Des dizaines de milliers de manifestants se sont massés autour du Parlement, ce dimanche à Athènes, pour protester contre la rigueur alors que les députés examinent un nouveau plan d’austérité proposé par le Premier ministre Lucas Papadémos.
REUTERS - Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés dimanche autour du Parlement grec et certains ont affronté la police à quelques heures du vote par les députés sur un projet de loi regroupant des mesures d’austérité aussi draconiennes qu’impopulaires exigées par l’Union européenne et le FMI en échange d’un nouveau plan de sauvetage.
Le Premier ministre grec Lucas Papadémos grec a mis en garde contre le « chaos économique » en cas de rejet, tandis que l’Allemagne a prévenu que la Grèce devait cesser d’être un « puits sans fond ».
Après trois jours de tensions et de menaces politiques, le Parlement a commencé peu après 14h00 (12h00 GMT) à examiner le projet de loi visant à économiser 3,3 milliards d’euros grâce notamment à une baisse des salaires, des retraites et des suppressions d’emplois publics.
Le vote doit intervenir avant minuit (22h00 GMT), a annoncé le ministre des Finances, Evangelos Venizelos, « parce que lundi matin, les marchés bancaires et financiers doivent avoir reçu le message que la Grèce peut et va survivre ».
« Si la loi n’est pas adoptée, le pays ira à la banqueroute », a prévenu le ministre lorsqu’un député communiste a jeté les pages du projet de loi sur le sol de l’Assemblée.
Une vingtaine de députés de la coalition de Lucas Papadémos ont menacé ces derniers jours de voter contre le texte et six membres du gouvernement ont présenté leur démission, mais le Premier ministre conserve théoriquement le soutien d’une large majorité.
Mais la population grecque n’entend pas accepter ces nouvelles mesures d’austérité sans rien dire.
"Le peuple grec se soulève"
Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans l’après-midi autour du Parlement pour faire pression sur les députés, la mobilisation la plus forte depuis des mois.
« Assez, c’est assez! », s’est exclamé Manolis Glezos, 89 ans, un vétéran de l’extrême-gauche.
« Ils n’ont aucune idée de ce que veut dire un soulèvement du peuple grec. Et le peuple grec, toutes idées politiques confondues, est en train de se soulever », a affirmé ce héros de la résistance aux Nazis pendant la Seconde guerre mondiale.
« Ces mesures d’annihilation ne passeront pas », a-t-il encore promis, la bouche couverte par un masque pour se protéger des gaz lacrymogènes tirés par la police pour dégager la place Syntagma, devant le Partlement.
Certains manifestants ont répliqué en jetant des pierres et des cocktails Molotov sur les policiers.
Au moins quatorze protestaires blessés ont été conduits à l’hôpital, selon la police, et une cinquantaine d’autres soignés sur place, la plupart pour suffocation. Au moins huit policiers ont également été blessés.
« Il y a du gaz lacrymogène jusqu’à l’intérieur de l’Assemblée », a déclaré un député, Panagiotis Lafazanis.
Le nouveau plan d’austérité est le prix à payer pour obtenir le déblocage d’un programme d’aide de 130 milliards d’euros de l’UE et du FMI - le deuxième depuis 2010.
La Grèce doit toucher cette somme avant le 20 mars pour pouvoir rembourser un emprunt d’Etat de 14,5 milliards d’euros.
"Puit sans fond"
L’Allemagne a fait monter la pression d’un cran dimanche en prévenant que l’Europe attendait des actes et non des mots.
« Les promesses de la Grèce ne sont plus suffisantes à nos yeux », a prévenu le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.
Evoquant le nouveau plan d’austérité sur lequel les députés grecs doivent se prononcer ce dimanche, le ministre souligne dans un entretien publié par le Welt am Sonntag que les précédents n’ont pas été mis en oeuvre dans leur intégralité.
Wolfgang Schäuble rappelle que les Allemands sont majoritairement favorables à une aide internationale en faveur de la Grèce. « Mais il est important de dire qu’elle ne peut être un puits sans fond. C’est pourquoi les Grecs vont finalement devoir obstruer ce puits. Alors, nous pourrons y mettre quelque chose. Au moins, les gens commencent maintenant à réaliser que cela ne marchera pas avec un puits sans fond.
« La Grèce doit faire ses devoirs pour devenir compétitive, que cela passe par un nouveau plan de sauvetage ou par une autre voie que nous ne souhaitons pas prendre (...) », poursuit-il évoquant une sortie de la zone euro.
Prié de dire si une telle issue est envisageable, Wolfang Schäuble répond: « Tout se trouve entre les mains des Grecs eux-mêmes. Mais, même dans cette éventualité, sur laquelle personne ne table, ils resteraient partie intégrante de l’Europe ».
« Nous sommes heureux d’apporter notre aide, mais nous ne devons pas donner à d’autres l’impression qu’ils n’ont pas fait suffisamment d’efforts. Chaque Etat est responsable de lui-même », explique-t-il.