La Ligue arabe, réunie ce dimanche au Caire, a décidé de mettre un terme à sa mission d'observation en Syrie et va demander au Conseil de sécurité d'adopter une résolution pour envoyer une force de maintien de la paix arabo-onusienne dans le pays.
AFP - La Ligue arabe va fournir un soutien politique et matériel à l'opposition syrienne et demander au Conseil de sécurité la formation d'une force conjointe ONU-Arabes pour mettre fin aux violences en Syrie, les militants dénonçant une grave crise humanitaire à Homs.
L'organisation panarabe va "ouvrir des canaux de communication avec l'opposition syrienne et lui fournir toutes les formes de soutien politique et matériel", d'après le communiqué final publié à l'issue d'une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères dimanche au Caire.
Dans le même temps, elle "met fin à la mission" de ses observateurs en Syrie, dont le chef controversé, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, avait annoncé quelques heures auparavant sa démission.
En revanche, la Ligue va "demander au Conseil de sécurité d'adopter une résolution pour la formation d'une force de maintien de la paix arabo-onusienne conjointe pour superviser l'application du cessez-le-feu", selon ce texte.
L'organisation panarabe appelle également ses membres à rompre leurs relations diplomatiques avec la Syrie.
Damas a, sans surprise, refusé "catégoriquement" ces décisions, après avoir, avant même le début des réunions, accusé les pays arabes d'être à la solde des puissances occidentales: "Il n'y aura probablement pas de surprise car les ordres ont déjà été transmis", a écrit le quotidien gouvernemental As-Saoura.
Sur le terrain, au moins 24 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dimanche, notamment à Homs (centre), a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Soumise à un pilonnage incessant depuis une dizaine de jours, la "capitale de la révolution", où plus de 500 personnes ont été tuées depuis le 4 février selon les militants, connaît désormais une crise alimentaire.
Les Comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent la contestation sur le terrain, ont indiqué que "toutes les boulangeries de la ville ont fermé leurs portes", à l'exception d'une seule, celle d'Al Malaab.
Une vidéo diffusée sur internet par des militants montre une foule rassemblée en plusieurs files devant cette boutique.
"A Homs, les volontaires du Croissant Rouge syrien (CRS) distribuent de la nourriture, des couvertures et de l'aide médicale à des milliers de gens touchés par la recrudescence des violences", affirme par ailleurs un communiqué commun du CRS et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Signe de la poursuite de l'offensive, "un convoi de plus de 30 chars et véhicules blindés de transport de troupes a été vu près de la ville de Nabk, dans la province de Damas, se dirigeant vers Homs", avait indiqué auparavant l'OSDH.
Après les veto russe et chinois à une résolution de l'ONU condamnant la répression, Tunis s'est proposé d'organiser le 24 février "une conférence des amis de la Syrie", une proposition lancée par Paris et Washington.
Sur le plan politique, la commission syrienne chargée d'élaborer la nouvelle Constitution a présenté au président Bachar al-Assad un projet qui doit être soumis à référendum début mars, a indiqué l'agence officielle Sana.
A Alep (nord), les autorités ont organisé les funérailles des victimes du double attentat de vendredi (28 morts et plus de 230 blessés), une attaque sans précédent dans la ville jusqu'alors relativement épargnée par les violences et désormais sous haute sécurité.
Le pouvoir a imputé ces attentats à des "gangs terroristes" soutenus par des pays étrangers et par l'opposition, tandis que cette dernière a accusé le régime de les avoir perpétrées "pour détourner l'attention" de sa répression à Homs.
Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mekdad, a ensuite assuré détenir des preuves que des pays voisins, qu'il n'a pas nommés, soutenaient ces "groupes terroristes", a rapporté l'agence officielle Sana.
"Certains pays voisins offrent un refuge aux groupes terroristes armés, les financent et leur offrent un soutien médiatique", a-t-il déclaré, dénonçant une "campagne de désinformation (...) hystérique" contre la Syrie.
Damas accuse des médias comme Al-Jazira, basée au Qatar, et la chaîne à capitaux saoudiens Al-Arabiya, d'inciter à la "discorde" en Syrie.
En Jordanie, les Frères musulmans ont appelé à mener le "jihad" (guerre sainte) contre le régime Assad, estimant qu'il s'agissait d'un "devoir islamique", quelques heures après que le chef d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri a demandé dans une vidéo aux musulmans de Turquie, de Jordanie et du Liban de soutenir la rébellion.