime.

Mais Damas a affirmé lundi que "ces décisions et autres n'empêcheront pas le gouvernement syrien d'assumer ses responsabilités dans la protection de ses citoyens et le rétablissement de la sécurité et de la stabilité", selon un responsable cité par l'agence officielle Sana, laissant entendre que son offensive allait se poursuivre dans les villes syriennes "rebelles".

"Les Arabes n'ont apporté rien de nouveau, à part leur appel à l'occupation de la Syrie par des troupes étrangères", note encore le journal al-Watan, proche du pouvoir.

Moscou, qui joue un rôle de poids dans la crise en soutenant M. Assad, a dit étudier la proposition, tout en jugeant qu'un cessez-le-feu est nécessaire au préalable, selon son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov. Pékin s'est gardé de se prononcer sur cette mission.

L'Union européenne a dit apporter son soutien et Londres entend de son côté "discuter de manière urgente" avec la Ligue arabe et ses partenaires internationaux de cette proposition, selon son ministre des Affaires étrangères, William Hague.

La Ligue arabe avait décidé également dimanche d'"ouvrir des canaux de communication avec l'opposition syrienne et de lui fournir toutes les formes de soutien politique et matériel" et appelé ses membres à rompre leurs relations diplomatiques avec Damas. Elle a mis également fin à la mission de ses observateurs en Syrie, dont le chef controversé, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, avait annoncé sa démission.

Sur le terrain, les forces syriennes ont repris depuis l'aube leur bombardement de Homs, avec des obus de mortier sur le quartier de Baba Amr, bastion rebelle, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Dans la ville de Rastane dans la province de Homs (centre), trois soldats de l'armée régulière ont été tués et leur blindé détruit après l'échec d'un assaut à l'aube à l'entrée sud de la ville et dans la province de Deraa (sud), berceau de la contestation, "quatre mères de déserteurs" ont été arrêtées.

Dimanche, les violences ont coûté la vie à plus de 30 personnes, en majorité des civils de Homs.

Les Comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent la contestation, ont indiqué que "toutes les boulangeries de la ville ont fermé leurs portes", à l'exception d'une seule, celle d'Al Malaab.

Arabes et Occidentaux doivent par ailleurs lancer cette semaine une nouvelle tentative pour faire condamner Damas, cette fois à l'Assemblée générale de l'ONU --un organe consultatif où le veto n'existe pas--, selon des diplomates.

Moscou et Pékin devraient une fois encore s'opposer à ce projet, préparé par l'Arabie saoudite et le Qatar, très similaire au texte bloqué par leur double veto au Conseil de sécurité le 4 février.

Face à cette mobilisation arabe et internationale, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mekdad, a assuré dimanche détenir des preuves que des "pays voisins", qu'il n'a pas nommés, soutenaient les "groupes terroristes armés".